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Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias]

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Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias] Empty Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias]

Message par Admin Jeu 17 Sep - 9:42

D'un ultime geste, j'appose mon front et mes mains sur le tapis vermeille de ma roulotte. Quelques mantras en hindi vinrent conclure mes prières accompagnés du gong de mon bol tibétain. L'encens s’évapore en un dernier filet de fumée tandis que je me relève tenant dans ma main la bougie à la cire mangée d'au moins de bonnes heures et vint la poser sur ma table. Un souffle plus tard, et l'obscurité envahit la pièce. Je tire alors sur mes volets de tissu pour laisser filtrer les derniers rayons du jour, puis m'adonne à la préparation de mon repas.

Bientôt la marmite s'imprègne de couleurs et d'odeurs saisonnières et des volutes de vapeurs s’échappent de la fenêtre entrouverte de ma cambuse. Je n'ai pas d'horloge ou de montre chez moi, mais j'en déduis au dernier rayon filtrant par de là les arbres et à l'emprunte de l'air au dehors qu'un cadran m'afficherait les environs de vingt et une heure. Si ce n'est plus. Le temps se gonfle en des mesures toute particulière lorsque je me perds des heures durant dans une séance de méditation. Mais Monsieur Chat vint me sortir de mon état, miaulant au seuil de ma porte tandis que je verse mon riz dans une casserole d'eau bouillante. Peut être bien 22h finalement. Impatient, ses miaulements retentirent plus encore.

- J'arrive Tilio, deux minutes...!

J'appose un couvercle sur ma marmite et baisse mon feu laissant cuire ma tambouille du soir à l’étouffé, puis fit les quelques pas me séparant de ma porte d'entrée pour ouvrir au propriétaire félin.

- Veuillez me pardonner mon cher, je ne vous attendais pas si tard...

Lui dis-je alors qu'il se frotte contre ma jambe ronronnant à la vue de me voir, et surtout, de savoir son ventre bientôt plein. Je lui répondis d'un sourire et m’apprête à refermer la porte lorsqu'un bruit curieux retint mon attention venant du dehors. L'oreille dressée, je coulisse mon regard au travers les feuillages denses couverts d'un voile bleuté à très faible luminosité. La nuit tombe et je ne distingue bientôt plus que des masses bruissantes se mouvant au rythme du vent.

C'est Link qui détecta le premier l'inconnu planqué dans les bosquets, les jappements du chien signalèrent une menace, ou tout du moins, la présence d'un humain. Ce vieux braque à robe grise connait mes habitudes: j'accueille tout animal sur mon terrain sans distinction mais je n'ai pas cette même confiance envers l'homme. Je localise aussitôt la provenance de l'individu d’où se mêlent aboiement et râle d'une voix masculine. M’équipant alors de geta, d'un bâton de marche pouvant servir d'arme de défense en cas de nécessité, d'une couverture que j'enroulais autour de mes épaules, et d'une lampe torche, j'active le pas gardant pour ligne de mire mon potager. Je croise intérieurement les doigts espérant que les paluches de l’étranger n'aient pas écrabouillé un plant de tomates au cours de son infraction.

Une fois sur les lieux, je vis enfin l'homme et fis taire Link qui n'attendait qu'un signal de ma part pour sauter sur le mal venu. Je braque alors ma lumière sur le visage de ce dernier.

- Vous avez besoin d'aide peut être...?

Avachi dans la terre écrasant très certainement au passage une betterave ou deux collées à son pantalon, les mains pleines de bouquets de cannabis arrachés à la hâte et sans aucune méticulosité, le visage grimaçant sous le néon aveuglant de ma lampe, je distingue là l’œuvre d'un jeune junky improvisé voleur pour un soir. Avant qu'il ne bredouille trois mots de plus je le coupe net:

- ...C'était ironique. Relève toi avant que Link ne perde patience. Et dégage tes gambettes de mon potager, tu en as assez fait comme ça.

Le jeune homme se releva non sans peine, motivé par les crocs menaçant du braque, malingre, grand, anguleux, et jeune, sont les adjectifs qui me vinrent à l'esprit lorsqu'il m'apparut de toute sa hauteur. Il ne respire pas la fraicheur de vivre et témoigne tout d'un corps malade peu portée sur son bien être personnel, donc moins encore sur celui des autres.
Je lui pris des mains les bouquets arrachés et soupire d'un ton las:

- Tu aurais pris soin de venir me voir pour m'en demander directement, tu aurais préservé ton jean et ma confiance à ton égard... Peut être même serai-tu repartis avec ce que tu étais venu chercher, et surtout, tu aurais eu un cours de jardinage qui n'aurait pas été de trop pour ta gouverne...

Je ne masque pas la pointe de regret pulsant dans ma voix. Les végétaux ne sont que don, et l'homme avare, égoïste et cruel ne peut s’empêcher d'agir avec brutalité et irrespect pour eux. Je redresse la tête vers lui et le regard sévère lui laisse la parole:

- Quel est ton nom?
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Mathias Renton


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MessageSujet: Re: Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias] Dim 6 Sep - 15:23 Répondre en citant
On croirait pas, mais la terre, c'est confortable. Il fait frais dehors, les étoiles sont jolies et les feuilles sentent bon. Sérieux, t'y avais jamais pensé mais tu devrais mettre des plantes dans ton appart'. P't'être que ça plairait à Helmut et qu'il irait alors frotter ses moustaches et coller ses phéromones contre autre chose que tes jambes. Non, vraiment, tu devrais songer à acheter des plantes, vieux, ça mettrait un peu de couleur dans ton studio pourri.

Mais c'est pas vraiment l'moment de penser à la déco. Enfin, c'est surtout qu'il fait nuit, que t'as la tronche pleine de terreau et que t'as sûrement tué quelques pauvres racines qui t'ont absolument rien fait. Merde. Les pauvres. « … Désolé, les gosses. Bon voyage. » Et silencieusement, tu espères pour elles qu’elles s’en sortent avec un ticket pour le paradis. Sinon, tu t’en voudrais. Mais au bout de trente secondes, le temps qu’il te faut pour décoller tes fesses de la terre humide, t’as déjà oublié la question du destin de ces pauvres plantes. Et tu sais plus non plus c’qui t’a pris. Sérieusement, qui sort de chez lui à dix heures du soir pour voler des têtes de canna ? Non, vraiment, qu’est-ce que toi tu fous là ? Y a pas trop de réponse. Tout c’que tu peux conclure, cependant, c’est que t’es dans la merde. Et que, accessoirement, t’es vraiment un con, putain.

Le potager et ses plantes n’avaient qu’à pas venir chatouiller ton nez comme ça, aussi. Ca sent bon, et c’est probablement ça qui t’a poussé, grand couillon, à aller choper un joli bouquet à l’odeur charmante. Mais ça paraît normal, tu sais, y a des plantes sous ton pif donc tu te sers. C’est aussi facile que ça. Si t’as faim, tu manges. Si t’as envie de fumer un pétard, tu te procures de quoi le faire. Aucune inhibition, aucune pression. Tu mériterais des tartes à la louche, putain. Mais pour le moment, joue le grand garçon et tiens-toi droit sur tes gambettes. Tiens, il a l’air sympa le chien, et la dame aussi. Il est p’t’être temps de se demander si en fait, toute cette histoire, c’est pas juste que t’as piqué du nez sur le canapé et inventé toutes ces péripéties dans ta tête. Mais en tous cas la nuit est fraîche, et ça, ça te plait.

« Tu aurais pris... demander directement. Ton jean, c'est ma confiance, mon regard. Peut-être... chercher. Le jardinage nous gouverne. »


Et merde. C’est vraiment pas un rêve. Tu te frottes le front, les bras, les fesses et t’avances vers la dame qui t’engueule avec gentillesse, faisant de ton mieux pour ne pas écraser les plantes et trébucher sur les racines. Et t’essaies de te concentrer sur ce qu’elle te raconte. Tout c’que tu en retiens c’est que sa voix est douce, qu’il y a un truc bienveillant qui se dégage d’ici – à moins que ça soit le goudron qui se balade dans tes veines – et que tu préfères quand même regarder les étoiles parce que là, au moins, il n’y a rien à comprendre. Alors tu lèves le nez au ciel, cherchant peut-être une réponse dans les paillettes qui jouent à cache-cache avec les nuages. Mais autant que je sache, tu as toujours les semelles collées au sol, et c’est pas maintenant que tu vas pouvoir pleurer dans les bras du ciel en espérant avoir un indice sur le sens de la vie. Alors tu baisses la tête et tends la main serrant le bouquet à la mamie magique. « Tenez, merci mais je vous le rends. »

Et tu vois que dalle, bordel. « J’crois que je suis pas chez moi, ici. » Et t’as envie de dormir. Tu te demandes même si tu t’allongerais pas ici, sur le matelas de terre qui s’étale sous tes chaussures et plus loin encore, histoire de piquer un somme et de délier l’histoire au petit matin. Mais tu tiens le coup. Ca te gratte de partout, t’as un peu la gerbe et cette envie de pioncer ne te quitte pas. T’y es peut-être allé trop fort, mais il est probablement trop tard pour oser en avoir quelque chose à faire. Et puis ça t’arrange de n’en avoir rien à foutre, à c’que tu peux bien imposer à ton corps. Et tu tiens à peine droit, Ducon, si tu te voyais, tu te cracherais probablement à la gueule. N’importe qui trouverait ça kiffant de te baffer pour tes conneries.

Non, t’es vraiment pas chez toi, et tu ne prends même pas le temps de te demander si tu devrais juste déguerpir au plus vite, ou bien faire connaissance avec la dame. Tu choisis la deuxième option, plus ou moins. Maintenant que tu lu as rendu ton bouquet, tu peux gratter tes ongles sur tes bras, dans ton cou, dans ton dos.

« Mon jean était déjà pourri. Et moi non plus j’ai pas confiance. » Digne d’un grand sage, hein ? Tu racontes que des conneries, Mat’. Et on te demande ton nom. Alors tu la remercies. « Merci beaucoup. Vous pensez que vous pouvez me préparer un thé ? » Décidément, le potager sent vraiment bon. Tu sens tes mains. Elles aussi sentent bon. « Mat’. » Tu n’y réfléchis même pas et tu vas à la rencontre du chien qui a pas l’air archi rassuré. « Salut, mec. » C’est peut-être pas un mec, mais c’est pas grave, c’est c’qu’il t’inspire alors c’est à ça que tu t’arrêtes. Et y a un chat timide qui s’avance. « Salut. » C’est qu’ils ont l’air sympa, ici. « C’est votre famille ? »

Ta voix est douce, un peu rêveuse, même p’t’être un peu accrochée aux étoiles, et pas une once de regret ne vient titiller ta conscience. T’aurais juste probablement pas dû sortir de chez toi, mais Helmut n’a pas su te retenir. Peut-être que s’il y avait eu une plante, tu serais resté pour t’en occuper, puis tu te serais endormi comme un gosse sur le canapé. Et t’aurais pas bousillé la nuit d’une mamie magique. T’y réfléchis un peu et tu baisses les yeux. C’est con, tu peux même pas faire semblant d’inspecter le sol parce que tu n’le vois même pas. Tu mets tes mains dans tes poches, t'es un peu gêné finalement, et si ça ne risquait pas de trahir toute ta pseudo-contenance, tu t'en serais bien bouffé les doigts. T’aurais pas dû enchaîner les taquets, t’y penses. Mais entre ce que tu n’aurais pas dû faire et ce qui tu as finalement fait, y a bien trois mondes.

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MessageSujet: Re: Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias] Dim 6 Sep - 18:10 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
Dans son état, je me demande si cela vaut la peine d'user de paroles. Il vacille plus qu'il ne marche, la fatigue se lie sous ses yeux et ses phrases donnent l'impression d'être jetées au hasard, inspirées par une sorte d'euphorie primaire et d'hébétude légère pour ce qui l'entoure. Ce garçon est tout bonnement inoffensif. J'estompe ma vigilance et observe l’énergumène maintenant debout, tentant vainement de maintenir les apparences, un fond de dignité à toute épreuve. Alors que Mat' m'interroge sur Tilio et Link, j'appose avec douceur et sérieux une main sur son front et l'autre à l'arrière de son crane pour éviter toute perte d'équilibre, notant sa température corporelle, puis lui réponds:

- Ce sont des amis.

Je lui souris déposant mes pupilles dans les siennes. Tandis qu'il me parle, je le scrute sous toutes les coutures, ses yeux somnolents et ses tics corporels me confirment l’évidence: notre bon vieux Mat' est sous l'emprise d'héroïne. Je laisse échapper un soupir relâchant ma loupiote puis l’étudia un instant réfléchissant aux différentes options se présentant à moi. Hors de question de laisser ce bougre repartir dans cet état, les chances pour qu'il connaisse le même sort qu'un chat de gouttière sur deux était trop grand.

- Suis moi.

Je lui lègue alors mon bâton de marche car de toute évidence, il en avait bien plus besoin que moi, et jette un regard en direction de Link l'intimant de le garder à l’œil. Enjambant les hautes herbes, nous arrivons à hauteur de la roulotte, et je commence à installer chaise et table à l’extérieur de ma cahute. Sans un mot, je l'installe à une chaise et dépose un saut à son coté, puis arrange l'éclairage extérieur.

- Ne t'avise pas d'entrer à l’intérieur, si tu as besoin de quelque chose, tu me demandes.

Je rentre chez moi et retourne à ma cuisine, juger de sa cuisson, une légère odeur de brulée picote mes narines tandis que j’égoutte le riz trop spongieux. Quelques minutes passent avant que je ne ressorte munie d'un plateau comprenant une théière, deux tasses et un bol de nourriture. Je dépose le tout et cale entre mes mains le bol pour me réchauffer, craquant alors mes baguettes, je plonge ces dernières et entame mon repas. Trois bouchées plus tard, j'annonce à mon voisin de table:

- Sers nous avant qu'il n'infuse de trop. Je poursuis mon repas et finis par reprendre calmement. Comment es tu arrivé jusqu'ici? Les jeunes de ton âge vivent dans la ville, il n'y a rien d’intéressant pour toi du coté des quartiers portuaires. A moins que ce soit l'odeur de mes plantations qui t'aient amené jusqu'ici?
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Mathias Renton


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MessageSujet: Re: Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias] Dim 6 Sep - 22:04 Répondre en citant
Il fait chaud, mais c’est pas ce genre de chaleur qui fait transpirer et donne envie de s’arracher la peau. C’est celle qui t’enveloppe dans un voile de douceur et ne te laisse derrière elle qu’une très mince option de fuite. La chaleur qui, quand elle t’attrape, ne t’autorise même pas à penser à la fuite puisque celle-ci serait absurde. Elle comme la chaleur d’une maman, celle que tu ne fuirais pour rien au monde quand tu en as besoin plus que de n’importe quoi. C’est un cocon chaud plus doux qu’un couffin, plus tendre que la berceuse qui se glisse à ton oreille. Elle te prend dans ses bras, t’embrasse le front et te promet que tout va bien. Et la question ne se pose même pas, bien-sûr que tout va bien, tu lévites subtilement, flottant à quelques millimètres au-dessus de la réalité, plongé dans un abstrait qui la rend plus floue, plus nette, plus lointaine et plus facile à comprendre. La réalité n’a jamais été aussi loin et rassurante à la fois, jamais aussi proche et unie ave celle-même. Alors tu laisses la mamie magique tester la texture de ton front, ou tu sais pas trop ce qu’elle fait, mais tu l’y autorises. T’façons, tu lui dois bien ça, et probablement bien plus.

Et comme elle te propose de la suivre, tu te dis qu’elle a accepté pour le thé. Ou qu’elle va te tabasser la gueule et te ligoter dans la cave de sa roulotte magique ? Ton cœur rate un battement sur le coup, mais il se remet vite à battre au ralenti. T’es trop à côté de la plaque pour te méfier de ce genre de choses. Et comme elle te file un truc, c’est à ça que tu préfères t’y intéresser. Tu te demandes pourquoi elle te donne une branche, alors tu l’observes, y a p’t’être des trucs cachés dedans. Tu continues à le faire rouler entre tes mains quand vous arrivez près de la roulotte, et une fois arrêté, il t’apparaît un peu plus clairement que t’étais censé t’en servir pour t’aider à marcher, mais la béatitude flottant sur ta tronche t’a dissuadé d’avoir des pensées à peu près logiques. Alors comme tu n’en a pas eu besoin, tu le lui rends, tentant de rendre crédible ta politesse hésitante. Espérant que la madame se contente de ton remerciement, tu poses le bâton contre sa roulotte avant de l’entendre te défendre d’y entrer. Tu acquiesces alors.

Quelques pas en arrière plus tard, tu t’assois sur la chaise, inspectes vaguement le seau posé à côté sans te poser de question sur son utilité et les alentours, comme tu peux avec tes yeux plongés dans le noir. Tu essaies de retrouver les deux potes de mamie du potager, tends le menton autour de toi histoire de te demander si tu les as fait fuir ou pas, et conclus tristement que oui. Ils ont dû la suivre. Complètement paumé, tu te dis que regarder l’heure qu’il est t’aiderait probablement à te rappeler de là où t’habites. Le portable indique 22h37, 8 messages et 3 appels manqués.

19h12 : super, on se rejoint à 21h

20h34 : finalement je traînasse en ville, tu peux être là plus tôt ?

20h41 : bon, j’suis au bar, j’attends que tu te réveilles

21h19 : mat, te fous pas te moi, réveille-toi ça fait vingt minutes

21h23 : j’te signale que j’ai descendu une bière sans toi, grouille-toi

21h40 : j’abandonne, j’appelle les autres

21h56 : tu te plaindras pas si tu les aimes pas, fallait être là à l’heure

22h30 : j’suis désolé de t’avouer que t’as raté une bonne soirée, mec, c’est pas dans mes pattes que tu viendras chialer


Et merde. Et autant merde que tant pis. Tu t’enfonces un peu plus dans la chaise et commences à piquer du nez, ce dernier tendu vers les étoiles. Tu ne penses alors plus à ta gueule de déterré, ni aux animaux qui vivent dans le jardin, ni aux têtes de canna que tu n’as pas pu mettre dans ta poche, ni au chemin pour rentrer chez toi, ni à la nausée qui tente de faire la belle devant ton état cotonneux, ni à la tasse de thé dont t’as grandement besoin.

Les yeux fermés et le nez dans le ciel, tu constates alors qu’ils sont marrants, ces lapins qui courent dans les champs au rythme du carillon qui sonne de l’autre côté de la forêt. T’aimerais bien t’avancer mais tu peux pas, t’es trop bien assis en tailleurs sur ton tapis pour daigner bouger le moindre poil de cul. D’ailleurs, le tapis est peut-être un fauteuil, mais tu sais pas trop, parce que finalement t’es probablement simplement installé sur un canapé au milieu d’un champ, et les lapins sont juste des chats qui courent par-là, avec des espadrilles au bout des pattes et une odeur de jasmin qui s’émane de leurs poils. Parce que, t’sais, un lapin qui miaule, c’est pas que je suis pas tolérant, mais c’est pas archi répandu. Tellement pas répandu que ça te fait sursauter, ouvrir soudainement les yeux et froncer les sourcils. Que dalle les lapins, que dalle le canap’, que dalle le champ. Putain, tes rêves sont sacrément débiles. Alors comme pour te rassurer que t’es bien revenu dans la réalité, tu poses les yeux sur le service à thé qui se présente devant toi, te demandes comment il est arrivé ici et finis par te dire que c’est l’inconnue qui te l’a apporté. Et suivant ses conseils, tu t’affaires à servir deux demi-tasses de thé, commençant par la sienne, avec minutie avant de reposer la théière sur le plateau.

Et merde, elle te pose une question à laquelle tu n’as pas la moindre idée de réponse. Sérieusement, qu’est-ce que tu fous près des quartiers portuaires ? On est près des quartiers portuaires ? T’aimerais bien te demander c’que c’est ce bordel, mais là non plus tu n’as pas de réponse, alors t’oublies bien vite cette question frustrante, tentant vaguement de réfléchir aux minutes et heures qui précèdent ta chute dans la terre. La tonne de messages sur ton portable t’indique plus ou moins que t’étais censé rejoindre machin au bar y a presque deux heures et que visiblement, t’avais pas super envie, sinon tu te serais probablement pas retrouvé dans cet état, Ducon. Alors t’as sûrement grimpé dans le premier bus qui est passé devant ton nez de paumé, attendu que ça fasse bip pour descendre à l’arrêt qui te semblait le plus intéressant, et traîner des pieds dans le noir une fois sorti. La béatitude qui t’a traînée jusqu’ici n’y est clairement pas pour rien, mais p’t’être qu’au fond tu la remercies de t’avoir dissuadé de rejoindre ton pote au bar. T’as déjà pas d’excuse, t’auras plus qu’à t’en trouver une.

« Je me suis trompé de chemin. »

Constatant que ces trois quatre pauvres mots alignés au pif ne sont probablement pas suffisants pour constituer une réponse ni une excuse intéressante, tu te remets à te creuser la tête. Pas contre ton gré, parce que franchement, toi aussi t’aimerais bien savoir c’que tu peux bien foutre ici. Et la suite est soit triste, soit à crever de rire, soit à te foutre quelques baffes en travers de la gueule.

« Je crois que j’étais un peu fatigué. »

Et que t’as piqué du zen en marchant, comme à chaque fois que tu t’envoies des taquets de c’te façon parce que pauvre enfant, t’es trop mal pour accepter d’affronter la réalité qui te pète en pleine tronche. On sait pas trop si on doit te plaindre ou se foutre de ta gueule, tu vois. On sait pas trop si tu dois te mettre un coup de pied au cul ou si c’est le rôle des autres, de faire ça. Toujours est-il que tu ne cesses de te foutre dans la merde et ce, de plus en plus. Ca t’fait tiquer, de penser à ça, de te dire que tu clamseras peut-être seul entre deux chaises, un beau jour de merde, dans ton studio pitoyable, noyé dans tes habitudes pitoyables, avec une vie pitoyable. T’aimes pas ça, Mat’, et le seul truc qui pourrait te faire oublier ça, c’est un taquet de plus. Peut-être que tu te mettrais à chialer si t’en avais la force.

« … Bon. J’étais trop défoncé pour comprendre ce qui m’arrivait. Vous auriez mieux fait de me foutre dehors. »

Eh, mais c’est bien ça, mon gaillard. C’est p’t’être son aura rassurante qui te fait cracher ces mots. Ou le fait que tu sois persuadé qu’une fois que tu seras sortir de cet oasis magique, tu ne reverras plus jamais la mamie. Sur ces pensées pleines de philosophie, tu entames ta tasse, constatant à la première gorgée que le thé a suffisamment refroidi pour que tu puisses le boire sans brûler tous tes tissus intérieurs.
Ne te demandant même pas ce qu’elle pense de toi, tu te dis que tu devras toi-même te casser d’ici après le thé. Il vaut mieux que tu rentres chez toi, sérieux, personne n’a envie de récupérer un gars comme toi chez lui, c’est trop pourri comme soirée. On a toujours des trucs plus intéressants à faire que de ramasser un gars qui n’a qu'une moitié de pied sur terre et de tenter de communiquer avec lui. Non, d’habitude, ça s’passe pas comme ça. T’as pas envie de croire que t’as de vagues airs de ce genre de gars pseudo-héros de film sur la jeunesse à moitié crevée des années 70, qui traîne sous les ponts avec un élastique autour du bras. Enfin, vite fait, mais putain, t’espères de tout ton être que la dame ne t’apparente pas à ce genre de conneries.

Et t’as honte, putain, tu te latterais bien la tronche avec le premier truc que tu trouves. Mais peu importe. T’essaierais de pas recommencer demain, même si ça apparaît comme une tâche terriblement angoissante. Mais comme t’es pas d’humeur à être angoissé pour le moment, tu laisses de côté les prévisions et t’intéresses plutôt à la bonne femme. Et tu y songes vaguement, mais tu te demandes quand même comment on peut être aussi adorable. Mais tu veux pas qu’elle gâche l’amour qu’elle a à revendre pour un con de ta trempe, alors le thé fini, tu te lèves et observes le chat qui passe par là.

« Je suis pas vraiment sûr d’avoir besoin d’herbe. Je sais même pas comment j’en suis arrivé à mettre mes pieds ici. »

Mais tu ne lâcheras pas plus de mots que ça, ceux-ci t’arrachent déjà suffisamment la gueule quand tu les prononces, alors t’oses même pas songer à en raconter plus. Et puis la bonne femme t’inspire trop confiance, tu le sens, parce que c’n’est pas le genre de personne dont la présence est angoissante. Tu vois, y a des gens qui t’épuisent, qui bouffent toute ton énergie sans même le faire exprès, ou qui te donnent envie de leur envoyer deux-trois tatanes sur le nez histoire de faire taire leur présence une bonne fois pour toutes. Y a ceux qui te rendent indifférents, qui sont trop effacés pour que tu les remarques en tant que personnes, alors tu les vois plutôt comme des ombres éphémères cachées derrière une enveloppe corporelle un peu superficielle. Mais elle, elle t’en donne, de l’énergie, et c’est trop doux pour que tu puisses te forcer à l’ignorer. Elle t’incite à poser tes problèmes à côté et autoriser tes émotions à pointer le bout de leur nez, peu importe à quel point tu as su les repousser jusqu’à maintenant. Elle a un truc qui t’oblige à être toi-même et ça, pauvre princesse, ça te fait flipper. Tu veux pas qu’on perce ta carapace, mais là, t’as du mal à t’en re-fabriquer une.

Mais tout ça, c’est pas comme si tu t’en rendais compte. Alors tu te ressers une tasse de thé, et une pour la mamie si elle a déjà fini la sienne.

« Comment on retourne dans le centre-ville, depuis ici ? »

Non, parce qu’il est hors de question de tu laisses ta sale tronche passer la nuit ici.

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Dernière édition par Mathias Renton le Dim 13 Sep - 23:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le voleur, la vieille, et la botanique. [Feat Mathias] Dim 13 Sep - 22:35 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
Tandis que je l'écoute chercher à grand-peine l'origine de son errance dans ces quartiers reculés, je lis sur son visage un désespoir couvé sous un masque d’indifférence. Le désœuvrement de ce jeune homme me touche car elle est le résultat d'un chemin de vie difficile ou d'un mal être profond. Aussi je comprends dans ses paroles, des regrets similaires à des mots d'excuses, tout du moins c'est ainsi que je l'interprète du peu que je perçois de son caractère. "C'est un bon garçon" me dis-je alors. Il me rappelle Hisako, mon petit dernier, sa fierté pour étendard, comme bouclier face au moindre désagréments de l'existence, ils ont aussi en commun les mêmes difficultés à s'ouvrir et faire confiance en l'autre. Il est précipité d'esquisser un portrait de lui aussi vite mais les dires à venir renforcèrent mon analyse. Je ne peux m’empêcher d'être attendrie malgré moi, par cet adorable idiot, loin encore d'être affranchi des promesses imaginaires que lui proposaient la drogue.

Mon bol terminé, je trempe alors mes lèvres dans l'eau chaude et en bu quelques lampées. J'hoche imperceptiblement la tête lorsque je le vois enfin en faire de même après de longues minutes silencieuses. cette dernière comporte quelques herbes dont les bienfaits temporiseront succinctement les effets secondaires qui l’attendront au petit matin.
Je le laisse poursuivre un moment sans chercher à l'interrompre car Mat' est de ces hommes qui ont besoin d'espace et de temps pour dénouer leur langue. Une oreille patiente, je finis bientôt par entendre bien plus que des regrets mais cette situation dont l'inconfort pour lui m'est perceptible au point de le ressentir à mon tour me contraint alors à lui répondre:

- Si tes pieds t'ont menés ici, c'est qu'ici ils voulaient que tu sois. Tu n'as nul part où aller, je serai vexée si tu t'en allais comme un voleur. Et il semblerait qu'au final, tu n'en sois pas un, je me trompe? Ou plutôt l’expérience de ce soir t'auras permis d'en avoir le cœur net.

Bien sûr, il n'en était rien. Son départ ne m'aurait en rien vexée si ce n'est inquiété comme l'aurait été une mère voyant son enfant reprendre la route ivre au plein milieu de la nuit. Mais j’espérais ainsi le convaincre de rester pour minimiser la casse de son côté en misant sur sa culpabilité à mon égard.

- Demain, nous irons voir l'état du potager, et s'il y a trop à faire, tu pourras m'aider.

Là encore, j'usais juste assez de mon autorité tout en lui laissant le choix. J'ai le cœur bon mais en aucune mesure en forme de bonne poire.

- ...Ou si tu préfères, tu pourras t'occuper d’assécher l'herbe, elle est coupée, autant finir de la préparer. Je te montrerai comment et j'insiste, tu pourras repartir avec. J'en ai assez pour moi seule et j'imagine que tôt ou tard, tu pourrais céder à l'envie d'en acheter ou d'en faire profiter tes amis, non...? A ce moment là, je préfèrerais te savoir en train de fumer la mienne que celle d'un trafiquant gagnant sa vie grâce aux souffrances des autres... Et ça te laissera un souvenir de moi.

Sa tasse a fini par se vider, et j'esquisse un sourire ponctuant la fin de ma phrase. Prenant ma théière, je la soulève et lui propose d'un geste du poignet une nouvelle tournée, après quoi j'ajoute:

- Je te montrerai le chemin demain, après que tu te sois reposé, on est d'accord?

A ses mots, j'incline la tête et repose le contenant vide sur le plateau puis lui demande sans une pointe de jugement dans la voix:

- Réprimande moi si je me montre trop indiscrète mais j'imagine que d'ici demain, nous ne nous reverrons plus, sauf si tu en décides autrement alors... Autant rester sincère... Pourquoi as-tu commencé...?

Il me semble inutile de préciser de quoi je parle: de la drogue bien entendu. Il le sait tout autant que moi.
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