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"The Anartist' Brothers" (ACT I)

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"The Anartist' Brothers" (ACT I) Empty "The Anartist' Brothers" (ACT I)

Message par Admin Jeu 17 Sep - 10:54


Huit heure. Joshua se devait d’être dans les clous car c’était lui le pilote aujourd’hui. Et aujourd’hui était un grand jour. Le festival « Be Street » réunissant des graffeurs de tout horizon se déroulait à quelques bornes de sa ville. Une occasion en or pour lancer la nouvelle collaboration avec son pote Nathaniel. « The Anartist’ Brothers » avait trimé des heures durant crachant des mots et de la peinture fluo, peignant des murs cradingues à s’en faire ankyloser la main et tordre les mots s’en rouillant parfois la voix. L’équipe était fin prête. Ils s’étaient acharnés brulant d’envie que leur projet existe, vive, et que le public soit au rendez-vous pour qu’ils puissent continuer. Joshua en était allé jusqu’à refuser certains contrats pour se concentrer uniquement sur ça. Alors autant dire qu’à huit heure, tout le monde avait intérêt à manier son cul, et vite.

La voiture était pleine. Du voyage, il y avait, bien entendu Nathaniel, mais aussi Abbey, la sœur de Josh’, et Sagitta, une amie de Nath’ dont Joshua avait déjà entendu parler. La taule à quatre roues qui servait de voiture au jeune Sullivan était pleine à craquer, le matos et les quatre personnes entassées dedans s’accompagnaient du bruit du pot d’échappement explosé qui promettait un capharnaüm assourdissant tout le long du trajet.
« Pas eu l’temps de m’en occuper, pis ça roule quand même, alors… » avait rétorqué Joshua lorsque ses passagers le lui firent remarquer. Les présentations avaient été brèves, l’équipe, apparemment peu matinal, semblait encore nébuleuse de la nuit. C’est donc les bouches pâteuses et la musique bloquée sur une compilation de "Gorillaz" que notre équipe de choc partait en vadrouille.

Si échanges il y avait eu, Joshua ne s’en aperçu qu’au bout d’une heure de trajet. Peu apte à la conversation de si bon matin - doux euphémisme – il ne délia la langue que lorsqu’il se sentit prêt à côtoyer le genre humain sans une once d’agressivité. D’autant que le bruit du moteur et la musique couvrante, ne permettait pas toujours d’entendre la conversation s’écoulant à l’arrière, entre les deux jeunes filles. Le jeune homme se réveilla lorsqu’il se mit à parler du groupe de musique qui passait alors dans ses enceintes, expliquant, à qui voulait bien l’entendre, à quel point le principe même était cool: le créateur du dit groupe gérait ses musiciens tel un scénariste gèrerait ses acteurs, il les sélectionnait selon ses envies, et les guidaient au feeling sur leur manière de poser leurs voix. Là où Joshua s’emballa le plus, fut lorsqu’il parla des clips de "Gorillaz" : un groupe complètement fictif animé par le dessinateur de « Tank Girl ».

« …Tank Girl, tu connais pas Tank Girl mec ? S’étonna Joshua en s’adressant à Nathaniel. La nana la plus tarée de l’histoire de la BD, elle est punk, a un tank, un kangourou mutant avec qui, au passage, elle s’envoie en l’air, une batte de base ball et est plus impolitiquement correct que trois Kezeyencko réunis. C’est le fantasme de bien des mecs. Moi l’premier! Tiens écoute celle-là…»

Joshua chercha une piste sur son Mp5 et balança la sauce.


_________________
Merci Kato Iga pour ce génialissime dessin. Tu sais que je t'aime beau frère?

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victorledelfin
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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mar 20 Mai - 2:09 Répondre en citant
Le grand jour, mon Nath’, le putain de jour tremplin que t’attendais avec impatience depuis une petite dizaine de jours, et me voilà dans un état comme si deux siècles s’étaient écoulés, comprimés en quelques dizaines d’heures ; maintenant, fallait relâcher toute la pression, j’étais gonflé à bloc, tel un ballon de baudruche qu’on avait rempli d’énergie. Et comme le ballon d’énergie qui était prêt à craquer, j’étais tendu et plein. Plein d’un quelque chose qui m’emplissait les muscles jusqu’à les rendre lourds, m’emplissait la caboche jusqu’à ce qu’elle devienne pesante, m’emplissait les réflexions jusqu’à ce que j’ai du mal à penser. Ce n’était plus de la force centrifuge qui me tourbillonnait au niveau du nombril comme d’habitude, mais c’était la même énergie, immobilisée par sa trop grande quantité et mon enveloppe charnelle si horriblement limitée. Si quelqu’un me perçait la peau avec une aiguille, j’allais exploser en balançant deux ou trois séries d’ondes de choc. Le monde autour de moi me semblait lent tant j’étais concentré dessus, et le paysage qui défilait par la voiture de Josh n’était rien d’autre qu’un tas de clichés horizontal.

Je m’appelais Nath’, peut-être que dans quelques heures, je poserais la première brique de l’aventure artistique la plus ambitieuse de ma vie, avec Josh à mes côtés, une foutue brique bien dégueu, pleine de ciment prêt à se durcir, sur laquelle il y avait marqué « The Anartist’s Brothers ». M’en foutais, je crois que y avait bien une couille dans le nom, mais l’anglais et moi, on était genre encore plus éloigné l’un de l’autre que le Japon de l’Angleterre. J’étais pris d’excitation, mais je ne stressais pas ; il était coincé dans le trop-plein de truc qui étouffait dans mon corps, tout comme ma fatigue. J’avais passé une nuit blanche, une partie dans le lit avec Rena pour ne pas me retrouver condamné par l’Incontestable pour manquement à mes devoirs de chienchien, mais essentiellement debout, ressassant tout l’entraînement final de Josh et de moi afin d’aller encore plus loin dans domaines artistiques tout simplement en servant de colonne au pont de l’autre : ses dessins m‘inspiraient et je devais y mettre un mot, et à chacune de mes phrases, il devait la colorier le plus justement possible. En plus de mieux comprendre l’art de l’autre, de nos journées de travail acharnées à en baver dans le sommeil, à s’en épuiser physiquement comme si on avait couru le marathon, naquit une nouvelle forme de sensibilité, sibylline pour Josh, visuelle pour moi. Cependant, j’étais en pleine forme, dans cette caisse, à l’avant, je pétais le feu, la durite, ce que vous voulez, j’étais présent comme il fallait. Pas stressé, pas anxieux, pas de cerne, pas affolé, juste prêt. Prêt jusqu’à la moindre fibre de mon être et jusqu’à la moindre cellule grise de mon cerveau. Je maintenais toute mon excitation sous pression, qu’elle se transforme en carburant à réactivité lors du moment venu.

En attendant, je souriais comme un débile, le paysage qui passait, dans le véhicule immonde Josh, l’anar-mobile, qui ressemblait à une caisse à savon avec un toit, un bout de ferraille qui marchait au poivron et quatre roues. Le genre de véhicule pourri avec le volant en option. Josh avait perdu à un pari, à un loto (ticket perdant) ou peut-être que je savais pas, mais j’aurais pu faire mieux avec cinq bouteilles d’eau et un casque de MP3 alors que je saurais pas construire le premier étage d’un château de cartes dans un environnement neutre et un paquet de colle pour m’aider. Je lui en avais fait un commentaire, mais bon, il le savait, que sa bagnole aurait mieux convenu à un vieux du siècle précédent, et il l’aurait trouvé trop lente encore.

Joshua, que la matinée rendait bougon comme une vieille chaussette haineuse, se réveilla seulement pour nous faire l‘apologie d’un sujet passionné. Pas besoin de plus, c’était comme une douche froide. Tandis qu’il parlait comme pour rattraper son retard, il fit passer Gorillaz dans la bagnole et me fit un sermon comme quoi je connaissais pas Tank Girl, la meilleure nana jamais imaginée. Je sortis mon joint de la gueule et fis s’échapper la fumée par la fenêtre en état de décomposition :

« Mec, j’ai pas beaucoup de culture dans les BD, même les livres. J’ai pas été élevé entouré d’étagères. Mais j’y jetterai un œil un de ces quatre, dès qu’on sera célèbres. »

Le seul point noir à l’affaire, c’était mon récent mariage avec une avocate lèvres et cul serrés. Genre, cinq jours avant aujourd’hui, me voilà avec une nana dont je voulais rien connaître et qui me pétait les couilles. Le genre vieille fille, ouais, elle me toucherait pas jusqu’à ce qu’elle y soit obligée et me demanderait certainement que je l’assomme pour faire passer le tout. Big Deal, Nath, t’es tombé sur ton gros lot perso, la punition pour oser croire que forcer les gens à se foutre en cloque les uns les autres sans se connaître était une bonne idée. Je vous en foutrais de la meuf, plus vite le gouvernement serait tombé et plus vite je pourrais me débarrasser d’elle. Heureusement qu’elle me faisait pas croire qu’elle était contente de son sort, je l’aurais défenestrée d’un coup de boule. Ces mauvaises pensées me firent bifurquer du sujet, et je m’adressais aux filles derrière moi en plus du conducteur :

« Bon, écoutez, j’ai une question conne à vous poser. Me prenez pas pour un barbare, surtout les demoiselles derrière. Pour l’Incontestable, ça veut dire quoi faire l’amour ? » J’explicitai ma pensée en me retournant vers les deux femmes histoire qu’elles m’entendent bien : « Abby, je sais pas si le grand con d’Josh te l’a déjà dit, mais je viens de me marier et ma femme me correspond comme un lampadaire correspond à une boîte de pizza, et évidemment, elle redoute déjà le froissage de drap. J’ai pas non plus envie de la violer, donc j’aimerais savoir à partir de quand on peut dire qu’on a fait l’amour. » Je m’arrêtai pas, j’étais cash, j’avais l’idée en tête et je la sortais : « Est-ce qu’on peut se préparer chacun dans son coin, genre, quelques coups de poignet tranquillou devant un porno, puis dès que je sens que la béarnaise monte, je conclus tout simplement dans la dame, et ça te fait le devoir conjugal le plus court au monde, validé par les deux pouces de l’Incontestable ? »

Vous saviez, je savais que j’étais une brutasse en puissance, un type qui fonçait dans le tas, qui frappait sans prévenir et cherchai un peu de chaos dans cette société nippone, mais même à cet instant, je sentais que la subtilité m’avait totalement échappé… Héhé, salut Abby, c’est la première fois qu’on se rencontre, je m’appelle Nath et je suis totalement débile. Je fis tourner ma langue, geste un peu trop tardif, et je me dis que j’avais eu au moins le mérite de provoquer de la réaction.
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Sagitta A. Backlund

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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mer 21 Mai - 0:32 Répondre en citant
Vers sept heure du matin, j'émergeai d'un sommeil agité en gémissant. Cela faisait plusieurs jours à présent que j'enchaînais les insomnies et les cauchemars, pour ne tomber d'épuisement qu'à l'aurore. Et encore, c'était plus une vague absence, une rêverie nébuleuse, qu'un véritable sommeil, si bien que lorsque j'ouvrais les yeux, réveillée par les rayons du soleil qui se faisaient plus persistants à travers les stores, j'avais l'énergie et l'envie de vivre d'une huître.
Cependant, puisque le jour m'appelait, je n'allais certainement pas l'ignorer. Chaque minute passée hors du lit, loin de Vassia, était suffisamment précieuse pour me faire sortir de ma léthargie.
D'autant plus que ce jour là n'était pas exactement comme les autres. Au lieu de flâner à travers Tokyo pour rester aussi loin que possible de la maison minimaliste, j'allais à un festival de street art avec Nathaniel, son ami Joshua dont il m'avait parlé avec cette ferveur sincère qui le caractérise, et la sœur de ce dernier. Et il était hors de question que je rate ça.
Aussi rejetai-je les draps d'un coup de pied pour me glisser hors du lit, telle une ombre, saisissant au passage des vêtements dans ma valise et trottinant vers les toilettes pour m'y enfermer et enfiler un short et un t-shirt noir au dos déchiqueté aux ciseaux, maladroitement raccommodé par mes soins, au moyen d'épingles à nourrice instables et de ficelles effilochées qui donnaient au vêtement un air de toile d'araignée particulièrement glam metal. Sans oublier, bien évidemment, mes gros bracelets hérissés de clous et mes tout aussi grosses et cloutées bottes de cuir usé par les années. Tout droit sortie du CBGB des années 1970.
Fin prête, mais toujours aussi ensommeillée, j'avais saisi une pomme au vol et quitté la maison en coup de vent, croquant à pleines dents dans mon petit déjeuner. Direction, la station de métro d'Ueno, où la voix familière de Nathaniel me héla.

Et ce fut ainsi que je me retrouvai dans une voiture d'une autre époque, qui, incertaine, affrontait la route avec des pétarades d'agonie, en compagnie de Nath, du dénommé Josh, et de sa sœur, Abbey, qui ne m'était pas inconnue. Elle travaillait dans une boîte de nuit où, fidèle à mes habitudes, j'étais allée importuner le monde à plusieurs reprises, et avait paru plus amusée qu'irrité par mes élucubrations sur la conjuration de Catilina. Et lorsque ma provocation ne se heurtait pas à l'énervement de mes interlocuteurs, cela ouvrait la voie vers une discussion allant au delà d'une interprétation grandiloquente du premier Catilinaire réalisée par mes soins. Nous avions pu bavarder, rire, même, et, ce jour-là, il en fut de même.
Au bout de quelques temps, notre conducteur aux cheveux vert sarcelle parut se réveiller et évoqua le groupe dont la musique résonnait dans la voiture - et à partir de cet instant, il ne se tut plus. Je l'écoutai avec intérêt, toujours ouverte aux musiques antérieures à ma naissance (sauf à la pop, cet enfant du diable) et, bien que le groupe dont il vantait les mérites (Gorillaz, non?) sonnasse comme une douce ballade à mes oreilles élevées au heavy metal, je me surpris à dodeliner de la tête et à battre la mesure, m'abîmant dans l'écoute des lignes de basse de cette nouvelle découverte musicale, en oubliant la présence des autres.
Le réveil fut rude, à vrai dire. Non que Nath' fut très délicat à l'ordinaire, mais là, c'en était trop. Je le dévisageai d'un air atterré. Ses paroles étaient tellement crues que j'en avais la nausée (du latin navis, bateau, dérivé du grec ναῦς, qui a donné nausea, le mal que l'on a lorsque l'on est en mer). J'étais aussi vierge et pure qu'une nonne, et mes connaissances en matière de froissage de draps, comme ils le disait si bien, s'arrêtaient aux différentes orientations sexuelles. D'ailleurs, je pouvais très bien vivre sans en savoir plus: mes dix-neuf hivers s'étaient déroulés sans que je ressentisse le moindre besoin de briser mon ignorance. Enfin, comme vous vous en doutiez, pour le coup, je ne savais vraiment pas quoi répondre. Mais il valait mieux trouver quelque chose, et vite, avant qu'il ne continue sur sa lancée et ne propose une démonstration pour nous expliquer son point de vue.
"C't'à dire que..." marmonnai-je d'une voix presque inaudible, avant d'ajouter, plus clairement: "Je crois que oui... La puce dans le crâne enregistre à la fois ce que l'on fait et ce que l'on pense, du coup, à partir du moment où ta femme et toi considérez que c'est fait, c'est bon. Mais à vrai dire, j'en sais trop rien. Et j'ai même pas envie de savoir."
J'aurais aussi pu ajouter que je comptais sérieusement me faire renverser par une voiture avant d'être confrontée à une réalité dont je me refusais à admettre l'existence, mais il ne fallait pas plomber l'ambiance non plus. De toute façon, en matière de cynisme, Nathaniel, ce jour-là, l'emportait haut la main. Je devais être encore plus pâle qu'à l'ordinaire, si c'était possible, taraudée par cette peur que je persistais à refouler et que les questions si fines et élevées de mon ami avaient réveillée. Mais je ne m'autorisais pas à sombrer dans la panique encore une fois. Il en était hors de question, et surtout pas en ce jour-là. Relevant la tête, je m'appliquai à respirer calmement. J'avais encore du temps devant moi, avant d'avoir à rompre mon innocence virginale. Autant en profiter.
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Abbey Iga


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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Sam 24 Mai - 15:43 Répondre en citant

On the road again.

AVEC — JOSHUA, NATHANIEL & SAGITTA



La tête dans l'cul.
Clairement.

Ouais, ça faisait longtemps que je n'avais pas été crevée comme ça. Se lever à une heure pareille, sérieusement, c'était pas humain. Enfin d'accord, il fallait 'prévoir large', mais là... Quelle idée de dormir chez Josh' aussi. Enfin, d'accord, il n'y avait pas de risque que je sois en retard, en étant directement sur place. Mais le canapé de mon frangin était particulièrement désagréable, vous voyez ? Style les ressorts qui te rentrent dans le dos et la couverture qui semble définitivement trop courte pour recouvrir votre corps tout entier. Oh et sans oublier son réveil qui a sonné une heure avant le mien. Thank's bro.
D'accord, il devait préparer deux trois trucs avant le départ. Mais vous savez le bruit que ça fait un mec comme ça quand ça se réveille ? Et vas-y que j'ouvre la fenêtre pour fumer, que je déplace de grosses caisses, que je fasse résonner la vaisselle dans la cuisine et mette en marche la cafetière... Franchement, des fois, je le tuerais. A croire qu'il le faisait exprès quoi. Enfin, un peu de compassion pour moi ! A cette heure là, habituellement, je rentrais de soirée ! Et lui, il s'activait comme si je n'étais pas là...
Autant dire que lorsque je me suis tirée du canap', le dialogue n'a pas été au rendez-vous.

Mon frère, je l'adorais, franchement. Mais on passait tellement de temps ensemble étant gamins qu'on avait fini par se connaitre comme personne. Et l'une des choses que l'on avait retenu, c'est qu'il ne fallait jamais tenter d'engager une conversation dès le matin. Josh', au réveil, c'était un véritable grizzly : vouté comme pas deux, incapable de prononcer un seul mot, s'exprimant juste par des grognements... Sans compter l'apparence physique. Non mais sérieusement, vous avez déjà vu sa tronche au réveil ? Cheveux en vrac, barbe à l'abandon, moue agacée (et également des démangeaisons à des endroits incongrus... Enfin passons). Bref, un vrai animal le frèrot.

Je me suis préparée grossièrement, avec un maquillage qui relevait plutôt d'un camouflage que d'une mise en beauté. Oui parce-que les cernes et le teint cadavérique, ça ne va à personne, croyez-moi. Y'a pas de coté grunge ou je n'sais pas quoi : c'est juste clairement dégueulasse.
En ce qui concerne ma tenue, j'ai d'abord opté pour quelque chose de décontracté, soit legging tunique et un semblant de Dr Martens. Mais dès le premier passage à la voiture pour y déposer les affaires, j'ai rapidement compris que cela ne suffirait pas à me tenir chaud.. Surtout que vu la bagnole de Josh', je ne pouvais pas croire que l'on aurait droit au chauffage durant le voyage. J'ai donc piqué un sweat au frangin, qui n'a pas eu l'air de le réaliser, tellement il était focalisé sur ce qu'il faisait.

Enfin, les autres passagers arrivèrent. Tous les deux avaient une apparence plutôt atypique, mais je devais avouer qu'ils avaient plutôt la classe. J'avais beaucoup entendu parler de Nathaniel, forcément. Et étrangement, il correspondait exactement à l'image que je me faisai de lui. Par contre, j'ignorais que cette Sagitta était cette fameuse cliente de la boîte de nuit où je travaillais. Je l'ai reconnue de suite (en même temps, comment oublier une fille pareille?), et lui ai donc souri instinctivement. Une fille vraiment space dans son genre, mais pas méchante pour autant. Une chose était sûre : sa culture n'avait pas de limites. Elle me parlait souvent d'oeuvres littéraires ou de grands philosophes, alors que j'étais en train de lui servir un verre. Un sacré personnage ouais... C'était étonnant de la voir ici, mais plutôt plaisant aussi ! Bon, ça ne m'enthousiasmait pas au point de parvenir à me réveiller pleinement, mais c'était déjà ça.

Une fois à l'arrière de la voiture, j'échangea deux mots avec Sagitta, mais rien de bien intéressant. J'avais la tête totalement embrumée, et les paupières plus tombantes que jamais. Mais nul doute que vu la quantité de café que j'avais ingurgité, il allait être difficile pour moi de piquer un somme. Enfin, c'était quand même marrant cette histoire... Nous étions en direction d'un festival, qui s'avérait être un véritable tremplin pour Josh' et Nathaniel. D'ici quelques heures, ils allaient peut-être réaliser leur rêve, et moi j'allais probablement chercher à me réveiller de toutes les façons que ce soit. D'ailleurs, lorsque Nathaniel alluma son joint, je songeait déjà à l'idée de prendre une ou deux bouffées, histoire de voir si ça allait m'activer un peu... Ou au contraire me poser à tel point que j'allais pouvoir ronquer pendant deux bonnes heures. Enfin, ce n'était qu'une idée.

Quand Joshua se décidé finalement à parler, ce fut bien évidemment pour parler de Gorillaz, dont les musiques tournaient déjà en boucle depuis quelques temps dans la voiture. Et il en profita aussi pour nous rappeler son adoration suprême pour Tank Girl. Bon, il fallait bien avouer que cette nana avait une classe de folie, et que j'aurais donné beaucoup pour être gaulée comme elle. Et il fallait bien le dire : cette BD était totalement epic. Enfin, je préféra ne pas prendre part à la discussion pour l'instant. D'une part, parce-que Josh' avait déjà tout dit, et d'autre part parce-que Nathaniel ne semblait pas très réceptif à ce sujet.

Néanmoins, il ne tarda pas à se retourner, afin de s'adresser à moi et Sagitta. Je l'observais du coin de l'oeil, tout en continuant de chercher une position confortable malgré le peu de place disponible dans la voiture. Une question conne à nous poser, hein ? Sérieusement, je ne pouvais pas m'imaginer que ce gars, rencontré il y a à peine une heure, allait aborder ce sujet là avec nous. Honnêtement, lorsqu'il nous demanda ce que pouvait bien vouloir dire 'faire l'amour' selon l'Incontestable, je préféra pincer mes lèvres pour m'empêcher de rire. Je me demandais bien s'il était légèrement attardé, ou bien tout bonnement puceau. Oh, vous savez, le physique ne fait pas tout. Il avait beau ne pas être désagréable à regarder, il avait peut-être du mal avec les nanas. Ou bien peut-être qu'il n'était tout simplement pas attiré par elles ? Ouais, il faisait p'têtre partie de 'l'autre bord' hein, qui sait ?
Mais bon, cette supposition me paraissait quand même étrange, en vue du personnage qui s'adressait à moi en ce moment même. Surtout que lorsqu'il m'expliqua le pourquoi de sa question, je calma aussitôt mes pensées impulsives pour acquiescer de la tête, en signe de compréhension.

Le pauvre : il était marié. Avec une fille qui avait l'air de ne pas du tout lui convenir en plus. Enfin, je me demandais bien à quoi elle pouvait ressembler... En tout cas, vu la façon dont Nathaniel la décrivait, elle devait bien plus se rapprocher de la miss cul coincé que de la nana funky et décalée. Oui parce-que si on partait de l'idée qu'il était pote avec Josh', c'est qu'il avait forcément un grain, dans le fond. Hé, attention, c'est pas un reproche que je fais là ! J'ai toujours adoré les amis de mon frangin, alors je ne voyais pas pourquoi Nathaniel serait une exception. M'enfin, il n'empêche que je le plaignais... Être marié, c'est déjà assez chiant comme ça, mais avec une fille comme ça en plus ? Oh god.
Enfin, l'avantage de l'intervention de Nathaniel, c'est qu'elle eût bien plus d'effet que n'importe quelle claque dans le dos. Sa façon de s'exprimer m'étonnait, au point que cette fois-ci, je ne pu retenir un éclat de rire! Mon Dieu, ce gars était extra ! Josh', je t'aime bordel. Comment tu fais pour rencontrer des personnes pareilles ?!

La surprise passée, j'essaya tant bien que mal de me calmer. La fatigue avait des effets franchement néfastes sur mon comportement.. Mais sérieux, la situation était tellement magistrale que j'avais du mal à rester impassible ! Je n'avais jamais entendu un discours pareil, et il m'était juste impossible de rester sérieuse. Il m'était juste impossible de me concentrer sur le 'problème' de Nathaniel, tellement je luttais contre ce foutu rire nerveux. Je me mordis le pouce de toute mes forces, histoire de me calmer un peu. D'autant plus que Sagitta semblait totalement dépitée par les propos de Nathaniel, ce qui me poussait à reprendre mon sérieux. Mais... Franchement, comprenez-moi quoi ! On assiste pas tous les jours à une scène comme ça ! Et puis essayez donc de paraitre clean après trois heures de sommeil dans un canapé pourri, vous comprendrez.

Quoi qu'il en soit, Sagitta donna son avis, que j'écouta avec un peu plus d'attention cette fois. C'est chaud quand même, j'en oublie parfois que j'ai une puce électronique dans le crâne... Vous imaginez, l'Inconstestable sait tout ce que vous pensez ? Le chanceux, il doit en avoir des choses à raconter. Mais en même temps, qu'est-ce que je ne donnerais pas pour ne pas avoir à me marier un jour. De toutes manières, il faudrait déjà que mon profil soit compatible avec celui d'une autre personne au Japon. Et croyez bien qu'en vingt deux ans sur cette Terre, personne n'a été foutu de me ressembler. Sans vouloir me vanter, je pense simplement que j'arriverais à passer entre les mailles du filet ! Et de toutes manières, si je me retrouvais maquée, mon époux/se n'allait probablement pas survivre plus de deux jours (et moi non plus, d'ailleurs). Sérieusement, pour le bien de l'humanité, il était préférable que je ne me retrouve jamais à cohabiter avec quelqu'un d'autre H24... Sans oublier les autres règles à respecter, que ce soit de la fidélité jusqu'à cette obligation de devoir partager une activité par jour avec l'autre. Une activité par jour hein ? Je fous rien de mes journées, et je fais sûrement pas changer mes habitudes pour les beaux yeux de quelqu'un d'autre. Surtout si ce quelqu'un s'avère être aussi détestable que la chère et tendre femme de Nathaniel.

« Eh ben, mon pauvre, je crois que t'as pas vraiment l'choix. » dis-je, non sans un sourire dont je n'arrivais définitivement plus à me débarasser : « Pour ma part, je n'pense pas que ce soit aussi simple. Et malheureusement pour toi et pour ta 'bien aimée', je crois qu'il va falloir se forcer un peu ! Parce-que si elle n'est pas d'accord, c'est pas seulement sur elle que ça va retomber. »

Je me redressa, tout en observant Nathaniel avec un air qui se voulait le plus compatissant possible. Hé oui, ça allait pas être facile pour lui. Mais bon, peut-être qu'elle allait un peu se dévergonder la miss, sait-on jamais.
Désormais un peu plus éveillée par la conversation, je continua sur ma lancée :

« Mais dans l'pire des cas Nath', si ça continue comme ça, l'Incontestable t'accordera peut-être le divorce.. ? Personnellement, je me casserais pas le cul à rester avec quelqu'un comme ça. M'enfin, ce n'est que mon avis, hein. » Je marqua un temps, puis dit un peu plus fort, histoire que la principal intéressé m'entende bien : « T'en penses quoi Josh' ? »





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Joshua Sullivan

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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mar 27 Mai - 0:23 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
Le rire de Joshua fouetta l’air comme dix tonneaux vides dévalant une pente de bitume.
Après avoir accompagné généreusement les rires de sa cadette, le jeune homme essuya d’un revers de manche les larmes aux bords de ses yeux, soufflant un « Mais qu’il est con ! », entre deux commentaires de ces dames.

Lorsqu’on lui demandait ce qui faisait le liant de l’amitié qu’il portait à Nathaniel, Josh’ ne savait jamais comment résumer ça. Fallait-il parler en grammes de moments passées ensemble, d’idées et de délires partagés, des témoignages de confiance et de gratitude, ou bien perdre ses mots en qualités énumérés, ou encore, en mesurant l’estime et le respect que l’on porte à l’ami cher ? Non, vraiment, ce genre d’amitié ne se contenait pas dans un bloc de mots. Cadré et arrêté. Car cette amitié avait, certes, eut un début, mais si fin il y avait, le dernier jet d’encre ne s’écrirait pas de sitôt. Cette franche camaraderie, il la voyait plus comme un immense dessin sphérique grouillant d’anecdotes et de couleurs tranchés et franches, se gribouillant au fur et à mesure des instants. Et à cet instant, Joshua ajouta une pastille de couleur à la grande fresque de leur fraternité.

Les mots des filles derrières lui parvenaient par secousse, selon le vrombissement capricieux du moteur et de l’auto-radio. Il baissa un tantinet le volume pour mieux entendre la conversation.

« … crois que oui... -uce dans le c-… c'est fait, c'est bon. Mais … dire… envie d- …-voir." »

Il sourit s’imaginant sans peine la tournure cochonne, que les propos de Sagitta, mâchés par le bruit du moteur, prenait. La tête dépitée de la jeune femme, pour le moins rebutée par les propos de l’autre fauve, mais dont découlait, au ton de sa voix, une certaine habitude, ajouta une touche d’humour au délire intérieur de Josh’.
Lorsque sa frangine s’exprima à son tour, le volume sonore monta d’un cran, et la conversation se fit plus audible. C’était marrant de l’entendre échanger avec Nath’, ça lui faisait tout drôle, et pourtant, ça lui semblait tout ce qu’il y avait de plus naturel. Ces deux-là, ils allaient s’entendre, c’est sûr. Mais cette collision nouvelle, c’était comme mélanger deux ingrédients qu’on adore dans une recette nouvelle, on n’est pas bien sûr des émulsions que ça va rendre, on sait pertinemment que ça va arracher la gueule tellement leurs saveurs, trop condensées, trop brutales à elles seules, vont te bruler la gorge, mais on est bien curieux et empressé de gouter le potage une fois la température montée comme il faut.

Lorsqu’elle lui renvoya la balle, Joshua ouvrit la bouche, et:

« Moi y a un truc qui m’échappe dans le plan de c’te dérangé d’ordinateur. J’aimerai savoir..., l’irréversible langage gestuelle de Josh’ avait lâché une main de son volant pour virevolter dans l’air au grès de ses paroles, … quel est l’intérêt de marier deux personnes alors qu’il suffirait d’un petit pot en plastique et d’une pipette ? Sérieux, si c’est la reproduction qui les intéressent, ça m’semble la solution la moins contraignante. Et à côté de ça tu baises avec qui tu veux et t’auras des rejetons bonus pour le plus grand plaisir de l’Incontestable. Après tout l’homme est un chasseur, c’est CONTRE NATURE de le cloisonner comme ça... En plus j’suis sûr que ton sperm est à chier quand tu le fais par « devoir »… »

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"The Anartist' Brothers" (ACT I) Empty Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I)

Message par Admin Jeu 17 Sep - 10:55

Ahlalala, les gourdasses qu’on avait là ; et j’incluais aussi le pauvre conducteur de bagnole pourrave à-côté de moi qui riait à s’en faire éclater les bronches jaunies par la drogue qui cramait sa langue dix fois par jour. Y avait Sagitta évidemment, que des fois, je pouvais pas brusquer avec une claque, mais quand tu prenais le bon angle, ici, tout le marital, tu te la retournais comme une crêpe et t’avais plus une révolutionnaire, mais une nonne affligée qu’on puisse avoir du sperme qui sort des queues. Quant à Abbey, sérieusement, elle avait la même réaction que son frangin et pis c’était la même, quoi… Foutez une perruque à Josh, enlevez-lui ses poils en trop, rajoutez de la graisse à la poitrine (et changez rien à l’entrejambe, et me demandez pas qui des deux a pas le bon appareil génital) et vous avez Abbey dans toute sa splendeur.

Devant leur réaction que je savais que j’avais forcé avec un bélier d’idées stupides, je revins le regard devant moi, lorgnant la route, allongeant mes jambes le plus loin possible et croisant mes bras sur mon bide, face de réflexion boudeuse sincère. J’écoutais leur réponse tout de même, et ce fut celle de la latine qui m’arracha un sourire tant elle aurait pu voler sa phrase à un politicien. J’y retrouvais les trois notions de l’amateurisme oral : peut-être les deux, je sais pas, je veux pas savoir. Ouais, tous les politicos réfléchissaient avec ces trois expressions fourrées dans le crâne, fondant toutes leurs pensées sur la langue, leur faisant cracher n’importe quoi parce que le peuple, ce qu’il voulait, c’était qu’on le réconforte quitte à ce qu’on prenne son intelligence à rebrousse-poil. Mais je savais que Sagitta était le clou qui dépassait du cadre de la société, ça me faisait juste marrer de la voir hésiter. J’avais trouvé un de ses points faibles, mais dieu savait que j’allais pas frapper dessus ; pis surtout, j’allais oublier. Pas besoin de défoncer les autres pour les trouver amicaux.

En revenant sur le mec à pubis à l’arrière de la caisse, derrière Josh, sortit exactement la réponse que j’attendais, j’avais pas fait d’illusion sur ma question, mais ouais, faire l’amour, c’était faire l’amour, pas de la branlette avec un mouchoir de chair à la réception. Je fis craquer ma nuque sur le côté gauche sans ajouter d’autres réactions devant l’air d’Abbey, mi-amusée par moi, mi-amusée par le sujet, et encore mi-amusée par moi. Mais je sentais qu’elle était bien, le bon genre de personnes à qui on pouvait parler sans protocole et tasse de thé. Ensuite, elle enchaîna sur l’histoire du divorce, et j’émis un ricanement qui me fit sortir les crocs. Toujours en regardant la route en-face, légèrement subjugué par la musique, je lui répondis et je savais que j’avais le regard d’acier à ce moment-là :

« Bébey, le divorce, y connaissent pas. Pas de séparation, sinon par la tombe. Ils m’accorderont rien, je sais, j’ai essayé, j’ai hurlé, me suis fait dégager comme un gosse, ils en avaient rien à secouer les grelots. Emprisonnement à vie, tu connais ? Bienvenue dans la plus grande prison du monde, sauf que t’as une maison en guise de cellule, un taff pour les travaux d’ordre général, et le boulet le plus horrible que tu puisses retrouver à ta godasse. Mais pire que tout… » Là, je me retourne. « … T’es pas un prisonnier. T’es juste un autre boulet enchaîné à un autre boulet. Et cette condition de baiseur-boulets, ça te pétrit l’égo et ça laisse pas s’échapper une miette. Paie ta nouvelle condition humaine. »

Puis voilà que la discussion continuait, mais les trucs dégueulasses inspiraient toujours Josh. Je le regardais tandis qu’il tentait de s’introduire dans un sujet qui se voulait philosophico-humanisto-têtedanslecul. Ou je sais pas quoi, mais rien de très bon. Mais je le suivais sans problème, j’avais la tête claire dégagée et un sujet pareil, ça me faisait que m’interpeller ; la réaction et l’action, deux moteurs subsidiaires qui me faisaient carburer dès que ma muse tournait en rond et en breloques dans mon univers sous le crâne. Mais évidemment, fallait que j’ai mon mot à ramener, j’étais pas Nathaniel, anarchiste de malheur pour rien. Après avoir sorti une sucette à cancer et avoir fait cramer son bout d’un coup d’allumette, j’inspirai longuement la fumée, le goût, la libération, puis je recrachai tout ça dehors, fenêtre ouverte, pas du costaud, le temps qu’on arrive et je serais encore clean, mais ça avait le mérite de faire passer le temps, et je lui répondis en posant ma voix comme je savais si bien le faire, l’air outré sur ma gueule :

« Mec, pourquoi tu crois qu’ils forcent les homosexuels à s’enculer ? Ils veulent pas que de la fécondation, ils veulent aussi que les gens se sentent encore des humains. Même eux osent pas avec des machines, ils sentent qu’ils vont violer quelque chose de profondément en eux s’ils obligent pas les gens à copuler. C’est juste le mouchoir destinée à la branlette féminine, je sais. Mais bon, merde, quoi, ils sont tous aussi débiles que les politocards d’avant. Qu’ils aient paniqué et foutu des décrets comme les merdes en costard qu’ils sont, je veux bien, mais qu’ils aient continué, allez, c’est quoi, la troisième ou quatrième génération qui se fait enfournée, ça me dépasse de ça, merde ! Qu’est-ce qu’ils foutent à l’éducation ? Ils peuvent pas leur apprendre à communiquer ? A rire ? Désolé pour vous, mais ces Japs me dégoûtent. C’est juste un peuple de poupées gonflables. » Je rebondis sur le sperme : « Et ça change rien, Josh, un chiard, ça veut se faire pondre, ton sperme peut bien être du gaspacho périmé, ça va quand même passer. J’ai pas encore consommé le mariage, mais je vais devoir me protéger, et je sais que ce connard d’Incontestable va chouiner au bout d’un moment et me demander d’y aller chair contre chair. Mais bon, Josh, toi et moi, on n’est pas à plaindre, on a juste à vider le sac et notre boulot est terminé. Par contre, pour les deux fifilles à l’arrière, elles vont vraiment morfler. Je suis vraiment désolé pour vous, hein ? » Je me retournai une nouvelle fois, et mon visage exprimait totalement la peine qui me traversait en empathie pour elle : « Avoir le bide gonflé d’un gosse sponsorisé et ratifié par le gouvernement pendant neuf mois et se ruiner la santé à cause de ça, quand je pense à ce que vous allez endurer, j’ai envie de faire sauter le siège du gouvernement avec un bâtonnet de dynamite dans la gueule et me suicider rien que pour vous. »
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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mer 28 Mai - 3:12 Répondre en citant
Entre nous, je ressentais un élan de compassion envers l'épouse de Nathaniel. J'étais bien placée pour comprendre sa réticence et son aversion. En fait, à bien y penser, de la compassion, j'en avais pour chacun des quatre acteurs de ces deux comédies de troisième zone qu'étaient mon mariage et celui de Punkass. Le genre de compassion qui s'exprime plus en harangues enragées et en explosions qu'en minauderies apitoyées. Mes joues criblées d'éphélides qui, de par leur pâleur habituelle, révélaient bien trop aisément mes humeurs versatiles, regagnèrent des couleurs que l'afflux de chaleur envahissant mes pommettes me fit deviner.
J'écoutais Abbey expliquer son point de vue, la mine contrite. Mouais, cette affaire de relation sexuelle bimensuelle allait sans doute nécessiter un peu de bonne volonté de la part de ses deux "protagonistes", autant dans le cas de Nath' que dans le mien. Quant au divorce... C'était qu'elle rêvait, la blondinette. Elle nageait en plein délire. Si c'était aussi simple, soyez sûrs que l'idée du mariage ne me ferait pas presque tourner de l'œil. C'était bien cette emprisonnement qui me terrifiait. Et les paroles de Nathaniel, qui touchait toujours sa cible en plein dans le mille lorsqu'il s'agissait des mots, retranscrivaient si fidèlement c'que je ressentais - ce que tout pion de ce système scandaleux ressentait - que j'en eus froid dans le dos. Un boulet enchaîné à un autre boulet, voilà à quoi j'étais réduite. Moins qu'une taularde, moins qu'une bête en cage: un poids mort. Contente-toi de suivre le mouvement, ferme les yeux et ne pense à rien, laisse le courant t'entraîner. Ne réfléchis pas, sinon tu t'opposeras à ton sort. Et si tu t'y opposes, tu y laisseras ta peau - et, bien entendu, celle de ton époux. Que toutes les Furiae des Inferi, que toutes les Érinyes du Tartare maudissent ceux qui ont mis cette damnée mascarade en place, qu'ils subissent les tourments de Mégère, Tisiphone et Alecto, qu'ils brûlent dans le Phlégéthon! Oh, et puis merde. Mes pseudo-malédictions ne pouvaient rien changer à la situation. En revanche, dans cette voiture, j'étais en compagnie du plus grand anarchiste de ce siècle, de son ami qui, d'après lui, était tout aussi anti-système, et de la sœur de ce dernier, que je connaissais assez pour savoir que nous partagions le même avis sur le mariage (plus loin de nous cette immondice se tenait, mieux l'on se portait). Tout espoir n'était pas perdu.
Par contre, Joshua, la première vague de dépit passée, me donna presque envie de rire. Il s'enfonçait dans ses considérations sur l'aspect prédateur de l'homme comme un furieux, à en oublier le volant. Soyons honnêtes, le sexe était un bien pauvre sujet de conversation. Mais lorsque l'on s'y mettait, on jouait au funambule sur la fine limite entre ouverture d'esprit et mauvais goût. Et il s'était cassé la gueule, Josh', mais pas du bon côté. N'est pas orateur qui veut. En revanche, Nath', il en avait totalement les capacités. Il repartait dans son Catilinaire, ou plutôt son Incontestabilinaire. O tempora, o mores! Il maudissait le gouvernement, ses décisions aberrantes et ineptes, la descente aux enfers qu'il nous réservait, à Abbey et moi, représentantes de la gent féminine, un air de compassion et de peine sincères imprimé sur son visage aux traits durs.
"Y a bien une chose dont tu peux être sûr, Punkass, répondis-je alors, c'est que jamais, jamais tu ne me verras me traîner un ventre énorme à travers Tokyo. J'trouverai bien un moyen. C'est qu'il faut être complètement inconsciente, égoïste ou tarée pour avoir un gosse au Japon."
Inconsciente, égoïste ou tarée, ita est. Et, si vous, lecteur, avez suivi mon histoire, sachez que ma mère ne faisait pas exception à la règle. Au contraire, elle formait un bel exemple des trois. Têtue comme une mule, elle aurait été capable d'emménager au Japon par simple esprit de contradiction, comme la gamine qu'elle demeurait malgré l'aura pompeuse de maturité et de sagesse que lui conférait son métier de professeur de langues anciennes, après qu'on lui aie recommandé de n'en rien faire. J'ignorais dans quelles conditions elle s'était retrouvée au pays du Soleil Levant, mais son fort et sale caractère y était sans nul doute pour quelque chose, et, avec tout le respect que je devais à ma mater, je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir pour cela - et je ne le lui cachais pas.
"Un an qu'je vis au Japon, un an que je me répète que je vais me battre et surmonter cette putain d'épreuve. Et maintenant, j'réalise qu'il n'y a pas de solution: c'est la perpète, sauf que t'es en prison où que tu sois. La seule issue, c'est la mort. J'vais finir par aller commettre jigai devant le TPAI."
Je fronçais les sourcils, appuyant mes coudes sur mes cuisses blanches et posant mon menton sur la paume de ma main droite, avant d'ajouter d'une voix pleine d'un mépris dont on devinait aisément à qui il était adressé:
"Ce qui me dépasse, c'est que les senatores japonais, ces enfoirés, sont aussi concerné par la déshumanisation et l'isolement que les autres. Ils sont très, très mal placés pour se permettre de chercher des solutions. C'est l'hôpital qui se fout de la charité."
Je me redressai en haussant les épaules avec dégoût.
"Ils ont foutu n'importe quoi - et ils continuent. Et ils éliminent ceux qui ont quelque chose à redire. Glorieux système."


Dernière édition par Sagitta A. Wolfang le Jeu 3 Juil - 15:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Dim 29 Juin - 12:36 Répondre en citant

Remember that it's all in your head.

AVEC — JOSHUA, NATHANIEL & SAGITTA




Eh bien, la discussion commençait à être de plus en plus 'passionnée'. Surtout lors de l'intervention de Nathaniel, qui balança une quantité d'arguments, illustrés par des méthaphores clairement sorties d'un esprit dérangé. Ouais, franchement, le coup du 'peuple de poupées gonflabes' m'avait achevé. J'eu tout de même le réflexe de cacher ce qui s'apparentait à un sourire derrière le dos de ma main, histoire de ne pas passer pour la nana impolie et absolument pas concernée par la situation.
Mais c'est finalement lorsque l'autre barjo commenca à parler de bide gonflé et de bébé que je du cette fois me retenir de flanquer un bon coup de pied dans son siège pour le faire taire.

Non mais sérieux... Moi ? Me coltiner un môme ? Plutôt crever.

J'étais déjà pas hyper chaude à l'idée de me marier avec la première personne venue, et à lui accorder plus de la moitié de mon temps. En fait, j'étais même carrément opposée à ça. Mais le fait de promettre à mon 'bien aimé' une progéniture et sacrifier plus de dix ans de ma vie pour elle ne m'emballait franchement pas davantage.
'Faut dire que mes parents ne m'avaient jamais fait l'éloge de l'Incontestable. Ils s'étaient rencontrés et mariés d'eux-mêmes, et n'avaient de comptes à rendre à personne. Mais quand j'y pense, ils nous avaient très peu informés à ce sujet, Josh' et moi. Ils devaient se dire qu'on avait le temps de penser à tout ça. M'enfin, 'faut dire que je n'me suis jamais sentie concernée par cette idée d'avoir une relation stable et épanouie avec quelqu'un. Pour Josh', j'en savais trop rien : depuis Jess', il enchainait les aventures, c'est vrai... Mais, c'était plus vraiment pareil.

Enfin, pour le coup, la conversation devenait bien moins relax qu'auparavant. J'observais Sagitta du coin de l'oeil, et compris aussitôt qu'elle rejoignait mon avis. Enfin en même temps, trouvez quelqu'un qui jubile à l'idée de se faire engrosser par un total inconnu pour faire plaisir au gouvernement, et on en reparle après.

« Prions pour être casées avec une nana alors... » murmurais-je, davantage pour moi que pour les autres.

Le top du top, ça aurait été de ne pas finir maquée à qui que ce soit, bien sûr. Mais à choisir, autant prendre le moins handicapant. Quoi que si c'était pour se retrouver avec une miss comme la femme de Nathaniel, autant se tirer une balle maintenant.
Quoi qu'il en soit, mes trois compagnons de route semblaient avoir des idées plein la tête pour faire couler le gouvernement. Moi, j'étais moins utopique : je voyais mal comment une poignée de personnes pouvaient changer le régime politique d'un pays tout entier.

On était que quatre pions, et toute notre vie était dirigée par l'Incontestable, qu'on le veuille ou non. Sûre, nos rencontres, nos escapades en voiture, nos envies soudaines, et toutes les choses qui devaient être le résultat du hasard ou de nos propres choix... Tout ça, c'était juste une façon de nous faire croire qu'il nous restait, ne serait-ce qu'une once de liberté. Après tout, on savait pas vraiment ce qu'on nous avait implanté dans le cerveau, hein.
Mais j'aimais pas y penser. A dire vrai, ce sujet me gonflait carrément. Ou alors, j'étais pas assez bourrée pour en discuter.

« En attendant Nathaniel, actuellement, c'est toi qui semble le plus amené à avoir un gamin... »

Je m'appuyais sur son siège pour me redresser et m'approcher de lui.

« D'ailleurs, pourquoi t'as pas emmené ta p'tite femme ? Si tu t'absentes aussi longtemps, ça pourrait s'retourner contre vous deux. Même si elle te sort par le cul, il me semble qu'il y a une histoire d'activités à avoir en commun, nan ? »

Well, j'avais surtout envie de changer de cible, quitte à passer pour la fille un peu lourde. Je pensais que Sagitta et moi, on était déjà bien au courant de notre situation. Et puis, on était surtout du même avis, alors inutile de s'attarder là-dessus. En plus, j'étais franchement trop crevée pour continuer de débattre à ce sujet. T'façon, tout était déjà très clair, pas besoin d'en rajouter. Mais bon, dès que j'avais l'occas' d'ouvrir ma grande gueule, même quand j'avais pas grand chose à dire...
Je me laissais retomber sur mon siège pour souffler un peu. Non pas que cette discussion me barbait, mais j'avais déjà entendu ce discours un million de fois. Sûr, le gouvernement se foutait franchement de notre gueule, et on ne se gênait pas pour le dire. Mais j'attendais juste de voir ceux qui auraient vraiment les couilles de faire quelque chose.






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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Lun 30 Juin - 16:14 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
Joshua écouta la conversation qui s’ensuivit d’une oreille plus ou moins distraite. Distraite par ses putains de panneaux de signalisations qui lui embrouillaient suffisamment la tête pour, qu’en plus, il suive un débat acharné alimenté par des cadors comme Nath’ ou Sagitta.

Il imaginait bien la gueule de l’ambiance à la maison, entre un Nathaniel révolutionnaire et une avocate aux mœurs de bonne sœur. A croire que les débats enflammés qu’il devait alimenter avec sa compagne ne lui suffisait pas, il fallait qu’il emplisse l’air de ses idées jusque dans sa taule à quatre roues. Quelque part, ce n’était pas plus mal, une manière à lui de s’échauffer avant leur montée sur scène, Joshua laissait volontiers ce terrain de jeu à d’autres, préférant de loin jauger la température de cet instant, se nourrissant de cette atmosphère, si particulière qu’offrait la compagnie de ces gens, dans ce lieu, à ce moment précis, avec ces interactions-là. Pour les restituer plus tard par un jeu de couleurs et de formes.

A un moment ça parla gamin. Là, Joshua préféra fermer pour de bon les écoutilles. Ça partait trop loin, dans des considérations trop grandes, qui franchement, lui faisaient plus reculer qu’avancer. Pas question de se laisser pourrir les idéaux par des problèmes de vie aussi casse couilles que des mômes. Ça n’entrait pas dans ses projets de vie de toute façon. Et ça n’y rentrerait probablement jamais.

Non, ce qui le préoccupait surtout, c’était de prendre la bonne sortie. Il tenta la N87, roula encore une bonne quinzaine de kilomètres, la rangée d’arbres se troquant peu à peu par celles de maisons, puis d’immeubles, plus ou moins haut, plus ou moins imposants. Ponctués de temps à autres par du vert, une pelouse, un parvis de fleurs, un arbre. La voiture ronronna moins fort, jusqu’à s’arrêter à la face d’un feu rouge.

- Bon allez ! Suffit les « folles histoires de Nath’ », on est plus très loin les enfants.

Le jeune homme ouvrit sa boite à gants, et en sortit une carte certainement aussi vieille que sa caisse, qu’il déplia sur le tableau de bord, recouvrant par là même le volant et la boite de vitesse. Plusieurs croix raturées au Bic parsemaient le vieil imprimé recouvertes de nervures, digne d’une carte au trésor pour un enfant imaginatif. Joshua en pointa une noire, au marqueur, de loin la plus grosse, si grosse qu’elle cachait la moitié des inscriptions environnantes.

- On va là. Et on est là.

Il redressa la tête pour vérifier le nom de la rue, avant d’en revenir à sa carte, tapotant du bout du doigt cette dernière information. Nathaniel pour copilote, ils baragouinèrent plusieurs itinéraires possibles avant de se décider sur l’un d’eux. Prenant le temps nécessaire pour monter d’un cran sonore, d’avis d’abord divergents, recouvrant bientôt le bordel des klaxons qui retentissaient à l’arrière, conducteurs impatients de voir défiler depuis bientôt dix minutes, les couleurs du feu tricolore à trois reprises déjà, sans que la troupe ne bouge d’un copeck.
Ce n’est que lorsqu’un gros balèze vint toquer à la fenêtre de Josh’ que les deux gars relevèrent la tête et qu’il descendit, avec peine (manivelle à l’ancienne) la fenêtre de la vieille auto. Ils se prirent une armée de postillons du type pas content dans la gueule, leur crachant de bouger car le feu était passé vert depuis bien trois rounds. Ceux à quoi Josh’ et Nath’, accompagnés en chœur des nanas à l’arrière, répondirent en braillant plus forts, ce qui aura pour effet de foutre un sacré bordel.
Et pour tourner court au discours encore magistralement long et singulier que Nath’ venait de concocter à l’adresse du bonhomme, Joshua appuya sur l’accélérateur, risquant de peu de se prendre une voiture, le feu alors repassé au rouge.

Puis enfin, ils arrivèrent.


Sur les lieux, déjà présents: des graffeurs, un masque posé sur leurs museaux, des bombes pleins les sacs, s’essayant sur des pans de murs, sélectionnant leurs couleurs, discutant techniques et influences les uns avec les autres. Et la foule, s’agglutinant à l’intérieur d’un immense bloc gris désaffecté.

Les quatre amis récupérèrent à l’entrée un badge les définissant comme les « Anartist’brothers », leur statut, leur numéro de « stand », et de passage. Ils s’engouffrèrent à l’intérieur du bâtiment, géant molosse de béton, des murs encore vierges s’étalant sur bien cinq pièces démesurées. Dans la partie principale, une scène, où régnait platines et enceintes, un DJ posté derrière, un mec clinquant de fringues trop propres garnis d’un micro, genre, présentateur, et de quelques autres, à l’œil aiguisé supposés être plus ou moins jurys, se baladant parmi la foule, un badge spécial les définissant.


Voilà le plan : ils avaient tirés au sort leur tour, et passeraient sixième. Il n’était pas loin de 10h, soit l’heure à laquelle le tournoi commencerait. Le présentateur était censé faire un speech sur chaque groupe avant leur passage. De présent, à priori, il n’y avait que des graffeurs, avec une bande son à eux qui passait dans les oreilles dans le même temps que la performance. En ça, on n’avait pas réussi à les loger dans une catégorie prédéfinie, mais avoir pu s’inscrire déjà, c’était bien. Ils allaient pouvoir leur expliquer de vive voix de toute façon, aux gens, le concept même des « Anartist’Bro » tant qu’on leur laissait la parole, c’était l’essentiel. Ils avaient trouvé leur « stand », une belle place, ils n’avaient pas trop eu à se plaindre, assez de surface murale pour Joshua, et un mur qui renvoyait bien et ferait porter loin la voix de Nathaniel.

Joshua déballa son attirail du coffre, profitant de la main d’œuvre disponible pour se poser bien. La pression commença à monter, il observait ses concurrents, du sacré bon level de présent, il allait falloir assurer. Vraiment. Il sentait sa main trembler sous l’excitation, un besoin de jeter de la peinture, là, ça le démangeait. Il sortit quelques panneaux vierges et commença à se dérouiller la main, de gestes amples, lâchés, testant ses bombes, un masque verrouillant sa gueule, il était le trait, le geste, l’expression picturale au service des mots de Nathaniel.

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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mer 2 Juil - 1:01 Répondre en citant
Les gonzes réagirent vite, en chiennes de chasse, dès que je fis claquer le sujet des morvailles, et évidemment, pour elles, c'était sans essayer déjà du passif lourd à porter, plus que je pouvais me le figurer, ça, j'en doutais pas. Y avait Abbey qu'avait l'insulte facile et qu'essaya même de revenir vers moi en bouclant la boucle, sur ma femme et pourquoi je l'avais pas invité d'abord ? je sais pas, meuf, pourquoi ils étaient pas là tes vieux, y avait encore de la place dans le coffre. J'avais compris que c'était du point sensible qu'il fallait pas chatouiller parce que ça saignait vite, et donc, après les dernières effusions d'Abbey, je décidais de la fermer histoire de laisser un peu le silence couler dans cette bagnole. J'étais aussi inquiet pour Sagitta ; elle avait pas la santé fragile, mais un poil moins que d'autres, et les décisions radicales, elle pourrait les prendre facilement si une pichenette du gouvernement l'amenait à copuler comme elle voulait pas copuler. Je me demandais comment elle le prendrait si l'Incontrôlable lui demanderait de laisser tomber le latex et les pilules et de laisser faire la nature, et qu'elle commencerait à devenir grosse, mais je voulais pas savoir ce qu'elle serait capable de s'infliger. Au moins, j'étais plus rassuré par Abbey, y avait de la charpente là-dessous, elle ferait moins de conneries dans ce cas, et y avait Josh pour la soutenir, sang pour sang avec elle.

En tout cas, le conducteur de ce corbillard de tôles s'arrêta dès qu'il en eut l'occasion pour dénicher une sorte de fripe avec des dessins dessus, le tout de couleur délavé et jauni par les âges, j'étais persuadé que y avait maintenant deux fois plus de goudron maintenant que sur cette foutue carte, mais les grands axes devaient y être et c'était ça que visait Josh. Il tenta de me demander de l'aide histoire de trouver un itinéraire, mais y avait bien une raison pour laquelle j'étais un humain et pas un pigeon voyageur : mon sens de l'orientation, je l'aurais vendu sur e-bay, je savais pas si j'aurais pu le refourguer à dix centimes max, ou si au contraire, des conservateurs s'empresseraient de l'acquérir comme s'ils avaient trouvé le graal tant le truc était irrationnel ; et ils en profiteraient pour se chopper la carte de Josh au passage, même les samurais de leur temps y feraient pas confiance.

Bon, clair, on tarda un poil sur le feu rouge, la rainette passa plusieurs fois mais foutre, pressés d'être en retard, on oblitéra la présence des autres conducteurs, surtout quand les deux femmes se dépêchèrent de s'incruster dans nos (d)états, et comme on était quatre et que y avait du choix, on finit par pas se décider et à grimper le ton ; j'en conclus, abandonnant mais ne lâchant pour autant la grosse voix, que le plus simple était d'y aller à pattes et de foncer en ligne droite (allez vous faire mettre en attendant). Les événements culturels qui commençaient à l'heure de toute manière, c'était une légende, ça avait jamais existé. Les trois autres cherchèrent une solution à grands renforts d'arguments incontrôlables, et finalement, le point final nous fut adressés par un grand type, de la caisse de derrière, qui frappa contre la vitre avec un air méchant sur la tronche, et dès que Josh réussit à faire baisser la fenêtre avec une molette datant de l'antiquité (je savais pas pourquoi Sagitta avait pas encore complimenté la bagnole d'ailleurs, ses passions et le véhicule devaient venir de la même époque), on reçut une foule de noms d'oiseaux bien gras, et Josh eut droit à une douche gratuite. Dommage pour lui, on était énervés, et on encaissait pas bien la rage de vieux débile comme lui, alors nos langues acérées changeaient de sujet et trouvèrent une nouvelle cible ; je dirais même, mention spéciale pour Abbey et ses insanités, c'était incroyable. Y avait des mots que je pourrais reprendre, sûr. Déjà, l'assurance du type se fissura, l'était jamais bon de se frotter à seul contre quatre, mais comme il semblait qu'on avait déjà trouvé notre chemin, là, il faisait juste que ralentir. A fond, ce fut à mon tour de sortir de la caisse, preste comme un félin affamé, et je lui jetais un regard de tueur que j'oserais pas sortir à mes potes, et il fut persuadé que j'allais le tabasser quand je m'avançais vers lui si rapidement qu'il semblait que je m'étais téléporté. Mon poing s'abattit sur la bagnole et je hurlais :

" HE, de la tronche ! Si t'as envie de te barrer, bah tu reprends le volant et tu dégages ! Quoi, y a des lignes qui t'empêchent de nous doubler ? DES PUTAINS DE LIGNE ??!! Bah tu les dépasses les saloperies, elles vont pas bouffer le pneu de ta voiture de merdasse, nan ?! Si je te foutais des lignes sur la gueule, t'arrêterais de parler de peur que tes postillons se la croisent ?! Et si je t'en peins des bien blanches autour de ta caisse, maintenant, tu pourras plus bouger après ?! J'espère que t'en as profité pour mater notre plaque d'immatriculation, connard ! et que tu vas aller chouiner auprès des flics parce que des salauds t'ont obligé à prendre un peu de liberté ! Pour des connards de conformistes, ça doit être une épreuve traumatisante, ouais !!! Maintenant, tu rentres dans ta caisse avant que je fasse rentrer dans ton pare-brises, tu serres bien fort les pois qui te servent de couilles molles et tu nous dépasses, ducon ! Et pour te consoler, tu peux même allumer le clignotant, ça te donnera bonne conscience ce soir devant ton écran !!! "

Après cet épisode et le reste du trajet qui passa plutôt vite, on arriva finalement au lieu de l'événement, et je sentais déjà la tension environnante. Je l'envoyais foutre, j'avais pas peur, si je commençais à flancher juste parce qu'il y avait pas de pisseuse, autant que j'aille imprimer les paroles de la Fontaine et que je les récite sans bafouiller. Après qu'on reçut notre endroit-à-nous, notre camp, là où on allait se déployer et frapper mal, ainsi que le badge que je me dépêchais de fourrer dans ma poche, j'aidais Josh à décharger son matos. Pour le coup, je touchais à rien de ses goûts et de ses préférences, il gérait son côté technique de la besogne, j'avais juste besoin de savoir comment ça cogitait chez lui afin de voir si je pouvais formater mieux mes textes histoire qu'il les retranscrive. Mais avec plomb, sans plomb, bombe ou pinceau, par sceaux ou par palette, grattoir ou éponge, il avait le choix des armes et je m'occupais pas de ça. Il me laisser m'occuper de filer le texte et de brandir nos hurlements, lui, il retranscrivait tout.

Je savais qu'il aurait le plus complexe, le Josh, parce si vous me donniez dix mots, je vous les fous dans n'importe quel sens même si je suis pas en forme, mais ils sont tous incorporés dans le texte quitte à pas faire un beau puzzle et à ce que certaines pièces soient forcées de cohabiter entre elles, mais derrière, si je foutais pas un haut standard exploitable, c'était à lui d'entrer dans le pur imaginaire, avec un visuel qui allait demander une puissance artistique et un maîtrisé de toutes les techniques proprement hallucinant. Je collais des mots entre eux quand lui devait peindre des idées ; ma seule crainte venait de là en fait, ce transfert entre un texte difficile pour une oeuvre qui devait l'être encore plus. Pis, y avait la gestion du temps aussi. Je blablatais en quelques secondes, c'était pas la même vitesse pour la bombe. Josh avait travaillé sa vitesse, j'le savais bien, mais entre un piéton et une voiture, pas de course possible, et comptez pas sur moi pour bûcher, creuser des arrêts dans ma logorrhée ou étirer les voyelles jusqu'à les claquer.

Je balisais pas, jamais, c'était pas moi de baliser, j'étais pas venu faire concurrence aux autres, mais les supplanter. C'était un défaut, je le savais bien, mais comptez pas sur moi pour trembler dans ces moments-là. Y avait pas la guerre, là, vous étiez contre les Anartist's Brothers, vous nous voyez encore rien parce que vous connaissez pas, mais dès que vous aurez subi l'ouragan, vous vous sentirez pâles et vous arrêterez la compet' juste derrière. Vous pouvez avoir les crocs, seront pas aussi longs que les nôtres, vous pourrez avoir de l'art qui tremble et en jette dans la trogne, vous crèverez pas le ciel comme nous avec, vous êtes des solides mais on est des blocs. Vous pouvez me dire que je les sous-estimais, je vous en voudrais pas, c'était certainement vrai, mais c'était pas pour ça que j'allais pas me mettre au-dessus de mon maximum. Ça, plutôt crever. Je jouais jamais de mécanique si j'étais pas capable de soulever les tonnes que je promettais, et si je m'en sentais l'envie, d'y aller avec un seul bras. En tout cas, je revins vers Josh et je lui dis, histoire de nous rassurer en nous plongeant déjà dans le bain :

"Je t'ai déjà briefé sur ma partie, chais pas encore avec quel mot on va être assaisonnés, mais tu vas devoir t'attendre à du symbole à fond, ou à de l'expression imagée qu'aura rien à voir avec le sujet. Je vais essayer d'immiscer les mots surprises dans le thème du monologue, mais si c'est pas possible, je t'envoie le thème que j'aurais inventé et je te caserai tous les mots en parallèle ; ça sera simple, mais sale. J'essaierai de donner le plus d'images possibles à peindre, t'as déjà des idées de choses que tu veux que j'insère, des ancres sur lesquelles tu pourrais dessiner le reste de mes phrases ? Genre, si on nous envoie des animaux, que je sorte le mot Arche ? Ou jungle ? En tout cas, je te dirais rapidement pendant la préparation les mots sur lesquels tu pourras rebondir et les autres qui sont peanuts, juste là pour le défi mais pas pour le fond. "

Pas facile ce que je demandais, mais on était déjà rodés en fait. Pour me préparer, j'avais listé par thèmes tous les mots qui pouvaient exister afin de pouvoir savoir comment les foutre dans mon récit. Facile, si je reprenais le thème "Animal", je pourrais soit emprunter des caractéristiques de l'animal (sans le citer), soit en faire une image d'une partie de la populace (dépendait de quel animal), soit trouver une expression pour les caler, soit, encore plus dur, déchirer le mot, et le dire sans en parler, genre, "Le Guet part" au lieu du guépard. En plus d'animal, j'avais les ustensiles (fourchette, télé, tapis, papelard), la philo (recherche, sérendipité, épicurien, calme, pensées), les éléments de Platon (feu [flammes, lave-chaleur-soleil], eau [glace-buée-liquide], terre [plaques, sol, roche, sable], vent [air, courant, cieux, foudre, nuage]), la météo, la ville, la politique, la botanique, la révolution, le futur, le passé, les émotions, les véhicules, les adjectifs, l'humain, le corps humain, les lois-mœurs-valeurs, les matériaux, les métiers-rôles, les comportements, l'art-beauté-oeuvre, les verbes, la nourriture, les événements, les trucs chiants (mathématique, économie, leurs outils), la géographie (villes, rivière, pays, montagne, continent). En complément, j'avais posé quelques questions à Sagitta afin d'être balaise en étymologie et comprendre l'origine de certains termes, histoire que je puisse tenter de me dépatouiller au cas où une saloperie que je connais pas me soit envoyé dans la gueule.
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"The Anartist' Brothers" (ACT I) Empty Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I)

Message par Admin Jeu 17 Sep - 10:55

Le mariage et les enfants étaient certes un plus riche sujet de conversation que le sexe, et il eut été malhonnête de ma part de le nier, mais, par Jupiter, il n'en existait pas de plus perturbant, de plus révoltant. A fortiori aux yeux d'une anarchiste de mon espèce. Pour commencer, il était extrêmement difficile de faire changer quelqu'un d'avis sur le sujet - or, en l'occurrence, Abbey, Josh, Nath' et moi partagions tous le même point de vue, bien que les justifications divergeassent sans doute, ce qui rendait d'office un éventuel débat inintéressant -, et de toute façon, quel que soit notre avis sur la question, il n'avait pas la moindre valeur aux yeux du monde. Tu veux des gosses? Non? Haha, on s'en fout!
Et puis, merde, ça avait le don de m'énerver. Et, manifestement, c'était aussi le cas pour mes trois compagnons de voyages, et ce, nous en eûmes la preuve lorsqu'Abbey prit la parole pour renvoyer la balle - ou plutôt, la grenade - à Nathaniel. Néanmoins, il ne daigna pas répondre. A quoi bon, de toute façon? Nous étions tous d'accord pour dire qu'avoir des mômes, c'était de la merde. Ajoutez à cela que nous étions tous suffisamment sur les nerfs pour ne pas avoir besoin de s'engueuler entre nous par dessus le marché. C'était que si l'on mettait quatre grandes gueules dans la même boîte de tôle comme on n'en faisait plus, il ne fallait pas s'étonner que les flèches fusassent de toute part.
Et cela se vérifia quelques minutes plus tard. Enfin, disons plutôt un quart d'heure, voire vingt minutes: nous étions arrêtés à un feu rouge. Et paumés. Je restais nez collé à la fenêtre tandis que Punkass et Josh bataillaient avec la carte. Après tout, je ne leur serais d'aucune aide. Je n'étais retournée au Japon que depuis un an, aussi ne connaissais-je en rien les alentours de la ville. D'ailleurs, même en son cœur, je manquais singulièrement de sens de l'orientation, et je comptais plus sur Fortuna que sur les cartes et l'application GPS de mon portable - à laquelle je ne comprenais rien - pour me guider à bon port. Piétonne un jour, piétonne toujours. De toute façon, ce n'était pas comme si j'avais les moyens de m'acheter une voiture... Même une caisse de bière à roulettes comme celle de Josh! Mais cessons de paraphraser. Nous étions donc à ce fameux feu rouge depuis relativement longtemps, du moins, ce fut la conclusion que je tirai lorsque j'aperçus, à travers la buée dont mon souffle avait couvert la vitre, un homme suffisamment corpulent, à vue d'œil, pour me faire tomber par terre en une pichenette - bien que je ne fusse pas du genre à céder rapidement aux coups - marteler la fenêtre du conducteur. Tant bien que mal, ce dernier fit tourner la manivelle gémissante d'une autre époque pour pouvoir aisément converser avec le trublion. Ce dernier arrosa notre pilote d'une pluie de postillons et de réprimandes braillées sur un ton franchement désagréable. Il n'en fallut pas plus pour nous faire démarrer et envoyer en un chœur des plus mélodieux une flopée d'insultes et d'objurgations vibrantes à la diversité de laquelle je participai activement en employant tous les langages que je maîtrisais un tant soit peu pour démontrer la bêtise plus qu'évidente de l'importun. Ce dernier pâlit d'ailleurs lorsque Nath sortit de la voiture - et de ses gonds - pour lui donner un aperçu de ce à quoi ressemblait un anar au sang ardent que l'on mettait en rogne, et ce fut Josh qui mit un terme à l'altercation en appuyant sur l'accélérateur dès que Punkass eut terminé sa harangue enflammée, et en envoyant foutre, au passage, le feu alors repassé au rouge.

La voiture s'arrêta devant un immense bloc de béton. Mes lèvres s'étirèrent d'un large sourire tandis que je sortais de la voiture et aidais Josh à transporter son matériel au cœur du hangar désaffecté. Déjà, les artistes s'affairaient autour de leurs stands, entre les murs immenses et encore vierges. Ça puait l'underground à plein nez, et je humais ce parfum de peinture, de renfermé, d'angoisse et de gloire, tête rejetée en arrière, sans me soucier de la bizarrerie de mon attitude. Cette odeur, cela changeait des bars miteux: eux ne sentaient que l'alcool bas de gamme, la misère, le désespoir. En y entrant, armée de ma guitare, je savais bien que rien ne m'attendait au terme de mon concert, sinon un Sapporo, quelques centaines de yens, et mon humble logis. Mon public se rendait à peine compte de mon existence, et, en un an « carrière », je n'avais été complimentée que... Deux, trois fois? Cinq tout au plus, et encore. Et c'était toujours une surprise. C'était bien simple: traitez-moi de vendue, et de que sais-je encore, mais je faisais principalement ça pour l'argent. En même temps, si c'était la célébrité, que je cherchais, je ne serais pas allée étouffer le son de ma guitare entre les murs délavés et les scènes grinçantes. Or, dans ce hangar, c'était différent. Les rayons de soleil qui perçaient la semi-obscurité caractéristique de ce genre de manifestations mettaient en lumière les concurrens absorbés par leurs préparatifs et la tension omniprésente qui faisait vibrer le frais air matinal. Et surtout... L'espoir.
L'espoir, l'espoir, répandait son parfum captivant, oppressant entre les vastes pièces, couvrant un peu plus à chaque minute l'odeur mélancolique de déréliction qui stagnait auparavant entre les parois de béton. Car c'était cela, l'underground. L'odeur angoissante de l'espoir venant se mêler à celle de la désolation.
Ce n'était pas un concert, certes, et encore moins le mien, mais cette ambiance, je la connaissais par cœur et ne m'en lassais pas. Or, en ce jour, c'était au tour de Nath' et Josh de se mesurer à elle, de la défier et de lui montrer en quoi ils méritaient de la recroiser un jour. Bras croisés sur mon ventre et sourire assuré aux lèvres, j'observais l'agitation ambiante de mon regard moqueur. Nath vint à moi pour me poser quelques questions sur les secrets que la langue française avait hérités de son ancêtre latine, auxquelles je répondis avec l'empressement passionné que l'on retrouvait usuellement dans ma voix lorsque je m'adressais à mes élèves latinistes. Avec l'arsenal de termes latins dont je l'avais armé en moins d'une minute, il pouvait aisément prétendre rivaliser avec Cicéron, ce qui voulait dire beaucoup, sachant que j'étais ordinairement avare en compliment.


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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mar 5 Aoû - 20:12 Répondre en citant


AVEC — JOSHUA, NATHANIEL & SAGITTA




Evidemment, je n'attendai aucune réponse de la part de Nathaniel, alors son silence ne fut une surprise pour personne. En même temps, 'fallait franchement pas être un génie pour capter que mon but était seulement de changer de sujet. Et c'était assez étonnant lorsqu'il se taisait, en fait. Tous les mots qui sortaient de sa gorge (probablement rouillée par les clopes) avaient une telle puissance que l'on se sentait obligé de les écouter. Chacune de ses syllabes fouettaient l'air, comme des tapettes à mouches; si bien que lorsqu'il fermait son bec, ça manquait carrément d'action.
Au moins, tout ça avait le mérite de me faire comprendre pourquoi Josh' l'avait choisi pour ce projet. M'enfin, Nathaniel avait beau être à l'aise dans ses mots, on pouvait tout de même lui reprocher son coté pas super délicat. Après, j'étais assez mal placée pour parler de ça : on me reprochait souvent mon vocabulaire pas franchement fleuri. BREF : j’attendais de le voir à l'oeuvre.

En fait, il n'y eu pas à attendre longtemps avant qu'il nous fasse part de ses talents de rhétoriqueur. Alors que nous étions arrêtés à un feu tricolore, histoire de trouver notre chemin, un automobiliste toqua à la fenêtre pour ensuite nous déballer un flot d'insultes, accompagné de postillons à la tiédeur alléchante ( lauwl ). Bon ok, on était pas du genre pressés, mais c'était pas une raison pour venir nous gueuler dessus comme ça. On avait plus quinze ans, merde. Puis de toutes manières, ça allait pas nous faire trouver notre chemin tout ça. Déjà qu'on était pas franchement gâtés par la nature, niveau sens de l'orientation... Puis autant dire que dès le moment où j'ai vu Josh' sortir son vieux plan tout froissé de la boite à gant, j'étais pas franchement optimiste. M'enfin, si ce trou d'balle ne savait s'exprimer qu'en braillant, ben on se devait de faire de même hein. Autant dire qu'on s'est pas retenus pour le coup. Dès que quelqu'un reprenait son souffle, l'autre revenait à la charge. On formait une puissante vague de jurons en tout genre, chacun amenant sa p'tite touche personnelle (c'est beau la diversité). Et autant dire que lorsque Nathaniel sortit de la voiture, je ne pu m'empêcher de l'observer avec curiosité. Oh pitié, était-il du genre à montrer les crocs, au point d'en foutre une à cet automobiliste un peu trop téméraire ?
Malheureusement, non. Mais je devais bien avouer que ce type aboyait plutôt bien, dans son genre. Un bon gros paquet d'insultes dans le vent, accentué par des expressions, ma foi, très imagées. Et dès qu'il remonta dans la bagnole, Josh' démarra illico.
Dommage, j'aurai bien aimé voir la tournure des évènements.

Quoi qu'il en soit, Nathaniel m'avait fait tapé une bonne barre ! Sur la fin du trajet, je ne pu m'empêcher de sourire en repensant à la gueule de l'automobiliste, complètement dépassé par la situation'. Et même Sagitta, qui avait été plus discrète jusque là, elle s'était révélée plutôt talentueuse lors de cet 'exercice'. Y'avait pas à dire : j'aimais bien les potes de Josh'. C'était un connaisseur, mon frangin. Il savait choisir ses amis, clairement. Quoi qu'il en soit, j'étais bien plus réveillée, désormais. Et lorsque la voiture se gara devant un grand édifice en béton, je senti comme une pression supplémentaire au sein du petit groupe.
Ouais, je savais à quel point Josh' tenait à remporter cette compèt', et Nathaniel aussi naturellement. Mais ce fut plutôt la réaction de Sagitta qui eu le mérite de m'étonner le plus. Visiblement fascinée par cet atmosphère, cette dernière s'empressa de sortir de la voiture pour aider les deux autres à décharger. Moi, il me fallu un peu plus de temps. Forcément, on me pressa à sortir de la voiture. Non sans grommeler, je m'activa l'espace de deux secondes, histoire de pas non plus être un boulet.
Mais je pris d'abord l'initiative de me détendre un peu les guibolles. Si bien que j'eu d'abord le réflexe d'étendre mes genoux, puis mes bras, et toutes mes articulations qui, 'faut bien le dire, avait été plutôt endommagées lors du voyage dans la voiture de Josh'. On était loin d'la Batmobile qui le faisait rêver étant gamin, et il était pas le seul à en payer les frais : j'avais mal partout bordel.

Puis tout ce p'tit monde avait pas franchement prit le temps de m'attendre. Le coffre était déjà fermé, ils étaient tous parti rejoindre le fameux stand.
... Bon.

Je parti à leur recherche, non sans observer les alentours. Un petit air de Street-Wear dans les fringues des participants, mais une ambiance pas franchement festive... Chacun s'installait, testait ses bombes de couleurs, et ne prenait pas vraiment le temps de discuter avec son voisin. On se serait cru aux portes d'un exam', et tous les genres d'élèves étaient présents. Du premier de la classe, en passant par le type absolument pas organisé, jusqu'à celui qui y va "au talent maggle". En bref, pour l'instant, c'était pas franchement l'éclate. Forcément, tout ça commencerait à bouger par la suite, surtout que les jurys étaient déjà prêts à noter les premiers candidats.
Et lorsque je retrouvai mes compagnons de route un peu plus loin, j'eu un sourire en coin en voyant Josh', s'exerçant sur quelques panneaux. Tandis que Nathaniel lui parlait, j'arrivai derrière mon frangin et entourai mes bras autour de ses épaules . Il était tendu, ça se voyait. Et son pote aussi d'ailleurs.

« Alors, vous êtes prêts ? J'ai envie de voir c'que ça donne, moi. »

Après une moue de gamine impatiente, j'ébouriffai la crinière turquoise de Josh', histoire de le taquiner un peu.





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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Jeu 21 Aoû - 16:03 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message

Le mot "autiste" est un brin trop fort, mais c'est ce qui s'apparenterait le mieux pour décrire le comportement de Joshua dans ces moments-là. La mine sérieuse, principalement rivée sur son espace à lui, "sa chapelle" comme il disait. Sans parler de religion, ça portait plus là, la définition de "terrain de jeu à lui". Cette chapelle comprenait: le mur qui lui était destiné, avec dans un coin, trois feuilles volantes gribouillées de crobars scotchés sur la surface vierge, d'images qu'il aimait, et l'aidaient à rentrer plus facilement dans sa bulle, d'un mini post d’où sortait une compilation de sons comme "Wax Tailor" pour le cloisonner bien dans l'état d'esprit souhaité, les panneaux fraichement peinturlurés présentant un bref aperçu des mariages de couleurs possibles, et ses bombes, rangées par gammes chromatiques en un demi arc de cercle. Toutes ses petites choses réunies composaient sa chapelle, et fallait pas y pénétrer, c'était comme rentrer dans l'antre du grizzli, reste pas là si tu veux pas te faire bouffer.

Mais finalement, c'est Nathaniel qui vint frapper à sa bulle le premier, d'abord il grogna un "mmh?" avant de se reconnecter au reste. De se rappeler que c'était son partenaire, là, qui venait le briefer, et pas un boulet qui veut une photo souvenir. Alors il se redresse, l’écoute, s’imprègne de son discours, et sort pour toute réponse :

- J’peux pas t’en dire plus à l’avance, les idées fuseront quand les mots seront balancés, on verra à ce moment-là si on part sur du gai ou du triste, de la savane ou de l’urbain, je te dirai mes couleurs, on mixera nos impressions, et on verra comment ça part selon ce que ça nous insp… Aaaaaah putaaaaaain !

Ça, c’était Abbey. A peine plus raffiné qu’un bulldozer en approche, sa belle gueule de blondinette en prime. Lui sautant à la gorge, elle lui bloqua bientôt le haut du buste, empêchant son bro’ de papillonner avec ses mains comme à son habitude. Si elle avait été un chien, on aurait vu sa queue balayer l’air avec désinvolture et insouciance, la langue pendante et la gueule offrant un sourire béat du batard heureux de vivre, et impatient de jouer à la balle avec ses acolytes préférés. Si Joshua n’avait pas été à ce moment-là d’humeur massacrante, il aurait admis que le flegme de sa frangine l’aidait à relativiser et à décompresser. Mais là, sur le coup, il ne lâcha qu’un râle agacé :

- … Tu vois pas qu’on s’prépare là bordel ?

Il soupira bruyamment et ferma les écoutilles pour ne pas à rentrer dans ce jeu bien trop coutumier du « J’gueule plus fort et c’est moi qu’aurait le dernier mot même si j’ai tort, eh OH, T’ECOUTES ? » propre au Sullivan. C’était pas l’heure pour les engueulades familiales, alors autant laisser couler et se reconcentrer sur leur prestation à venir.

Mais alors, le guignol, présentateur de l’évènement, commença son show. Joshua baissa le volume de son post de radio, et son attention se tourna vers lui, pendant qu’Abbey s’adonnait avec entrain à battre par à coup sur la tête de son ainé à l’aide d’un bout de tôle. Elle s’y appliquait avec énergie et plaisir mais ne reçut, hélas, pas le moindre kopeck d’attention de la part de Joshua, qui de toute évidence, semblait bien trop absorbé par l’évènement pour rentrer dans son jeu. Puis, pour qu’elle cesse définitivement son manège, il se retourna vers elle et lui scinda la bouche de son masque.
Muselière: done. Couché sale bête.
Abbey en fut sur le coup si surprise, qu’elle arrêta net ses jappements.

Le présentateur leur énonça la liste de la quarantaine des participants, placardée sur un écran avec les heures de passages approximatives de chacun. Certains graffeurs, bien connus du milieu semblaient être les coqueluches de l’évènement, et à l’entendre bavasser ainsi, les pronostics semblaient déjà fait sur les finalistes à venir du concours. C’était pas limite si, d’office, ils mettaient hors-jeu les nouveaux débarqués comme eux. Ça commençait à gronder sévère à l’intérieur du molosse aux épis turquoises, et il grogna sans s’adresser à qui que ce soit en particulier :

- Mais faites le taire ce pisseux, d’où il se permet de l’ouvrir si fort pour dire de la merde… ?

Puis enfin l’évènement débuta. Le bouffon se contenta de relire la petite fiche explicative du premier graffeur à se lancer avec le timbre et l’élocution digne d’un animateur de "Skyrock". Un attroupement de spectateurs s’assembla autour de l’artiste, et bientôt, de là où ils se trouvaient, ils n’en voyaient plus rien. « Pas plus mal. » Se dit Joshua, qui n’avait pas envie de voir défiler les cinq candidats avant eux. Il brancha des écouteurs sur son post, et vissa le caoutchouc dans ses oreilles, passant la piste suivante, "The Games You Play".

- Vous gênez pas pour aller voir les filles. Il jeta un œil vers Nathaniel, et ajouta : Perso, j’vais continuer à me dérouiller le poignet. Et toi ?

A la réponse de son camarade, il hocha simplement la tête et retourna dans sa chapelle, histoire de combler l’attente sans perdre leur objectif de vue.

Spoiler:



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Merci Kato Iga pour ce génialissime dessin. Tu sais que je t'aime beau frère?

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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mar 26 Aoû - 21:17 Répondre en citant
Pas l'adepte de la préparation, l'Nath, pas vraiment, nan : ronger le mors, je laissais ça aux chevaux quasi-aveugles. Quand j'arrivais quelque part, je voulais y bouger et faire mon bordel. Mais attendre, patienter, se calmer, se reposer, perdre son énergie, la roue qui tourne dans le vide, c'était le genre à me vider ou à me péter les burnes. Je considérais que Josh et moi, on était prêts, ça faisait dix ans qu'on l'était, carrément, y avait pas besoin d'entraînement, pas besoin de se lâcher, pas besoin d'aller chopper quelques infos rapides de dernière minute, parce que tout ça, c'était que des complications moutardées de stress qu'allaient pas nous aider à garder le sang-froid ; comme une bagnole avec un problème au liquide de refroidissement, la seule façon que y avait pour me baisser la température était de foncer sur l'autoroute pour que le vent congèle le moteur à la place du congélo en eau. Parler avec Sagitta au moins, je me tapais l'utile et l'agréable d'un seul bloc : la voir causer me permettait de décompresser rapidos, et si en plus, elle me donnait quelques ficelles à utiliser, bah, je répondais présent quoi. Après, quelques loubards intellectuels pète-couilles pourraient ramener leur savoir et me charrier que le latin et les idéogrammes nippons, ça avait que dalle à voir ensemble, et je leur répondrais que c'était le problème des langues, pas le mien. Ce qui m'intéressait, c'était la logique et la création des mots, me découper des syllabes et m'absorber le mécanisme pour comprendre comment ça tournait, comment les bidules se collaient ensemble pour que ça te crée un mot, du son avec de l'énergie, une étiquette de pouvoir sur les choses.

Josh, de son côté, à son cabanon de peinture, de gouache liquide et de panneaux inspirants, il était pas à cent pour cent à fond, je le sentais tendu comme le balais de ma chère (chair) et tendre, mais comme je le connaissais, il avait pas besoin d'aide de ma part, il serait en forme quand y en aurait besoin. Le stress, c'était une saleté qui avait le bon ton de se barrer dès que les choses sérieux aux gros bras se rappliquaient. Je crois que j'en avais aussi, fallait pas dire l'inverse, surtout que la tension était montée depuis et que je voyais la concurrence peinturlurée et habillée comme nous qu'on allait devoir défoncer à coups de muses. Je me sentais pas amateur, mais en même temps, je me sentais pas comme eux, on naviguait pas dans le même cercle : pour eux, j'avais quasi l'impression que leurs arts était une finalité en soi, qu'il suffisait qu'on écrive "liberté" sur un mur de trois coloris différents pour que les pigeons qui passent devant recherche le ciel pour s'y envoler ; désolé les gars, les minables avec des bombes remplis de la couleur inutile, mais quand t'as des gens qui passent devant vos tags de fortune sur des murs de brique dégueulasses, la première chose qu'ils font, c'est de prendre la liberté d'appeler le service de nettoyage pour qu'un karcher vous remercie d'avoir dépensé des balles dans un magasin pourrave des bas-quartiers, rien d'autre. Va falloir crier plus fort que ça ; pas de chance pour vous, Josh savait hurler rien qu'en appuyant sur ses détonateurs, et il vous recouvrait le mur d'un message qui va vous "liberté".

En attendant, le gars s'isole, il va broyer son noir à lui, et à ma question, il répond un long "on verra" avec trop de mots, et j'hausse les épaules pour dire okay, mais il avait intérêt à être dispo quand on aurait besoin de lui. La p'tite Abeille se dépêche de le piquer au vif en rentrant dans le sanctuaire, et elle a de la chance que les humeurs de Josh soient volatilisées par la voix du commentateur qui déclare l'événement ouvert, parce que je le connais, le punk, quand il est pas content, y a un mur qui a vite fait de se briser, et votre tête est maintenant un œuf la coque ; je pense même que pour sa sœurette, il baisserait les tarifs de la castagne.

J'écoute, comme tout le monde, je m'étais légèrement approché, et j'attendais de savoir quand est-ce qu'on allait passer. Premiers, ça nous ferait pas de mal, ça nous éviterait de baliser devant l'éventuel talent qu'avait pu germer dans les doigts en-face, et avec un peu de bol, si notre prestation déménageait, on saperait l'herbe sous le pied de ces pauvres gars. Tout comme le compère, je saisis que le type au micro semblait partial comme la Russie et qu'il se persuadait que comme d'hab, ça serait les mêmes loulous à foulards qui décrocheraient la palme, hé, y avait des guests dans les environs, qui serviraient certainement leur même soupe de muse sans chercher trop les risques. A-côté de moi, l'atmosphère se réchauffe : le sang de Josh bouillit. Idem pour le mien, mais au lieu d'un clash, c'est mon sourire canin qui dévoile mes quenottes que je balance face à l'assurance des taulards en-face. Dès qu'il termine son speech et que l'événement commence, je pose une main sur l'épaule de Josh et je lui balance en me retournant :

"Les colonnes les plus longues sont celles qui s'écroulent le plus facilement. Et nous, on va faire tout ce qu'on sait faire de mieux : brailler, et défoncer des colonnes."

Et v'là que le premier jojo attire les foules jusqu'à s'en faire une carapace bariolée d'intéressés, et mon pote invite les deux filles à prendre leurs aises tandis qu'il retourne lui-même dans sa grotte multicolore. Je l'y suis sans dépasser la frontière, et il me demande ensuite ce que je compte faire. Dans ces moments-là, je fais la seule chose qui me permet de refroidir le moteur :

"Je vais marcher, p't'être courir, ça va m'faire passer le temps. Continue à te branler dans ta peinture, tu m'appelles dès que le précédent commence son oeuvre."

Ensuite, je me barre et j'le laisse se concentrer comme il l'entend pour qu'on soit à fond dés le départ, tous les deux, le duo des Anartist's Brothers. Au cas où ça lui valdinguerait par-dessus la tête, je demande à ma Sagitta de me prévenir aussi quand je devrais rentrer au bercail pour speecher notre future victoire, et je lui souhaite bien du courage pour supporter la foule ; je la sentais p't'être légèrement excitée. Je pouvais la comprendre, quoi, une foule pas composée uniquement de chieurs et de pisseuses sur le trône nippon, ça avait de quoi se demander pourquoi on faisait un concours débile et pourquoi on n'irait pas s'envoyer dans les rues pour soulever des pavés et défoncer de la brique et servir enfin à quelque chose. Mais fallait faire gaffe, car dans la lie des révolutionnaires, y avait juste des artistes underground qui se cachaient et qui étaient aussi hautains que leur compatriotes qui dictent une symphonie de Bach à cent instruments en-face jouant pour les Ministres ; les artistes avaient un problème d'égo qui les tiraient dans le mauvais sens ; le contraire de moi, quoi, c'était justement un de mes moteurs. Généralement, ils arrivaient, ils te "révolutionnaient" l'art urbain à dix-sept piges en recyclant les pires merdes qu'ils pouvaient trouver, voulaient être proches de leur camarade, mais dès que l'occasion s'en présentait, ils échangeaient leur signature contre un paquet de fric et un gros cigare de machiste, et hasta la vista merda, v'là les putes de Chicago qui lui font saigner le gland à forcer de frotter. Quand on pensait alternatif, y avait ceux qui pensaient "une nouvelle façon de vivre" et les artistes qui disaient "MA nouvelle façon de vivre".

Maintenant que je suis bien dehors, à l'extérieur, je retrouve l'air pur (tout est relatif, faut pas déconner), libéré des gaz toxiques que libèrent les bombes, et je commence à marcher. Déjà, j'évite de courir, j'avais pas envie de prouver quelque chose, et courir me rendait direct agressif, ça me faisait tourner trop vite et dès que je terminais une course, j'avais envie d'arracher la gorge à coups de niaque d'un costareux, pis ensuite, fallait pas non plus que je fume ; je respectais trop ce que j'étais capable de le faire pour oser essayer de le rabaisser par quelques fumettes. Marcher simplement, nan, y avait finalement rien de mieux au monde pour se détendre et pour remettre tout au clair ; dommage que la société apprenne plutôt à ses brebis de trotter ; y avait peut-être une clef à saisir là-dedans... Mais qu'importe, je marche longtemps, selon mon échelle approximative, et longtemps, ça signifie que je marche bien comme il faut, je réussis à prendre du recul sans quitter l'événement des yeux. J'allais devoir affronter dix mots, rien de plus. Mais les mots étaient des outils puissants, si je faisais pas gaffe, j'allais en crever, et j'emporterais Josh avec moi. Le pire qui pouvait m'arriver, c'était de faire du raccord facile, et le mot serait une verrue sur l'ensemble du texte ; je devrais exploiter un minimum chacun des mots pour prouver qu'ils ont une existence, mais sans y sacrifier la cohérence de l'ensemble, ainsi que sa fluidité. C'te tâche, en improvisation please, Josh avait des fois de ces idées de merde.
Je l'adorais.

Ce qu'il me fallait, en fait, et là, c'était ma responsabilité de cracheurs de mots, c'était un thème. Dès le départ, je devais parcourir des thèmes très vastes dans lesquels je pourrais inclure un nombre suffisant de mots pour ne pas être inquiété. J'avais la liberté, le combat contre l'oppression, et la liberté contre l'oppression ; faudrait que je change de registre, ça ferait à Sagitta une bouche en rond de me voir déblatérer sur autre chose que le gouvernement. Mais bon, difficile de dire ce qui allait nous tomber sur la tête. Parce qu'en fait, le pire, c'était pas finalement que les mots se ressemblent pas ; ça, c'était l'évidence, on s'attendait à tous à ce qu'ils divergent complètement les uns des autres, et je voyais bien nos concurrents qui se mêlaient à la foule pour écarteler notre sujet ; mais v'nez donc nous tester, essayez de voir jusqu'où on peut aller, parce que désolé pour les feignasses, mais les limites, c'était juste un mot de votre vocabulaire. Josh et moi, on était trop volatiles pour se laisser prendre ainsi, on était capables de voler et d'inventer ; la forces des roukies qui ont des crocs. Cependant, si les mots avaient tous un thème entre eux, là, ils allaient pas écarteler, mais comprimer notre sujet au peu de substance qu'on pourrait en tirer. Genre, vous m'envoyez "Addition, club, Balladur, flèche, broc", je vous pondrai un truc, mais si vous y allez avec "Fourchette, couteau, cuillère, assiette", vous me coffrez dans un sujet où j'allais avoir du mal à me dépêtrer. Fallait que j'imagine toutes les possibilités. Et pour ça, fallait que je sois à plat.
Prête, muse, prépare les munitions, va falloir dans pas longtemps, mitrailler du talent.
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Sagitta A. Backlund

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& Blabla ;;: • Professeure particulier de latin, français / basse, batterie, guitare.
• Guitare soliste de Pharsalia
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• grande de taille et très maigre • cheveux noirs, rasés après Ogayama, yeux gris, peau pâle, taches de rousseur • oreilles percées aux cartilages et deux fois aux lobes • porte surtout des vêtements gris à noirs, des t-shirts de groupe de rock/metal, de grosses bottes en cuir et des bracelets cloutés • sac à dos en cuir noir en forme de dragon

• Madame Irmelin: belette domestique héritée de feu son second mari; robe blanche, âge inconnu.
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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Ven 10 Oct - 0:32 Répondre en citant

J'avais flâné dans le vaste hangar quelques minutes, le regard fixé sur le plafond obscur, lançant de temps à autre de rapides coups d'œil vers le trio de brutes avec qui j'avais fait voyage – pour voir successivement Josh et Nath parlant entre eux, Josh et Nath interrompus par Abbey qui avait bondit sur son frère... Entre autres. J'étais donc partagée entre rêverie et hilarité – malgré mes efforts, je penchais plutôt de ce dernier côté –, mais néanmoins, je tentais de retenir mes rires, histoire d'équilibrer la balance: entre un Josh manifestement sur les nerfs, un Nath que je savais bouillonnant d'excitation et d'énergie – et, peut-être un peu, car il demeurait diablement humain après tout, d'une angoisse inexprimable –, et une Abbey plus joviale que jamais, il fallait bien un facteur un peu plus neutre, un peu plus détendu, aux bottes solidement ancrées au béton et à la tête encore bien vissée sur les épaules, pour refroidir ce cocktail Molotov qui n'attendait que le petit choc qui en briserait le verre. Ce fut à peu près à ce moment qu'un larsen signala l'arrivée de ce qui devait faire office de présentateur. Délaissant le plafond des yeux, je me tournai vers les enceintes, tout en restant à respectueuse distante des grappes de monde agglutinées autour du personnage. Les lèvres pincées pour ne pas exploser de rire, je l'écoutais mâchonner son discours consternant d'amateurisme, avec une seule et unique pensée qui me tournoyait dans le crâne: enfin, les gars, vous valez mieux que ça. C'était vrai, ils méritaient tout de même un peu plus d'égard. Je ne connaissais pas vraiment Josh, mais par tous les dieux, d'après les dires de Nath, il y avait un talent sous sa charpente de boxeur qui n'était plus à prouver – quant à Nath, j'ai bien assez vanté ses talents d'orateur pour que le dernier des imbéciles puisse aisément en déduire que du talent, il en a aussi en doses destructrices. Non, vraiment, ils valaient mieux que ça. Bien mieux. Enfin, que ne fallait-il pas faire, et par où ne devait-on pas passer, pour atteindre les buts que l'on caressait... Je lançai un coup d'œil vers les joyeux lurons qui tiraient plutôt une tête d'enterrement – genre, enterrement où l'on a volé le cercueil – pour voir Abbey se faire verrouiller la bouche par le masque que Josh venait de lui enfiler, en y mêlant au passage des mèches de cheveux blonds. Aïe. Avec une tignasse aussi folle et fournie que celle de la jouvencelle, ça allait être délicat à retirer.
Mon attention se reporta sur le présentateur, des fois qu'il sortirait une information intéressante en dépit de son ton monocorde et peu professionnel – mais rien à signaler. Il énumérait les candidats par ordre de passage en octroyant à certains des commentaire qui en disaient long sur la partialité de l'organisation du festival. Et avec ce ton, ce ton insupportable, ce ton qui sonnait faux, qui me donnait envie de fendre la foule pour lui mettre une claque à réanimer un cadavre vieux de plusieurs mois afin de réveiller le bougre l'amener à y mettre un peu de bonne volonté. Ça ne pouvait pas faire de mal.
« Mais faites le taire ce pisseux, d’où il se permet de l’ouvrir si fort pour dire de la merde… ? »
Ah, ça, c'était Josh qui souffrait de stress pré-performanciel. Critiquer l'organisation, c'était un symptôme qui ne trompait pas. Et ce, même lorsque, comme dans le cas présent, il y avait largement matière à critiquer. Je lui jetai un coup d'œil amusé en haussant les sourcils d'un air compatissant, sourire narquois aux lèvres. C'était vrai, ce gars disait de la merde, il s'exprimait mal et d'une voix dont la pseudo-assurance écœurait tant elle était fade et insipide. De l'urine auditive. Je bouchai les écoutilles.

Mon regard s'intéressa plutôt au public, à toute cette plèbe de street-wear vêtue, dont la nervosité palpable troublait l'atmosphère pédante et tendue, puant l'espoir à plein nez, tournée vers la marionnette qui ânonnait sans doute encore des mots confus auquel j'étais obstinément sourde, ou vers son matériel, son petit univers, à la fois hostile et accueillant, qui, s'il avait été rassurant jusqu'alors, se révélait une arme dont on ne pouvait être sûre qu'elle était bien affûtée. Ni vers qu'elle cible, de l'artiste au public, elle se pointait. Remplacez les bombes de peintures par des basses et des guitares, les masques par des costumes et accessoires ornementés et couverts de paillettes qu'ils décuplent la lumière des projecteurs dont on est cependant encore loin, et vous avez les finalistes d'un concours de musique se préparant à monter de scène ou écoutant le speech du présentateur qui sortait manifestement de la même école que celui que nous farcissions là. Les disciplines varient et les attributs avec elles mais les artistes moyens, le commun des mortels, restent toujours à peu près les mêmes. Mais cela n'empêchait pas des exceptions à cette règle qui serait terrible si elle était générale.
« Vous gênez pas pour aller voir les filles. »
Ça, c'était l'exception aux cheveux verts qui me rendait l'ouïe. Je me tournai vers lui et hochai la tête, comme pour confirmer que j'avais bien entendu, après quelques minutes de surdité volontaire. Puis je me dressai sur la point de mes grosses chaussures, afin d'apercevoir quelque chose sans avoir à subir la promiscuité de la petite foule. Rien n'y fit. C'était frustrant, de ne pas être assez grande. Ça me pesait chez moi, et à présent au dehors! Je soupçonnais un complot: l'univers souhaitait me voir réduite à un simple petit tas de cendres grises. Il y réussira, tu le sais, ça. Oh, non. Je secouai la tête pour chasser cette voix que j'avais cru taire pour de bon. Et pour mieux la couvrir, je renonçai à voir et m'intéressai aux sons. Après tout, j'étais une musicienne. J'étais plus sensible la musicalité du monde qu'à ses couleurs: je les avais d'ailleurs bannies de ma personne.
Les murmures critiques d'une douloureuse mauvaise foi qui étaient soufflés de temps à autres par le public d'une voix se voulant connaisseuse et convaincante mais qui sonnait tout simplement faux, pourrie qu'elle était par le venin: voilà ce qui me parvenait en premier lieu. Et derrière, le bruit régulier et ténu des bombes de peinture, presque entièrement couvert par la bande son l'artiste. C'était un vieux truc électro des années 2 000, sans doute. Enfin, 2 000... Je disais ça au hasard. En matière de musique électronique, j'étais à peu près aussi cultivée qu'une huître. Enfin. Cet univers sonore était assez peu enthousiasmant. Il me semblait se traîner en longueur, et je me surpris plusieurs fois à lorgner sur la montre d'un jeune homme à quelques pas devant moi, et même à espérer le retour du présentateur. Enfin, j'étais malhonnête. Je ne savais pas ce qui se tramait sur les larges panneaux. Et c'était cela qu'il fallait juger, en théorie. Mais j'étais la flèche d'Artémis, pas la balance de Thémis. De plus, je ne vivais pas sous l'égide de Iustitia: je me faisais justice à moi-même. Que lui devais-je donc, à cette aveugle Iustitia? Que me devais-je de lui rendre honneur?
Ce fut avec cette idée nouvelle en tête, qui ne me rendait que plus critique et incisive, que je reportai mon attention sur les sons alentours. Le présentateur avait regagné son périmètre maudit qui le condamnait à l'absence d'éloquence... À moins qu'il ne fût comme ça tous les jours? Dans ce cas, je le plaignais sincèrement. Ce devait être difficile à vivre. Il présenta la candidate suivante, une grande perche dont je voyais le haut des cheveux rose, avec beaucoup d'égards qui signalaient plus éloquemment que des sirènes et des gyrophares que nous avions affaire à l'une des favorites. Elle lança quelque chose qui me sembla être une sorte de bouillie punk-wannabe braillée par une voix féminine pas très compétente. Je fronçai le nez en jetant un coup d'œil à Abbey, non loin de moi. Un regard qui signifiait « on est d'accord, c'est de la daube? »
J'ignorais toujours autant ce qui se tramait sur les panneaux, mais je constatait que le public était plus silencieux, et les quelques commentaires persiflés, plus acerbes. Il semblait que nous avions là de petits rebelles. Comme c'était mignon. La surdité au monde extérieur me parut de nouveau séduisante. Mais l'écho du rire cynique de mon interlocutrice d'adolescence chassa aussitôt cette idée. Plutôt mille fois une idole japonaise que cette voix infernale.
Et ça s'enchaînait. Ça mettait du temps, mais ça s'enchaînait. Le temps n'était qu'une vue de l'esprit. Et puis, temps fugit, disait l'adage. Inutile de lui demander de se presser, il fuyait comme bon lui semblait. Mais il fuyait. Alors, ça s'enchaînait. La blonde céda la place à un brun. Un défavorisé qui fut présenté très sobrement et d'une voix plus monocorde que jamais. Doublé d'un original qui choisit comme thème le bruit de la pluie. Intéressant. Et reposant, après la punkette blonde. Je fermai les yeux pour me concentrer sur le ruissellement des gouttes et le grondement doux de l'orage, si ténus et paisibles. Il n'y avait presque aucun commentaire aigri pour ternir non pas la prestation mais le fond sonore. C'était malin: le silence imposait le silence. Et hormis le silence des matins enneigés, et celui des salles de concert désertes, le plus beau silence, c'était celui, pourtant grouillant de bruit, des jours de pluie.
Le temps passa trop vite, sur ce coup. Il me semblait que l'averse venait à peine de commencer lorsqu'elle se tut. Dommage, elle m'avait plongée dans une douce somnolence. Dormir debout au son de la pluie était en effet une plus plaisante perspective que dormir dans un lit, sous des draps, avec une tierce personne – une tierce personne que je n'avais pas choisie, et qui souhaitait sans doute être ailleurs autant que moi.
Bon, la vérité, c'est que ce ne fut pas l'interruption de la pluie qui me réveilla, mais plutôt le moment où je manquai de m'écrouler et où je réalisai que malgré tout ce que je pouvais dire, c'était tout de même plus sécuritaire de dormir allongée. Mais, cher lecteur, si vous le voulez bien, nous nous en tiendrons à la première version des faits.
Il ne restait qu'un candidat avant les Anartist Brothers.
Cette affirmation jaillit d'un coin obscur de mon esprit sans prévenir. Son exaltante véracité me pétrifia et me réveilla pour de bon. Elle m'accrocha même un sourire béat aux lèvres.
C'était bientôt à eux. J'avais hâte pour eux. De cette hâte incertaine de qui redoute la performance d'une crainte égale à l'impatience qu'il éprouve à l'attendre. Une hâte vivace et nerveuse qui vibrait dans tous les os, tous mes muscles, et qui me laissait deviner le séisme qui agitait sans doute les entrailles des anartistes. Une hâte qui me rendait sourde à tout, des murmures à la bande son en passant par la voix qui hantait ma tête. En revanche, je n'étais pas aveugle, bien au contraire, et je devais me contenir et fixer mon regard sur un point égaré au milieu du petit attroupement autour du quatrième artiste pour ne pas lancer de très indiscrets regards en biais vers Josh ou ostensiblement chercher Nath des yeux comme la groupie en laquelle j'avais l'impression de muer.

Et enfin, enfin! Il arriva.
Cela devenait insoutenable. Mais il arriva.
Leur moment.



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"The Anartist' Brothers" (ACT I) Empty Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I)

Message par Admin Jeu 17 Sep - 10:55


Don't stop me now.

AVEC — JOSHUA, NATHANIEL & SAGITTA




- … Tu vois pas qu’on s’prépare là bordel ?

Par pur réflexe, j'imitai sa manière de parler, remplaçant librement ses mots, qui m'avait été jetés comme des punaises, par des 'niah niah niah' (chose que j'avais d'ailleurs l'habitude de faire depuis notre plus tendre enfance). Qu'est-ce qu'il pouvait être coincé parfois, sérieux.
Oui, d'accord... Je savais parfaitement à quel point cette compétition comptait pour lui, et pour son cher acolyte que je ne présente plus désormais. Mais honnêtement, il n'était pas nécessaire de me répondre de cette manière. Si j'avais VRAIMENT voulu le faire chier, je lui aurais flanqué un bon coup de pied dans le boule, histoire qu'il se mange un faceground monumental. MAIS J'L'AI PAS FAIT. Et vous savez pourquoi ? Parce-que je remarquai bien que tout le monde était tendu comme un string et que si j'osais en faire un peu trop, on allait encore m'accuser de tous les malheurs du monde.
Et encore, qu'il cherche à me repousser d'un geste d'épaule, ça, je pouvais encore l'accepter. J'veux dire, on peut tous être lourd à un moment donné, et en vue des circonstances, avec du recul... Bref, c'était tolérable.
Mais me museler la gueule avec son instrument de torture là, c'était vraiment indispensable ?! D'accord, sur le coup, ça me l'a coupé sec, et j'ai pas de suite réalisé que ce trou du cul venait de me rabaisser considérablement devant tout le monde.
Enfin, pour le peu de personnes qui regardaient... Mais c'est pas le propos : c'était la honte, bordel.

Et le pire, ce fut lorsque je sentis plusieurs mèches de cheveux s'emmêler dans l'attache du masque. Sur le coup, je lâchai un couinement pitoyable, tout en prenant de la distance par rapport à l'abruti qui me servait de frangin. Il me fallu être plus délicate que jamais pour réussir à libérer ma tignasse de ce bordel. M'enfin, cela ne m'empêchait pas de jurer comme une bûcheronne, mais au moins, je suppose que ça avait permit à tout le monde de souffler un peu. Même si je le dis, et je le répète : était-il VRAIMENT nécessaire de me faire subir une chose pareille ?
T'façon, je m'en foutais pas mal : la vengeance est un plat qui se mange froid. Bon, j'étais pas non plus tarée au point d'aller pisser dans son shampoing, mais j'pouvais être abominable quand je le voulais. Tu allais regretter ton geste, frérot.

Mais pour l'heure, je cherchais surtout à me dégager de l'emprise de cet objet du démon, avant que tout le monde ne me voit me taper l'affiche. Surtout que je sentais clairement la pression monter au sein du duo, à tel point que j'eus le temps de voir passer Nath' devant moi. Visiblement, le bougre n'avait pas cru nécessaire de venir m'aider à me sortir de là. Non, non, il préférait largement aller s'aérer l'esprit, ou alors fumer un dernier joint avant son passage. Sale punk va.
Ceci dit, Sagitta ne semblait pas non plus disposée à me prêter main forte. Comme à son habitude, elle était plantée là, à la fois au centre de tout et totalement éloignée du reste du monde. Les yeux fermés, elle se balançait doucement à pieds plats, et semblait écouter la pluie avec un calme que je ne comprenais définitivement pas. Sagitta, elle était toujours à contre-courant de toute façon. Mais j'la trouvais cool quand même, alors je ne disais rien.
Je me contentais de me rabattre sur moi même, tout en voûtant le dos (j'espérais, sur le moment, que ça me rendrait plus discrète et que ma situation aurait paru moins ridicule... Mh mh... ).

Et pile au moment où je réussi à retirer enfin ce foutu masque et à le plaquer, sans retenue, sur l'omoplate de Josh', je sentis un mouvement de foule glisser en notre direction. Sitôt, mon regard assassin, destiné à mon frangin, se métamorphosa en quelque chose de beaucoup plus inquiet. Quand j'observai tout ce beau petit monde par dessus mon épaule, je passai une main nerveuse dans mes cheveux encore emmêlés, essayant désespérément de les remettre en place. J'entendis Sagitta et Nath' revenir, mais cela ne m'empêcha pas de déglutir, et ce, de façon particulièrement sexy et féminine (joke).
En fait, sans savoir pourquoi, je commençai finalement à ressentir le stress. C'était étrange parce-que, pour l'heure, c'était pas à moi de faire mes preuves. Mais jusqu'ici, je n'avais tout simplement pas réalisé l'ampleur de l’événement. Et toute l'émotion venait de me prendre la gueule, d'un seul coup. Je me décalai aux cotés de Sagitta, histoire de bien montrer que je ne faisais pas partie des candidats. Je pris le temps d'observer tout le monde, de mon petit groupe à l'attroupement de personnes qui faisait maintenant face au fameux duo.
Le Jury, des spectateurs, et même une brochette de candidats...

« Les... 'Anartist Brothers' ? C'est bien ça ? », s'assura l'un des membres du jury.

Par réflexe, j’acquiesçais en même temps qu'eux, non sans croiser mes bras par la même occasion. Sa façon de prononcer leur nom m'avait clairement 'chiffonnée' sur le coup. Il avait l'air de les considérer comme des enfants, ou pire, comme des produits bas de gamme, dont on se débarrasserait une fois le spectacle terminé. On avait déjà repéré les coqueluches de la compétition. Et je ne pouvais m'empêcher de fixer tout ce petit groupe avec mépris. Personne n'avait le droit de sous estimer ma nouvelle petite bande, et encore moins mon frère.
De toutes façons, ils pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient : au final, ils allaient se faire dessus en les voyant à l'oeuvre.

L'un des membres du duo expliqua rapidement le concept, et demanda à tout ce petit monde de se mettre d'accord pour finir avec dix mots, qui seraient à la base de leur travail.
Les idées affluèrent, et les dix mots arrivèrent sans mal.

Décadence,
Ascenseur,
Maquiller,
Feutre,
Animal,
Jonquille,
Serpe,
Meurtrier,
Poulpe,
Foire.

J'eus un moment de vide. Mais genre, vraiment. Un vide intense.
D'un coté, je cherchais à me rappeler de tout ce qui avait été dit. Et de l'autre, je me demandais bien ce que j'aurais réussi à pondre à leur place. Dans ma tête, des brouillons insensés apparaissaient, sans que je puisse les contrôler. Tous ces mots, une fois mis ensemble, torturaient mes neurones. Je croyais me trouver dans le coté de la deep zone, du coté sombre d'internet que j'avais côtoyé lors de mes soirées glandages (peut-être que ça venait du mot 'poulpe' ? ). Quoi qu'il en soit, c'était vraiment trop weird pour moi.
Je ne quittais pas le petit groupe des yeux, que ce soit Josh', Sagitta ou Nath'.
Et surtout, je brûlai d'impatience.

... Allez les gars !






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Nathaniel Kezeyencko

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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mar 2 Déc - 2:00 Répondre en citant
C’était à nous de jouer, vite sur la scène, j’étais revenu en quequ’secondes aux côtés de Josh tandis que le présentateur nous sortait déjà son speech tellement assuré qu’il devait se l’écrire sur des bouts de papelard, hein, rien que pour la forme. Je m’en fichais de savoir si Josh était prêt, je savais qu’il l’était, c’était pas à moi de me soucier de lui, c’était un grand, et j’avais une totale confiance en lui ; il allait assurer sa partie. Comme de mon côté, j’allais gérer la mienne. Le public était maintenant en face de nous, le type allait terminer son discours, et bientôt, les mots allaient pleuvoir. Je me tins prêt, parce que chacun d’entre eux allait devoir se graver dans ma mémoire au fer rouge.

Dès que le gars a fini de nous présenter ainsi que le concept qu’on allait aborder, les mots pleuvent, pas rapidement, la foule se jette pas non plus sur l’occas’, mais dès qu’un mot est balancé, je l’attrape, je le dis haut et fort, autant pour eux que pour nous, et je tiens le décompte avec mes doigts. Voilà donc le topo, les dix mots, dix mesures, faudrait faire avec ces enfoirés. Malheureusement pour la foule qui veut me voir trébucher, y avait pas un défi aussi immense qu’espéré, je pouvais les caser en majorité facilement ; on aurait dû prendre trois fois plus, mais j’aurais eu besoin de carnet.

On a quelques secondes avec Josh pour faire le point, alors fallait y aller au taquet. Le thème quasi-malheureusement s’imposait de lui-même, ça allait être une sale critique contre la société parce que tous les mots gravitaient autour. Je pourrais essayer de m’en débarrasser en une seule phrase, mais ça manquerait de charme. Seul le mot « Poulpe » allait me causer problème, parce qu’il était carrément pas sérieux, ainsi que « feutre », qu’était pas le mot que j’employais le plus ; les deux étaient dangereux non pas qu’ils seraient durs à caser, mais qu’ils allaient forcer le texte à s’adapter à eux, et ça coulerait pas de source, ça ferait « implant » sauvage, et fallait pas ça. N’importe quel con était capable de l’exercice, le but, c’était d’être naturel avec comme s’ils étaient prévus dès le départ. On vit tout le barzingue avec Josh, tout était bon, tout était calé et le temps était bientôt écoulé. Epaulades de frères, le show allait commencer.

J’oubliais pas que le clou de la journée, c’était Josh et ses talents, je m’écartais alors pour que tout le monde puisse le voir grapher comme un dieu sur la toile qu’il avait. Mais fallait pas que j’oublie de les hypnotiser tandis que la vie allait apparaître sur la toile, l’énergie furieuse qui habitait Josh. Il avait les instruments, j’avais les idées (grandement mélangées à des textes pré écrits), il attendait la première syllabe avant de se lancer.

Je déclamai alors, avec ma voix puissante et rauque, y mêlant mon énergie interne, tous mon corps et mes gestes, je parlais un peu lentement pour lui laisser le temps dont il avait besoin, ce qui m’empêchait pas de lancer des cadences à des moments-clefs. Ce fut ainsi que je slammai :


Public, je nous carre : Josh aux poils et peinture et murs, Nath qui parle, frappe sous la ceinture ; j’vous narre les Anars, gardant toute proportion, partition de la révolution qui s’écrira dans l’élocution des arts passion et marmitons de l’action.

On hurle à l’alternative, pour tous ceux qui foutent leur main dans la liberté et en ressortent avec de l’espoir plein l’esprit, pour ceux qui ont la rage de se faire violence pour pas se tuer faute d’allégeance à une machine qui remplace cœurs par bits en pensant qu’elle connaît nos bites par cœur, ceux qui veulent marcher sur les océans plutôt que de se faire mâcher le céans par un gouvernement, incapable de voir que la cadence des décadences le cadenasse à la créance qu’il doit aux gens et qui se soldera par un avis d’expiration, partez, vous avez trop joué au con. Incontestablement le pire nom trouvé à une machine, elle te bride tes envies et se croit intouchable, sa fausseté ne traduit-elle pas son désir dictatorial ? Japon, étable immense aux gens interchangeables, canon à la tempe, v’là ton almanach de la journée, t’as pas intérêt à tempérer, fais bien semblant de t’amuser avec ta muselière d’activités. L’Incontestable, une avancée majeure dans la civilisation, on a enfin inventé le viol mutuel ! et vas-y que c’est pour le bien de tous que tous pleure à pas aimer.

Résultat de la société : plus de toi, moi, vous, juste un total d’individus privés de leur liberté. Déjà que le travail, somme pyramidale d’ordres et d’ascenseur à sens unique, vous abrutit quand il ne vous asservit pas, voilà que vous n’avez plus le choix, que vous devez vous plier quitte à vous fendre même dans votre ménage, plus qu’à prier pour vous en accommoder, car c’est la prison à vie jusqu’à ce que vous en creviez. Plus de choix, plus de joie, que des lois de bandes de rats, coincé dans le paquebot qui sombre qu’est le Japon, en train de couler à cause du heurt contre la Constitution. C’est la déprime qui prime, toute la ville est colorée de nuances de gris, balancés par des millions d’esprit qui ne savent même plus comment comprendre la vie. Dégénération de générations, les sentiments sont des terres brûlées par la nation, le sexe n’est un produit qu’on vend à l’aveugle en flacon de corps, l’amour n’est qu’un ruban qu’on se permet souvent de ne pas mettre, et ton opinion, lui, tu sais où peux te le mettre ; j’accuse les costards de meurtriers déments : félicitations d'avoir assassiné la définition de « gens ».

T’avais le droit de procréer, l’Etat t’encule avec ; t’avais le droit de voyager, les costards t’arrêtent ; t’avais le droit à ta vie privée, t’as une puce qui te rappelle comment t’es emprisonné ; t’avais le droit de rêver, il est temps de se réveiller ; t’avais le droit d’aimer, sucré pour le droit de ne pas haïr ; tu avais le droit à disposer de ton temps libre, on te libère de ça, c’est fatiguant de choisir. Les citoyens ont des devoirs et des droits, mais le premier de ces premiers, c’est d’oublier les seconds. Réfléchis une seconde, t’es dans une immense prison, quadrillée, surveillée, dont nul ne peut s’échapper, ça priverait à l’ordi de jouer avec ses poupées. Si l’homme est un animal, bienvenue dans le zoo le plus inhumain de la planète, le seul cadeau qu’on aura sera un lancer de cacahouètes, et pas sûr que la majorité des singes réagissent tant ils semblent persuadés que leur vie normée est quelque chose de réaliste.

Aimer et voyager, si vous cherchez ces deux droits naturels, c’est dans tous les autres pays qu’il faudra aller les retrouver. A eux deux, ils peuvent définir l’humain, mais la morale alitée est la première à divorcer quand faut redresser les courbes de la natalité, une excuse humaniste pour mieux nous contrôler. Nous n’avons plus de jambe pour marcher, plus de tête pour s’introspecter, plus de cœur à donner, il nous reste juste les bras pour travailler, le sexe pour procréer et le corps pour nous faire croire que nous sommes vivants, tous à la chaîne, foire d’horreurs, on fait gaffe au rendement, on est des robots dont on se fout des sentiments, baisez en rythme, pondez les marmots, tant que vous chialez doucement. Aimer et voyager, deux verbes perdus qui participent à l’esclavage, aux clivages de l’esprit et à son émiettage.

Si aimer est plus fort que d’être aimé, ne pas être aimé est plus fort que ne pas aimer. Nous sommes des cellules solitaires, boulet de prisonnier de son conjoint comme lui est le nôtre, nous sommes derrière les barreaux comme nous sommes les barreaux, chacun est une pierre entourée d’autres pierres, créant le palace de ces putains de bourreaux ; tout tient par ciment, mais pas d’amour à l’horizon, juste de la haine et de la peur qui dans pas dix ans s’effriteront.

Chaque être a le cœur crevé d’amours impossibles, et l’égo qui pourrit que jamais on lui sourit. C’est un poison de l’âme d’être entouré de haines et de rancœurs, ça rend le cœur d’exister sans être aimé, ça crève d’envie de mourir condamné pour des lèvres frôlées, l’infidélité est devenue la belle cause à embrasser. L’Incondétestable vous calcule les points communs, met en couple par équations, sauf que les facteurs qui manquent défrisent tous les résultats, parce qu’on code pas l’attirance physique, la beauté de l’intérieur, et surtout, le charme qui te bouleverse tout ; le système qu’on a ne vaut pas les clous du cercueil avec lequel on va l’enterrer, organisons une procession qu’aura autant de cœurs que lui en avait pour nous. Bravo, ordi de pacotille, t’as créé une société de gens brisés, qui savent même plus ce qu’est l’amour, incapables de le reconnaître quand ils le croisent à un détour, esquintés sans comprendre pourquoi y a une chaleur qui leur manque, bousillés de se faire tabasser par des émotions qu’ils ne connaissent pas. Décès de l’amour, le cœur ne bat plus, le pouls peut-être ? on l’a perdu.

Anars dans tous ses états mais anars dans tous les Etats, la solution idéale à la coercition des valeurs est la frontière, le passage, le voyage, s’envoler où tu veux, vivre comme tu peux ; mais VLAM, terminé la poudre d’escampette, remballe tes gambettes, réserve-toi pour le sport de chambre en duo, enfermé dans ton studio, quatre mètres sur quatre qui t’écrasent. Le voyage fait vivre, l’isolation tue. C’est en voulant des enfants que le Japon se suicide, car on ne crée pas un peuple quand on lui fout une bride.

L’âge n’est que le nombre de bougies sur un gâteau ; on ne grandit que par kilomètres, ceux qu’on traverse de par l’univers du monde. On ne devrait même se mesurer que par le nombre de semelles écharpées sur le sentier, de sourires échangés avec des inconnus qu’on ne comprend pas, des échanges de rien, des pans de culture, de bâtiments vus, de merveilles croisées et de blessures récoltées pendant les expéditions, de la fatigue belle à t’en crever. Le voyage densifie ta vie, rallonge tes journées, te rappelle que t’es pas qu’un zombie prêt à te faire monocorder, t’élargit la réflexion, dépasse ton nombril, du silence tu passes à l’action, ton égo se décharge de sa bile, des liens te poussent, t’ancrent tout partout sur la terre, et à ce moment, pour la première fois, tu deviens important.

L’homme qui ne sait rien hait, mais celui qui connaît et comprend aime ; savoir, c’est pouvoir, pouvoir cracher à la grisaille et serrer dans ses bras. Pars décou-vivre le monde, il paraît qu’il se meure, alors fonce le voir ! Va nager dans tous les océans jusqu’à ce que tu boives la tasse, va marcher dans les plaines et les vallées jusqu’à ce que tes pieds tombent, grimpe toutes les montagnes jusqu’à ce que les prises se décrochent, admire toute la nature, de l’écume aux jonquilles, jusqu’à ce que tu en pleures, regarde tous les crépuscules et toutes les aubes jusqu’à en devenir aveugles, saoule-toi de tes camarades, de l’amitié qui se boit sans limite. Tant que tu laisses derrière toi des milliers de paysages et les cadavres de regrets, tant que tu avances et repousses l’horizon, tu fais le bon choix. Fais-moi le tour de cette planète de déchets, parcours et interroge mille personnes qui aiment ; tombe à genoux à deux cent, pleure à quatre cent, excuse-toi à six cent, relève-toi à huit cent, ravage à mille. Partir pour mieux revenir, bondir pour mieux grandir. Ceux qui sont privés de partir de l’Archipel restent de petits hommes coincés dans un petit monde, étouffés de toutes parts par les interdictions, gueule foutue dans le giron mécanique camé, ô horizons cruelles qu’on ne pourra jamais détruire.

J’résume, Anar’Bro, pro-vivre, viv-r-e la liberté ! ceux qui s’expriment vivent, ceux qui pensent vivre sont en train de clamser, ceux qui abandonnent sont morts. Y aura pas de serpe et de marteau pour venir te faire fantasmer, mais c’est pas une raison pour se cuter le poignet ou se cogner, y aura personne pour te tendre le mouchoir quand tu pleureras ton sang, t’as mis longtemps pour te maquiller mais on cache rien de ce qui est dedans. Nous ne sommes rien d’autre que des distributeurs de jambes, des démolisseurs de frontière, des marcheurs en gang que personne pourra faire taire parce qu’on hurle plus fort que leur putain de muselière.

Corps, répondez-nous, relevez-vous, on part devant, alors partez nous rejoindre, qu’on se joigne en une masse de vies indéchiffrable, qu’on frappe les pavés de ces épaves, qu’on leur lance sur la gueule les briques de leur propre prison, qu’on leur arrache la liberté et notre statue d’hommes à coups de volonté, qu’on se batte à coups d’arts : les grapheurs jettent leur bombe, les écrivains seront plus forts que les épées, les dessinateurs feutrent la victoire, les comédiens et chanteurs brûlent les planches, et note que les musiciens se lancent cors-et-âmes. C’est ainsi qu’on va se battre, à coups de muses et de vies, à coups de poing et de cris, à coups de nous et à coups de coudes, à coups d’acoustiques et à coups de briques.

Je conclue maintenant, Josh termine sa fresque d’explosions, et moi mes idées, je déclame ainsi la fin du monologue à deux voix, de la performance haute en couleur de l’acteur qui fige derrière moi, je vous remercie pour l’écoute et la vue, et si vous voulez, je défie quiconque de me donner encore des centaines de mots à mâcher, je leur trouverais toujours une place dans mes pamphlets tant est vaste la critique envers ces enculés, tandis que l’autre à la brosse pourra vous les condenser sans coup férir en une toile, deux couleurs, trois gestes et quatre sourires.
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Joshua Sullivan

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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Mar 9 Déc - 19:56 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
Les mots sont lâchés, les thématiques posées. Ca tombe comme une évidence, Joshua est prêt. Ils ont fait ça une vingtaine de fois déjà. Ensemble, ils synthétisent, sortent les grandes lignes directrices, un peu d'ordre posé dans ce chaos d'images qui défilent dans la caboche de Josh. Il n'est pas question d'illustrer les idées de Nath, mais d'exprimer les mêmes avec son propre langage. Un feu d'artifice de mots et couleurs, de l'énergie en bloc qui jaillit au bout des doigts, en bref, deux volcans en éruption offrant leur plus beau spectacle.

Nath attaque de ses mots, tandis que Josh saisit sa première bombe. Il la choisit terre de sienne pour y poser son esquisse. Il a peu de temps, et dresse au préalable son dessin. Dans sa tête. La mine de plomb parcourt sur un mur blanc cérébral les courbes et les lignes droites, elles racontent et composent des visages, des symboles. La bombe à la main, Joshua ébauche au fur et à mesure que son imagination invente, à peine l'idée traverse-t-elle son esprit, qu'il la trace, matériel, face à lui, saisissant la magie du rêve avant qu'elle ne s'efface.

Joshua Sullivan alors, n'existe plus. Il est son trait, il est le prolongement d'un monde intérieur. Baigné dans une bulle créatrice, animé par la couleur qu'il trace sur le béton, la voix de Nathaniel est le capteur qui le raccorde à la réalité. Sa voix est la musique qui l'inspire et rythme sa cadence, métronome de son imagination. L'artiste est connecté, à toutes choses, à tout être. L'énergie circule en lui, se répercute sur sa toile bétonnée, il est méconnaissable, en transe. Il vit dans l'instant, pleinement, il mange l'instant, tout l'air inhalé est expulsé dans sa peinture.

L'esquisse est posée, on devine sans comprendre l'ébauche. Trois pas en arrière, il contemple sa trace, il pose mentalement les couleurs à venir, range le brun et sort le rouge, l'artiste secoue d'un geste automate la bombe de peinture, et maintient l'index enfoncé pour recouvrir la surface choisie. L'accroche est bonne, la brillance de l'aérosol s'étale, gourmande. Le masque à la gueule du jeune homme le protège de son odeur addictive.
Une grenade se dessine sur la fresque, il lui amène une gueule et la rend animal, crocs en dehors, d'un blanc tranchant, l'oeil exorbité, la haine se peint. Joshua jongle avec les couleurs, sa gamme est large: brun, ocre, outremer, noir, émeraude, pyrole... Il joue avec, ajuste les contrastes, combine et accorde des harmonies colorées, tel un chef d'orchestre. La place de chaque couleur est déterminante. Un mauvais placement, peut annuler la couleur, ou pire, tacher l'oeuvre d'une fausse note. La simultaneité est essentielle dans toute création, Joshua ne l'oublie pas.


On devine une ville sous la grenade. Un Japon où les immeubles se superposent, s'enchevêtrent les uns dans les autres. Elle a des allures d'usine, elle respire la crasse et la poussière, elle est le portrait d'une société trop bien rangée, sous verrou, sous pression, ordonnée, qui pleure en silence.
Plus haut, un ordinateur se dresse, il gouverne à la place de Dieu, auréole d'ondes se répercutant sur la ville. Des pendus tombent, comme des fruits trop mûres, à la bombe noire sur les immeubles. De plus en plus nombreux, à hauteur que les yeux touchent le haut de la fresque, les condamnés grouillent en une masse noire d'ivoire, imperméable, comme une nuit sans étoiles. On peut alors lire à la bombe blanche dans cette étendue sombre: "Bienvenue, à l'enfant qui va naitre".

Mais alors que se termine le premier acte de sa performance, Nathaniel amène le second thème. Celui du voyage. Et alors, Joshua range le lugubre et sort la lumière. A la Vermeer, il choisit d'ajouter à son oeuvre, les deux autres couleurs primaires pour stimuler la rétine et gratter des sourires sur les visages tristes des spectateurs. Il choisit un ocre chaud pour le jaune et un bleu cobalt nuancé d'outremer pour son bleu. Le rouge de la bombe peinturluré plus tôt répond en troisième temps à la combinaison colorée. Alors, de la fresque jaillit de l'or. L'oeil crépite sous la couleur flamboyante. La touche d'espoir arrive, le dessin révèle le portrait d'une femme heureuse, elle respire la liberté et déploit ses bras prête à manger le monde. Ses cheveux volent aux grès du vent, une plénitude se dévoile sur son visage, elle est belle, libre, amoureuse. Joshua s'amuse des reflets dans ses cheveux, il sent le bonheur qu'il peint couler en lui, il ne sait pas où il va puiser ça, il ne pense pas, c'est là, simplement. Nathaniel ne s'épanche pas, mais lui, si. Il prend du retard, mais ne regarde pas sa montre. Le temps s'est allongé à partir du moment où il a arrêté de compter les minutes. Il est confiant, il ne recouvrira pas tout. Il sait comme il est important de laisser son travail à l'état d'esquisse par endroit, de laisser la trace du geste premier, sentir le trait pur sous le travail rigoureux et méticuleux. A peine visible, et pourtant présente, il laisse sur le portrait de sa femme libre, des parties inachevées, celle la même qui ancreront l'ensemble.


Les bombes se vident, une à une, jetées sur le sol, elles poussent un dernier soupir, épuisées, elles ont tout donné. Aussitôt remplacées, aucune ne s'enrayent, vaillantes, elles tracent, recouvrent, racontent, elles comprennent l'importance du moment et se plient à la tâche.

Il reste une dernière ébauche à combler. Le dernier message, c'est leur signature. Joshua arrache le masque qui lui cloisonne la gueule, alors, il inspire lentement et pleinement l'odeur d'alcool présente dans l'air. Dans ce troisième temps, il est question de ça. D'air. Parvenir à dessiner l'air, comme savait le faire les grands maitres comme Velasquez, Rembrandt, Turner. L'alcool lui vrille les sens, autant qu'elles les exaltent. C'est sa térébenthine à lui, on en boufferait si c'était pas purement nocif cette saloperie. Il sourit. Il choisit une nouvelle bombe, un vert qui pète. Un vert qu'il aime, plus par gout que pour le message. C'est sa couleur, et il est question d'équilibre chromatique, elle ira bien avec les autres déjà fraichement posées sur sa fresque. Pour Nath, il lui choisit un violet chaud, sombre, pour pas jurer avec l'ensemble.
Pour cette partie, c'est freestyle, comprenez là, un peu plus que d'habitude. Il y peint la stupeur, sous les traits d'un bonhomme d'acier. Des yeux ronds, prêt à bouffer ce qu'il y a à voir, une bouche ouverte, pour hurler, une carcasse métallique, parce que le ciment, ça leur va plutôt bien à tout les deux. Et puis l'air, toujours et encore, l'air. Réussir à retranscrir ses instants fugaces que l'on voit autour de soi, lorsque des rayons lumineux passent au travers de la vitre, et que vous voyez très nettement, les particules de lumières alors en mouvement. Ce moment où vous sentez, physiquement, que l'air,c'est pas du vide. C'est pas du rien. C'est de la matière, gorgée d'énergies et que réussir à la saisir, c'est tout un monde. Et c'est tout ce monde que Joshua cherche à contenir au bout de son bras. Velasquez y arrive bien alors pourquoi pas lui,bordel?

Il sait pas si ça marche. Il se pose pas la question de savoir s'il y arrive au moment où il le fait, il le fait, c'est tout. Et c'est que quand il a fini, que quand il sent le mal de crane lui flancher la tête à cause des aérosols, que quand il constate le nombre de bombes vident étalées sur le sol, et qu'il entend que Nathaniel a fermé son clapet, qu'il comprend que le spectacle se termine. Lui, c'est Joshua Sullivan, membre des Anarbros, et il vient d'expulser en un temps record une de ces plus belles créations.

Il est claqué, il pue la transpiration, il a les naseaux gorgés de poison, mais putain, qu'est ce qu'il est heureux, là. Il s'est retourné, a maté la foule, bordel, mais elle aurait pas triplé de volume celle là? Il a gouté à cette pause intemporelle, ce silence, que la foule s'est décidé de poser là, il a fait trois pas devant, pour se poster à coté de Nath', et poser sa main sur son épaule. Puis, à l'unisson, les deux frères se sont retournés vers la fresque. Plaisir succinct, le colosse est satisfait de son oeuvre. Un sourire se fend sur ses lèvres, ouais, même carrément content. Ils échangent un regard, celui qui dit "On a fait péter du parpaing par brique de douze, on l'a fait mec."
Il avait cartonné son pote, il le savait, avec ses mots comme des lames de rasoirs qui leur avaient cloué le bec à tous. Joshua savait pas d'où il tirait tout ça, et le pire, c'est qu'il savait que ça avait été qu'un amuse bouche pour lui que cette impro. Il était pas peu fier de lui, fallait dire aussi, c'était pas pour rien qu'il portait Nathaniel si haut dans son estime.

Et puis il y eut l'apothéose. Ce moment béni où la foule se soulève, lorsqu'elle fait du bruit de ses mains jointes, sifflent, et gueulent des félicités, elle en redemanderait presque tant leurs visages s'illuminent. Et là Josh il déguste, il reçoit, le palpitant encore dans tout ses états du travail qu'il vient d'accomplir, il se sent revivre, cette reconnaissance qui tombe en masse venu d'inconnus... C'est beau, c'est chaud en dedans. Ca stimule, ca donne envie de rager plus fort, plus loin, plus haut. Alors, quand il croise le regard de son pote, c'est du rire qui sort de sa bouche.

Spoiler:



_________________
Merci Kato Iga pour ce génialissime dessin. Tu sais que je t'aime beau frère?

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• Guitare soliste de Pharsalia
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• Madame Irmelin: belette domestique héritée de feu son second mari; robe blanche, âge inconnu.
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MessageSujet: Re: "The Anartist' Brothers" (ACT I) Lun 12 Jan - 22:13 Répondre en citant


Dès que les artistes eurent disparu de mon champ de vision pour traverser la foule nerveuse à pas assurés qu'il me semblait entendre résonner sur le béton du sol, je sentis la tension m'agiter toute entière, battre à mes tempes et mon cœur, véhiculée par mes veines et mes artères. Je savais que dans très, très peu de temps, quelques secondes tout au plus, sonnerait le glas vengeur de la voix de Nathaniel, pour se répercuter contre les murs du hangar et les crânes des spectateurs. Le micro grésilla brièvement:

« Les... "Anartist Brothers? C'est bien ça? »

C'était maintenant.

Tendue comme un arc, à l'instar d'Abbey à mon côté dont les yeux verts papillonnaient nerveusement de tête en tête, j'écoutais avec avidité les murmures alentours, les paroles de Nath que je savais sur scène, et surtout les dix mots qu'il aurait à placer, les répétant pour moi-même du bout des lèvres, comme pour les graver dans mon esprit. Décadence, ascenseur, maquiller, feutre, animal, jonquille, serpe, meurtrier, poulpe, foire. Mes sourcils, haussés par la confiance anxieuse qui enserrait jusque là mon cœur, se froncèrent au mot poulpe. Comment diable pouvait-on introduire subtilement cette créature? Qu'y avait-il dans un poulpe qui pût évoquer les autres notions et idées proposées, qu'elles fussent ou non allégoriques? Je doutais d'avoir jamais employé le mot poulpe dans ma vie, sauf peut-être une fois en cours de sciences, ou pour parler de nourriture, et encore, je ne pouvais rien confirmer.
Mais les paroles soudain se détachèrent du simulacre de silence, comme un solo de guitare, clairement articulées et ciblées droit vers les cœurs des auditeurs, animées par le timbre puissant et vengeur de Nathaniel, qui interrompit net mon Polypinaire. Au Tartare les céphalopodes visqueux, j'étais là pour entendre de l'art secouer des cœurs. Yeux clos par des paupières frémissantes, à l'affût des dix mots dont le défi consistait à les intégrer au slam, je battais du pied au rythme des mots clairement articulés pour rappeler aux pantins qu'ils pouvaient eux-mêmes lever les poings ou se détourner des sentier battus. Décadence. J'entendais chuchoter alentours. Des « il a dit quoi? » et autres « je vois que dalle, d'ici ». J'étais si nerveuse que je dus me retenir de leur feuler un « shhht » de matou agressif. Ascenseur. À droite, des voix bavardaient aussi, mais plus doucement. Des « c'est pas mal du tout », des « tais-toi, j'essaye d'écouter », qui me firent sourire. Je regardai alentours, les petits groupes éloignés se rapprochaient de la scène. Meurtrier. Et soudain je me rappelai qu'il n'y avait pas qu'à écouter. Il y avait aussi à voir. Je fis signe à Abbey de me suivre, retins mon souffle et fendis la foule pour voir la fresque. Si l'homme est un animal, bienvenue au zoo le plus inhumain de la planète. Se devinait une ville obscure et terne surmontée d'une grenade sanglante au sourire carnassier et peuplée d'ombres pendues sur laquelle dégoulinait de blancheur un: « bienvenue à l'enfant qui va naître » qui me fit froid dans le dos. Il était si rare pourtant de me toucher par les couleurs.
Je me dressai sur la pointe de mes pieds pour apercevoir les pans de la fresque masqués par les crânes aux cheveux noirs. Foire. Des nuances éclatantes et lumineuses contrastant avec la noirceur de la cité de peinture apparaissant peu à peu, l'artiste qui s'activait au rythme des mots - les couleurs ne me touchaient pas, ni les mots, c'était la synesthésie qui opérait en mon cœur, j'ignorais si ce n'était là que l'émotion de la performance, l'angoisse qui retombait en explosion de sensations, mais quoi qu'il en fut alors, je peux affirmer encore avoir ressenti l'émoi que cause la beauté. Le pouls peut-être? On l'a perdu. Mon sourire s'élargit plus encore. Des artistes de génie.


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