Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur...

Une plaie ouverte
Yushe se sentait mal. Comment pouvait-elle encore faire ça à vingt-cinq ans passés ? Elle n'avait plus l'excuse d'être une petite lycéenne en mal d'amour ! Elle aurait dû être capable de résister à la tentation. Venir ici, dans ce bar miteux, était une sacrée erreur de calcul de sa part. Et puis, qu'espérait-elle ? Il ne pouvait pas être là- d'ailleurs, ce serait mieux ainsi. Elle repartirait aussi silencieusement qu'elle était venue, résignée à poursuivre sa petite vie en s'efforçant de l'oublier, comme lui devait l'avoir fait dès que sa mission avait été accomplie.

Assise sur un tabouret près du comptoir, la pilote se sentait encore plus minuscule que d'habitude. Entourée de vieux bikers, tatoués et gras, elle n'était vraiment pas à sa place, même avec son blouson noir et ses rangers. Devait-elle commander une boisson ? Peut-être que l'attention se détournerait d'elle si elle faisait comme tout le monde. Encore fallait-il qu'elle en prenne autre chose qu'une limonade. Mais elle et les alcools forts... Roh, le barman devait bien avoir quelque chose de buvable par une femme. De son air le plus revêche, elle commanda un verre de vodka et en pris une gorgée avant de grimacer. Pas génial comme idée. Ah, mais le goût était horrible ! Pas étonnant qu'on vide des bouteilles de jus de toute sorte dans cet alcool...

Mais le verre avait fait son boulot. Les gens avaient cessé de la dévisager en se demandant ce qu'une petite poulette dans son genre pouvait venir faire dans ce bar. Yushe était prête à parier qu'ils pensaient qu'elle était là pour se remettre d'une rupture, ou quelque chose dans le genre. Comme s'il elle avait besoin d'alcool pour ça... Ses bagnoles lui suffisaient amplement. C'était même tout à fait stupéfiant qu'elle ait pu s'amouracher d'autre chose que d'un tas de ferraille. Un corps où ne coulait pas de l'essence, mais bien du sang. Et tout ça juste parce qu'il l'avait aidé un soir où elle aurait pu s'écrouler en pleurs face à son crétin de frère qui bousillait sa vie et la sienne par ricochets.

Grattant le papier jauni qui devait protéger la table du comptoir de ses ongles, elle n'osait même pas regarder dans la salle s'il était là. Chaque minute qui passait lui reprochait l'envie soudaine et idiote qu'elle avait eu de le revoir, ne serait-ce que de loin. Ses cheveux bleus ne pouvaient pas passer inaperçus... Quoique, entourée de d'anciens punks... Sa teinture avait des rivales autrement plus sérieuses.

Yushe se sentit soudainement aussi insignifiante qu'une souris. Elle n'avait rien de particulier, pas de piercings, pas de tatouages, pas de crâne à moitié rasé... et sûrement aucun intérêt qui ne puisse la rapprocher de ce monde. La musique qui retentissait dans le bar lui tapait sur les nerfs depuis son entrée. Des mecs bourrés hurlant comme des chèvres et incapables de jouer de leurs instruments... Sa tête semblait être prise dans un étau qui se resserrait peu à peu. Grommelant une injure, elle vida son verre cul sec avant d'en demander un deuxième. Qu'est-ce qu'elle venait foutre là, franchement ?

Une idiote, voilà ce qu'elle était, pensait-elle au bout de son quatrième verre. D'ailleurs, elle allait partir maintenant. Hors de question de continuer cette bêtise plus longtemps. Elle ne reverrait jamais ce Sullivan et le monde continuerait de tourner malgré ça. Elle ne verrait plus ses yeux verts. Ni cet étrange tatouage qu'il avait au-dessus du sourcil gauche. Ni la ligne de son cou, qui semblait l'appeler. Oh, parce qu'il faut bien le dire : si Yushe était venue ce soir dans un bar pareil, c'était seulement dans l'espoir de retrouver une sorte de fantasme ambulant. Mais bien sûr, avec sa chance, elle sortirait de ce bar un peu éméchée, juste assez pour pouvoir tout de même prendre le volant sans risquer grand chose. Du moins de son point de vue.

Quittant sa place, elle se dirigea d'un pas lourd vers la sortie après avoir payé ses verres au patron qui la regardait en secouant doucement la tête. C'est toujours lorsqu'on perd espoir que les miracles se produisent...
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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Lun 23 Juin - 20:03 Répondre en citant
- Eh! … Yushe ! Ahah, mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu cherches ton copain ?

A peine passer la porte que Joshua entra en collision avec la jeune femme, alors sur le départ. Légère accolades d’épaules, frottement de blouson en cuir faisant pivoter leurs têtes interloqués l’un vers l’autre. Il l’avait reconnu tout de suite, avec sa frange d’ébène tombant sur son front, ses yeux en amandes et sa frimousse de jolie jap’.

La dernière fois qu’il l’avait vu dans son pub, c’était pour aider son mec, alors incapable de supporter son propre poids sur ses guibolles, braillant sur le premier gars qui croisait son regard, faisant fuir la clientèle. La pauvre Yushe tentait, de ses bras menues, de porter l’énergumène à l’extérieur de l’établissement, calmant les réprimandes des importunés à elle seule. Joshua n’avait franchement pas eu envie d’aider cet ivrogne, qui, de toute évidence, ne semblait pas se soucier des ennuis qu’il causait à sa copine. S’il l’avait aidé, c’était pour elle, cette Yushe, et aussi pour Saya, qui commençait sérieusement à grommeler derrière son comptoir. Ce Hiroto était le genre de bonhomme qui avait un jour, bifurqué dans la mauvaise direction. Et bien ancré dans sa merde, continuait à tracer sa route dans ce chemin sentant la pisse, éclaboussant de surcroit les gens qui tenaient à lui, comme elle. En soi, ce n’était pas de chance. Ça pouvait arriver à n’importe qui. Mais lorsque Joshua avait vu la demoiselle venir à son secours, lui prendre la main pour l’amener vers la sortie, tentant de réparer les pots cassés de ce raté, il avait eu un pincement au cœur. Bêtement, et vu la proximité des deux personnages, il avait pensé qu’ils étaient un couple, et qu’elle avait clairement misé sur le mauvais cheval. Un peu comme pour Jess. Projection de lui-même sur cette Yushe, un effet miroir qui ne rata pas et qui le fit frémir. Son empathie naturelle, amplifiée par cet écho de sa propre vie, avait fait que, naturellement, il les avait aidés. Trainant le bonhomme jusqu’à son appartement. Elle lui avait dit son nom : « Yushe Tachibana », et lorsqu’il l’avait vu écrit en dessous de la sonnette de l’appartement d’Hiroto, en avait bel et bien conclu qu’ils étaient mariés. « Connard d’Incontestable, encore un de tes mariages foireux qui va ruiner une vie… » Avait alors pensé Joshua.

Ils n’avaient pas vraiment échangés de mots, trop occupés à aider "monsieur Tachibana". Et une fois la mission accomplie, Joshua était trop claqué et n’avait aucune envie de squatter plus longtemps chez ce mec, qu’il trouvait parfaitement antipathique. Alors ils s’étaient quittés, comme ça. Jusqu’à ce jour où, en bon habitué, Joshua était retourné au « Révolutionnaire », histoire de retrouver son pote Nathaniel de service ce soir-là.

Lorsqu’il avait vu Yushe, il avait naturellement posé une main sur son épaule, agréablement surpris de la revoir. Il avait eu ce petit rire franc, et avait ajouté, l’invitant de son bras, encerclant bientôt ses épaules, à retourner vers le bar :

- Ça me fait plaisir de te revoir, viens que je t’offre un verre… !

Sans même prendre le temps de lui demander ce qu’elle en pensait, il lui présenta le siège libre au comptoir, et s’assit sur son voisin. Se tournant alors vers Nathaniel, il offrit une main à son ami, mouvement du bras ample et naturel, et frappèrent leurs mains l'une contre l'autre, se serrant la poigne d’un geste empreint d’habitude et de franche camaraderie.

- Salut vieux, ça va ? Sers nous quelque chose de ta concoction qui conviendrait aux papilles de cette demoiselle s’il te plait. Se tournant vers elle à nouveau, il ajouta, un sourire vrai aux lèvres, je pensais vraiment pas te revoir un jour miss…

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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Mar 24 Juin - 1:04 Répondre en citant

Spoiler:




Félicitations, Nath, t’es barman maintenant ! Ça voulait pas dire que t’étais mieux payé, que t’étais à un meilleur endroit pour contrer le flux de clients qui s’amoncelaient toujours aux heures de repas, nan, trop simple, ça voulait juste dire que pour Saya, ton libéral de patron à peine hypocrite par rapport à son propre passé, que t’étais plus flexible, plus élastique, que tu pouvais supporter plusieurs charges de responsabilité, plusieurs tâches, et donc, que tu pouvais bosser pour deux parce que éh, tu gardes quand même ton emploi de serveur, tu croyais quoi, que des compétences, ça se gâchait aussi vite ? Pauvre con que j’étais, ouais ! Tu parlais d’une promotion, je l’avais demandé depuis longtemps ce job et voilà qu’il me refilait, et hop, cachées derrière, les bonnes emmerdes professionnelles comme on n’en faisait plus ! Le seul point positif que je peux pêcher dans cette merde, c’est que vu ma double-fonction, j’étais un poil au-dessus de tous les autres serveurs et quand je gueulais, on m’écoutait plus qu’auparavant. J’étais pas barman, ni serveur, mais responsable. Et quand Saya filait sur la route pour des raisons obscures que j’associais directement à de la paresse dégueulasse ou quand il partait dans son bureau discuter comptabilité et salaires avec de l’administratif, c’était moi le patron du Révolutionnaire.
J’étais un poil fier, peut-être.
Sauf dans les soirs comme ça.

Saya qui s’était barré, deux serveurs malades et à peine de quoi les remplacer, voilà que je commandais un navire dans la tempête, un putain de galion un peu vioque et bringuebalant sous le roulis des vagues de client, et pour tous hommes d’équipage, cinq marins d’eau douce qui vomissaient encore par-dessus le bastingage. Mon job ! de leur coller des taloches, de leur dire comment faire ci et comment faire ça, de les soutenir, gérer le bar, la caisse, le plateau, les commandes, les plaintes des clients (putain), les gens de la grillade derrière et pour rajouter du sel à l’épopée, la scène quand elle devait être occupée. Ce que je me poilais, ouais. Nath, patron d’un établissement ? L’anarchiste de base, tout en gueulantes et en blocs de conviction pure et dure, il donne des ordres ? Ça te chamaille l’esprit, sale grognard de mes deux ?! L’anarchie, c’était la règle sans les ordres, mais fallait croire que les serveurs connaissaient pas les règles, alors je le leur apprenais ; subtile la différence, mais allez-vous faire foutre, je vous reposerais le cul sur une chaise plus tard, y avait encore une table qui venait poser leurs fions.

Table de deux, y avait Hori qui tentait de prendre la commande, il bifurquait entre les tables et les clients, mais je délogeai de mon bar, lui demandai de rendre des comptes aux soudards de la vingt-deux, et je m’occupai personnellement des deux nouveaux arrivants, une gonze que je connaissais pas, mais en face d’elle, ce putain de Josh qui ramène toujours son cul quand il le fallait pas ; mais je vous jurais les gens, quand vous étiez dans un service, la plus belle chose qui pouvait vous arriver était de voir des têtes amies franchir la porte d’entrée, surtout quand c’était la sienne. Je swinguai entre deux gars, un couteau à la main crasseux de jus de citron vert, Josh me vit, on se saluait normalement, et je passai en mode pro, voix à peine rauque, sans carnet, le couteau jouant entre mes doigts et mirant ladite lucky girl invitée par le Josh :

« Super ravi de te zyeuter Josh, tu devrais passer plus souvent quand chuis à charge du truc. Et si la demoiselle veut bien me fournir de l’indice quant à d’éventuelles préférences, et je lui fournis le bardas en quelques secs’. »

A moi d’attendre, et évidemment, vu le monde qu’il y avait, v’là Josh qui jouait les lovers à deux sous et l’invitait à taper dans l’original, toujours le plus chiant à faire, toujours plus chiant que de sortir un coca ou une bière-bouteille du frigo ; je lui foutrais un tablier un jour à ce mec et je lui donnerais toute une aile à gérer en heures de pointe, ça lui calmerait les idées stupides.
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Yushe Tachibana

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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Mar 24 Juin - 15:45 Répondre en citant

Houston, nous avons un problème
Une voix. Sa voix. Yushe osa à peine relever la tête, les yeux écarquillés par la surprise. Mais non, mais qu'est-ce qu'il venait foutre là alors qu'elle avait finalement pris sa décision ? Pourquoi venait-on la narguer comme ça avec ce qu'elle ne pourrait jamais avoir ? Putain. De. Merde. Paniquée et prise de court, la Japonaise se retrouva d'abord privée de la parole avant que son cerveau ne semble subir un court-circuit, la mettant momentanément hors jeu. Juste une question tournait dans sa tête : pourquoi ? Mode veille avec le mot qui rebondit contre les parois de l'écran de l'ordinateur.

Le poids de sa main sur son épaule la fit presque sursauter, elle se sentit incapable de regarder son visage. Sa bouche s’ouvrait et se refermait, incapable d'articuler quelque chose comme une excuse pour partir compréhensible, ou même audible. Lorsqu'il passa son bras autour de ses épaules, elle comprit finalement que l'option de la fuite courageuse lui avait été retirée. D'un air angoissé, elle jeta un dernier coup d'oeil à la porte qui semblait l'appeler puis osa relever les yeux vers le visage de celui qui la traînait vers le comptoir qu'elle venait de quitter. Génial, elle avait déjà bu quatre verres, quelle bonne idée ! On prend les mêmes et on recommence... Que se passerait-il si elle devenait incapable d'agir naturelle- oui, bon, retirez le naturellement, elle est aux abonnés absents pour le moment, impossible qu'elle se comporte comme d'habitude. Alors quelle impression lui ferait-elle si elle se retrouvait complètement pétée ? L'exemple de son frère n'aidait pas à la rassurer.

Coincée contre lui, Yushe trouva soudain le courage de le dévisager avec de grands yeux. Elle se sentait encore plus petite et maigre collée contre cet homme comme ça, avec son bras sur ses épaules. Lui était trop grand. Trop imposant. De là où elle était, elle avait une vie parfaite sur sa barbe naissante, qui cachait sa mâchoire carrée. Sur ses cinq piercings à l'oreille aussi, dont elle n'imaginait que la douleur qu'ils avaient dû causer mais qu'elle trouvait attirants tout de même. On l'a dit, une lycéenne devant le rebelle de l'établissement. Un sorte de signal d'alarme intérieur retentit pour l'informer gentiment qu'elle le fixait fixement depuis un peu trop longtemps pour que ça passe pour de la surprise.

"Ne m'offre pas de verre, ne me force pas à parler, on va le regretter très rapidement tous les deux. Surtout moi je pense." La télépathie n'existant que dans les x-men, aucun de ces mots ne sortit de la bouche de la demoiselle. Machinalement, elle s'installa sur le siège qu'il lui désignait, toujours en état de choc. Elle était dans une merde noire.

Il salua le barman, qu'il semblait très bien connaître. Ce n'est pas la chose typique que font les mecs pour impressionner la nana qui les accompagne en général ? Cliché... Un trait d'ironie obligé pour ne pas tomber un peu plus sous son charme étrange... Il fallait qu'elle arrive à prendre de la distance et vite, il la remettait déjà sous les feux de la rampe. Intimidée par le ton de son ami, elle se fit violence pour retrouver l'usage de la parole, sur le même ton que d'habitude. Elle se détestait.

- Un Sex on the Beach, c'est possible ?

Frais, sucré, pas trop alcoolisé. Parfait. Enfin à un détail près : on n'aurait jamais dû nommer cette boisson comme ça. Elle guetta l'approbation du barman avec nervosité, se demandant si sa commande n'allait pas lui valoir elle ne savait quelle remarque. Le voir jouer avec son couteau n'aidait pas sa nervosité à disparaître. Elle le trouvait tout aussi impressionnant que Joshua, si ce n'est même plus. Son regard avait un éclat dur, ses gestes étaient agressifs. A côté de ces deux colosses, Yushe faisait tâche. Un chaton entouré de deux chiens de garde.

Quelle merveilleuse soirée.

Et voilà qu'elle fixait le comptoir, à nouveau privée de sa voix. Affronter leurs regards lui semblait insurmontable pour le moment. Pourquoi ne s'étaient-ils pas rencontrés sur un champs de course bordel ? Là, dans son environnement naturel, elle aurait pû lui en mettre plein la vue ! Elle se retint de laisser sa tête tomber abruptement sur le comptoir, submergée par l'agacement. Sans sa répartie, ce n'était pas son physique qui allait faire le boulot. Il fallait forcément qu'elle s'amourache du mec le plus différent d'elle, bah oui, sinon ce ne serait pas drôle, bien sûr !
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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Mer 25 Juin - 0:31 Répondre en citant
Quand elle me sort qu’elle veut un Sex on the Beach, là, je me rends compte qu’au moins, elle me laisserait pas me dépatouiller avec mon imagination qui aurait dû carburer à cent à l’heure en quelques secondes pour inventer un truc dès que je rentrai dans le bar, mais quand je me souvins que le cocktail avait un nom tellement sexy sur une carte de club que tout le monde l’avait repris en oubliant de récupérer la recette et que par conséquent bande de débiles, tu pouvais chier n’importe quoi dans le cocktail, tant que tu oubliais pas de rameuter de la vodka et du jus de fruit quelconque dedans, ça te faisait un Sex on the Beach.

Je retournai dans mon chez-moi sans oublier de bousculer un petit poivrot au passage, et vas-y que ça fuse dans ma trogne histoire de voir ce que je pouvais faire avec les moyens de bord, mais quand tu me parlais de tropiques, le thème de la boisson, j’y pensais que dalle, sinon des obèses rouges qui cuisaient sur un barbec’ fait de sables, et quand ils étaient assez courageux, avec l’eau qui venait leur lécher les pieds comme à un chien domestiqué stupide. Ma conception de bonnes vacances à la plage se faisait pas sans un bulldozer pour donner un peu de rouge à l’ensemble ; puis merde, quel nom débile, bien un nom de cocktail de pisseuse qu’avait jamais ramené son vagin sur la plage pour qu’un autre puisse y tremper le biscuit, parce que sinan, jamais elle aurait inventé un truc pareil. A moins que tu sois adepte des graviers et de la douche à la foreuse d’eau pour nettoyer tout, tu vas passer un sale moment, et pense même pas à changer de position sauf si t’adores quand ça te gratte de l’orgasme.

Voilà, devant ma table de travail, le couteau à la main, j’allais pas badigeonner mille ans alors que les autres serveurs étaient en train de couler : je prends une pêche de ma réserve perso, je la découpe en tranches fines, j’en fous deux-trois au fond, je renverse quatre centilitres de vodka (merci le doseur), je mets le reste du fruit dans le shacker, je l’écrase avec le pilon comme un malade (toujours pas subtil à cette étape, comme un bourrin, je pourrais faire de la percussion pour Sagilatine), j’enlève les morceaux et je garde que le liquide que je fous juste après – je sais bien que y a déjà de la pêche dedans, mais ça va pas macérer comme ça va faire avec du concentré en liquide, j’ai pas de sirop de pêche donc j’innove, puis dès que c’est fait, je choppe le jus d’ananas, je remplis le verre à la moitié, je rajoute de la glace pilée d’une main franche, je continue avec le fond de canneberge (flemme d’aller jusqu’au bout, je rajoute un poil de glace, un poil d’alcool), et je conclus avec la paille. Voilà, ça ressemblait à rien, donc c’était parfait pour un Sex on the Beach.

Je ramenais mon enfoiré sans plateau, pas besoin pour une conso, et je reviens vers la table avec la main encore fraîche de pêche (d’ailleurs, les copeaux étaient remontés, ça rendait presque bien). Je posai la boisson devant la dame sans chercher la douceur et pas en renverser surtout, et dès que ce fut bon, si je frappais pas dans mes mains de satisfaction, ma langue claqua à leur place et je dis à la bourru :

« La commande de madame. C’est offert par la maison. Bien le seul avantage de connaître Josh, ça. »
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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Lun 30 Juin - 0:08 Répondre en citant
« Super ravi de te zyeuter Josh, tu devrais passer plus souvent quand chuis à charge du truc.»

- Content d’te voir aussi l’ami, et c’est un plaisir de te voir trimer pour et sous mes beaux yeux, pour sûr que j’reviendrai … ! Pour moi ce sera une pinte de Pelforth brune s’teuplait !

Joshua entendit alors sa voix à elle, timide personnage qui se tenait là, claire et fluette, elle sortit le nom d’un cocktail que Nathaniel s’empressa d’aller préparer. Il ramena ses fesses cinq minutes plus tard avec leurs commandes, et leur offrir leurs conso avant même que Josh’ n’ait pu ouvrir sa gueule. Il répliqua à ses dires par un large sourire, un clin d’œil et un :
« Oh mon coquin, tu sais bien que me connaitre offre bien des avantages, surtout pour toi lapinou… »

Sur cette blague graveleuse, Nath’ s’éclipsa pour de bon laissant les deux-là en tête à tête devant leurs verres. Le jeune homme porta quelques gorgées à ses lèvres pour étancher cette envie de bière fraîche qui l’avait poussé hors de son fauteuil trente minutes plus tôt. Reposant son verre à moitié vide dans un bruit sourd, il releva la tête vers elle fin prêt à engager la conversation et apprendre un peu plus sur ce bout de femme devant lui. Il chercha son regard pour y planter ses pupilles claires et obtenir un premier contact, brutal mais authentique comme il le faisait à l’accoutumée. Mais elle sembla le fuir, ce regard. C’est là qu’il remarqua le noir autour de ses yeux, trait de maquillage savamment dosé d’une femme qu’il n’aurait pas imaginé particulièrement coquette, sans pour autant manquer de féminité. Ni le brillant sur ses lèvres, relevé d’une pointe de couleur carmine, légère, mais efficace, justement sentie, qui soulignait les contours de sa bouche avec merveille.

Lorsqu’il s’était rencontré la première fois, elle n’était pas comme ça. Mais alors, pas du tout. Pourtant naturellement en alerte devant un joli minois, Yushe ne lui avait pas sauté aux yeux. Non seulement car, très vite, il avait compris qu’elle n’avait d’yeux que pour Hiroto, mais aussi car la demoiselle semblait être à mille lieux de s'envoyer en l’air avec un parfait inconnu vu la dégaine qu’elle se tapait. Elle était alors fringuée d’un jean et d’un débardeur basic, de vieilles baskets usées et d’un sweat trop large. Le look d’une nana qui cherchait pas à attirer l’attention, mais qui restait jolie, au naturelle, les cheveux fous, sans autres artifices qu’elle, son teint pâle et ses ongles rongés par le stress.

Mais cette fois ci, ça n’avait rien à voir. La jeune femme semblait habillée pour de tout autres circonstances qu’un plateau repas maison devant un bon nanar. Le soin qu’elle avait apporté à son visage, ainsi qu’à sa tenue, rehaussée alors de talons hauts, lui donnait de loin des allures de dame, la rendait bien plus charismatique. Et il y avait ce regard fuyant, toujours, qu’il n’arrivait pas à décrypter. Elle semblait mal à l’aise, avec même carrément, l’envie de fuir. Joshua se demanda un instant s’il n’aurait pas dû réfléchir un minimum avant de l’embarquer à cette table. Mais maintenant qu’il la tenait là, il avait vraiment envie de gratter le vernis, et n’alla pas par quatre chemins pour lui dévoiler le pressentiment qui, bientôt, lui envahit la tête.

Joshua s’approcha d’elle, glissant sa pinte sur le bois patiné de la table, avançant son buste, le ventre plié sous le rebord de la table et les coudes bien ancré dans ces rainures. Son haleine de cendres touchant du bout du doigt son air à elle, le regard braqué dans le sien, un ton qui se voulait confident et sensuel au bout de sa voix rauque:

- Eh Yushe, dis-moi… Hiroto m’a pas l’air d’être des masses là, j’me trompe… ? Il pivota brièvement la tête de gauche à droite pour vérifier une dernière fois. Un sourire se dessina alors sur son visage. Allez ma belle… Je vois clair dans ton petit jeu… Yushe sembla se recroqueviller davantage sur elle-même, « dans l’mile » songea-t-il. Laissant passer quelques secondes de suspens, ne décrochant pas son sourire malicieux ni son regard, braqué sur elle. Tout amusé de la voir perdre contenance au fur et à mesure qu’il la faisait macérer. Puis il acheva sa languissante attente:

- …T’as rencard c’est ça ?

Il posa doucement sa main sur son poignet la tenant encore un peu près d’elle :

- Tu peux m’le dire tu sais, c’est pas moi qui vais en souffler un mot à l’Incontestable, même si on me donnerait le plus bel os du monde à ronger en échange, je serais une tombe. Il hocha la tête d’un air sérieux et sincère. Puis reprit: Me dis pas que ce chanceux t’as laissé sur la touche eh… ?

Joshua adoptait alors l'air du mec indigné qui ne comprendrait jamais ce genre d’attitude. Foutaise, il était le premier à signer dans la catégorie « connard d’un soir ».

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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Lun 30 Juin - 12:15 Répondre en citant

A l'aide ?
Le verre demandé arriva rapidement, l'ami de Joshua le déposant sans douceur mais sans renverser une seule goutte face à elle. Elle observa d'un oeil vide la boisson avant de relever précipitamment la tête pour le remercier. Décidemment, ce soir, elle avait du mal à être au taquet. Un verre gratuit, youpi... Toutes ces choses pour l'impressionner ! C'était un complot. Une oeuvre machiavélique pour l'amener à paraître encore davantage sans saveur. Décidant de faire face malgré ça, elle parvint à accrocher le regard du barman pour le remercier à voix haute. Au moins, même s'il l'inquiètait, il connaissait son métier : le coktaïl avait l'air bon.

Le commentaire de Joshua la fit légèrement rosir alors qu'elle s'imaginait des choses entre eux deux. Avec la chance qu'elle avait, il pouvait tout à fait préférer les hommes aux femmes. Et c'est bien connu, les hommes les plus beaux sont souvent ceux qui délaissent la gente féminine pour leur préférer leurs compagnons... Non, il fallait qu'elle arrête de psychoter. Au pire, elle se prendrait un beau rateau. Quoique, c'est peut-être un des meilleurs rateaux qu'on puisse se prendre : là, ce n'est pas vraiment le caractère ou le physique qui en est la cause, juste le genre.

Alors qu'elle allait tremper ses lèvres dans la boisson, elle sentit plus qu'elle ne vit Joshua se rapprocher d'elle davantage. Ses battements de coeur s'accèlèrèrent. Pour n'importe quel autre homme osant envahir à ce point son espace vital, elle n'aurait pas hésité à le rembarrer par une remarque acerbe pour fair reculer l'insolent. Mais les autres hommes ne l'attiraient pas autant. Son odeur de tabac se fit plus distincte et encore une fois, Yushe se dit qu'il avait décidemment de la chance de lui plaire autant. Pour tous les autres, la petite phrase "Chew-gum ?" dite d'un air innocent aurait claquée dans les airs, bien plus efficace qu'un "Dégage, tu sens mauvais.", parole d'experte. La subtilité, les enfants, la subtilité...

D'une voix décidemment trop caressante, Joshua la surprit en lui parlant de son frère. Que venait faire Hiroto là-dedans ? Oh ! Non. Non, non, ça ne pouvait pas être ça. Non, on ne pouvait pas tomber amoureux au premier regard avec un mec complètement pété beuglant des insanités. Impossible. Même si son frère était attirant dans un état normal, là, il fallait vraiment le vouloir très fort pour le trouver sexy. Sa main se ressera sur son verre dans un spasme nerveux. Hiroto avait le don de lui foutre sa vie en l'air. Elle se recrocquevilla lorsqu'il commença à insinuer quelque chose. "Je vois clair dans ton jeu"... Pensait-il qu'elle venait exprès reprendre contact avec lui ? Oh pire : que son frère l'avait envoyé pour faire passer elle ne savait quel message ? Les secondes de silence qui suivirent la mirent au suplice. C'était horrible de sa part de lui faire ça, elle qui se sentait déjà très mal.

Soudainement, il brisa son attente et Yushe failli lâcher un soupir de soulagement. Non, ce n'était pas du tout ce qu'elle suspectait. Elle préférait presque son alternative ! Un sourire mal assuré vint poindre sur ses lèvres alors qu'il venait saisir doucement son poignet pour réduire encore la distance qui les séparait. Tactile, le bonhomme. Rassurée, Yushe osa boire tranquillement une petite gorgée de sa boisson, le laissant continuer dans sa théorie. Quelque chose la surprit néanmoins. Pourquoi irait-il dire quelque chose à l'Incontestable ? Elle n'était pour le moment pas encore mariée. Bizarre.

Son air indigné le rendait craquant. Elle était vraiment bien atteinte la pauvre... Son sourire s'affirma et elle réussit à répondre en le regardant dans les yeux, presque sans rosir. Fallait-il vraiment jouer sur la pitié qu'elle lui inspirait ?

- Disons qu'il n'a pas conscience de mon intérêt. Mon invitation ne l'aurait pas intéressé, je viens me consoler ici. Ma meilleure amie devait m'attendre ici, mais un problème de dernière minute l'en a empêché.

"Je suis désolée Aoi de te mêler à ça, mais c'est pour la bonne cause !" Maintenant venait le moment de vérité. Celui où les quatre verres de vodka allaient pouvoir faire leur effet. Et où elle risquait de se prendre le vent le plus monumental de sa vie.

- Tu peux toujours la remplacer si le coeur t'en dis.

Elle l'avait dit. Maintenant, il fallait à tout prix cacher son rougissement intempestif en buvant dans son verre, doucement. Non, parce que tout vider d'un coup à cause du stress, c'est moyen pour masquer ses émotions. Et s'il lui disait non ? C'était quand même lui qui avait prit la peine de l'inviter au comptoir donc normalement... Mais pour ce qu'elle y connaissait en psychologie masculine, elle ne pouvait pas vraiment se prononcer. Yushe était certes experte dans l'art de renvoyer les hommes dans leurs buts, mais pour les inviter, elle était toujours au rang de novice. Bah, au moins, elle l'avait dit. Tant pis. L'alcool était à proximité de toute manière.
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Joshua Sullivan

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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Lun 30 Juin - 14:13 Répondre en citant
- Disons qu'il n'a pas conscience de mon intérêt. Mon invitation ne l'aurait pas intéressé, je viens me consoler ici. Ma meilleure amie devait m'attendre ici, mais un problème de dernière minute l'en a empêché.

« Consoler », « meilleure amie absente » ? Le sang de Joshua ne fit qu’un tour.
Merveilleuse opportunité qui se présentait à lui, seul hic encore à éclaircir, ce foutu mari. En mauvais citoyen qu’il était, le jeune homme ignorait complètement les risques encourus s’il en venait à coucher avec une femme mariée. La logique voudrait que ce soit elle qui prenne, au pire, non ? A partir de quand l’Incontestable jugeait-il qu’il y avait adultère ? Un patin ? Une partie de jambe en l’air ? Les règles du jeu lui semblaient bien floues tout d’un coup. Finalement y avait peut-être des trucs qui valaient le coup d’être écouté à l’école. Réflexion faite.

- Tu peux toujours la remplacer si le coeur t'en dis.

Attends… elle était sérieuse là ? Mari ou pas, Joshua balaya cette idée d’un dernier coup d’œil sur son annulaire, vierge de tout anneau. Était-ce un habile subterfuge pour endormir le loup ? Les sbires du gouvernement allaient ils débarquer dans la seconde où il tenterait de poser ses lèvres contre les siennes ? Honnêtement, elle venait de lui offrir la possibilité d’abuser de sa compagnie, il n’allait pas tergiverser mille ans, mais plutôt foncer, tant que les vents semblaient en sa faveur. Il se fendit à nouveau d’un sourire de loup, et répliqua :

- Avec plaisir mon cœur.

Sa main se posa derrière sa tête, il l’avança vers la sienne, et avec nonchalance, déposa ses lèvres contre les siennes lui volant un baiser, doux, sensuel, puis glissa sa langue sur ce rouge brillant au gout de cerise, revigorant la lippe sèche de la jeune femme. Il la dévisagea une demi-seconde, regard nourrit par le désir qu’elle provoquait en lui, délicate porcelaine à mille lieux du type de beautés auxquelles il aspirait d’ordinaire. Ses traits fins, délicats, timorée beaucoup trop sage, soignée, pure pour lui. C’était peut-être ça, le plus excitant chez cette nana, il n’avait rien à foutre ensemble. Elle était tout ce qu’il n’était pas, elle était bien trop blanche, pure. Il parcourra sa peau d’un œil avisé, découvrant son avant bras de sa main à la recherche d’une marque, n’importe quoi.

Rien. Sa peau était vierge, entièrement vierge. Constat fait, il se retira, laissant retomber tout son poids sur le dossier de sa chaise, chercha dans une poche un paquet de clopes éventrées, et en porta une à ses lèvres :

- Tu sais ce que tu risques si tu te fais prendre… ? Il fit craquer une allumette et attisa l’étincelle au bout de sa gitane. Tira une bouffée, avant de reprendre, … un baiser comme ça, je doute que le gouvernement t’en tiennes rigueur, surtout si ça te tombe dessus sans que tu le cherches. Il la toisa à nouveau et aspira à nouveau le tabac dans ses bronches. ... Mais à supposer qu’on baise ensemble, grâce à ton mari, ce sera la chaise électrique, direct. Tu le sais non ?

Il posa ses coudes sur la table, s’avança à nouveau, sortit une autre cigarette et la déposa délicatement dans l’embouchure entrouvertes de Yushe. Craqua une seconde allumette, et fit grésiller son extrémité. Il lui sourit, d’un sourire tendre, bienveillant, un peu moins "ours" et un peu plus complice, histoire de pas non plus la faire fuir, là, maintenant, ce qui serait balo. Il effleura du bout des doigts la sienne de main, laissée échouée sur la table, fermement accroché au pied de son verre.

- Ma proposition est sérieuse Yushe…

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Yushe Tachibana

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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Lun 30 Juin - 15:29 Répondre en citant

La fête est finie !
D'accord, elle allait se prendre un vent. C'était couru d'avance. Plus jamais elle ne toucherait à de l'alcool, c'était trop mauvais pour elle, ça lui donnait des idées vraiment idiotes. La pilote était prête à se rétracter, riant de ce qui deviendrait une bonne blague entre lui et son ami. Il fallait qu'elle sorte. C'était fou. En voiture, jamais elle n'avait de crise de panique. Elle n'avait jamais fait d'hyperventilation, ne s'était jamais évanouie, n'avait jamais fait de crise cardiaque. Près de lui, elle se sentait prête à avoir tout ça d'un coup. Danger public va. Ce ne sont pas les voitures le danger, mais bien les hommes ! Yushe se plaisait à croire qu'elle avait des nerfs d'acier mais en sa présence, elle ne contrôlait plus rien. C'était horrible pour elle de perdre ainsi le contrôle, tout ça à cause d'un seul homme aux cheveux bleus. Quelle honte.

Son coup d'oeil sur sa main, à la recherche d'une preuve quelconque, lui échappa complétement. En revanche, son sourire carnivore la fit frissonner. Finalement, avait-elle bien fait de lui proposer une soirée en sa compagnie ? Elle ne le connaissait absolument pas en y réfléchissant bien. Peut-être était-il un dangereux psychopathe échappé d'asile. Peut-être allait-elle un peu loin là... Du moins un Don Juan ? C'était le plus probable après tout. Elle posa son verre sur le comptoir, les sourcils légérement froncés, l'observant avec un air interrogatif. Avait-elle raison de lui faire confiance, juste parce qu'elle le trouvait beau et qu'il l'avait aidé une fois ? Ce n'étaient pas des arguments très convaincants pour sa raison. Mais tout le monde sait que le coeur est un abruti qui a bien plus de poids que le cerveau.

Son assentiment résonna longuement dans sa tête. "Avec plaisir" ? "Mon coeur" ? Sérieusement ? La raison de Yushe s'effrita doucement. Il n'était pas farouche celui-là, c'était le moins qu'on puisse dire. Elle n'allait pas s'en plaindre, loin d'elle cette idée. Mais il devait en avoir du succès pour être aussi confiant en lui. Alors qu'elle continuait à le dévisager, elle vit sa main partir derrière sa nuque pour rapprocher son visage du sien. Les yeux de la demoiselle s'écarquillèrent. Ah bah s'il suffisait de dire ça aux hommes qui lui plaisait pour qu'ils prennent les devants ! Sentir sa bouche contre la sienne la fit frémir une nouvelle fois. Il restait chaste, bien loin des baisers langoureux d'Hollywood, mais il était suffisant pour faire battre encore plus vite le coeur de Yushe, qui n'en revenait toujours pas. Pour un observateur extérieur, le baiser devait être amusant à voir : elle n'avait pas fermé les yeux et se contentait de loucher bêtement sur Joshua. Pas très sexy. Sa langue sur la lèvre inférieure de la jeune femme réussit néanmoins à lui faire prendre conscience que ceci se passait réellement. Merde alors.

Il se recula un peu pour la regarder, ses yeux assombris la fire rougir et elle se figea. Plus Japonaise timide typique, tu meurs. Sa respiration s'accéléra alors que les yeux de Joshua parcourèrent son avant-bras. Elle ne se sentait pas bien. Ce n'était pas naturel de sa part de respirer aussi vite. Elle ne remarqua presque pas qu'il avait maintenant lâché son bras, comme déçu de ne pas y avoir trouvé quelque chose. Sa voix lui parut lointaine, des étoiles se mirent à danser devant ses yeux. Oulà, qu'est-ce que c'était cette sentation ? Elle ne pouvait pas mettre ça sur le compte de son habilité à embrasser. Les quatre verres alors ? Mais ce n'était pas grand chose ça !

Elle retint peu de choses de ce que dit Joshua. Apparemment, il avait peur d'être exécuté, parce qu'il pensait qu'elle était mariée. Mariée à qui d'abord ? Il l'avait vu avec un homme ? Se sentant trop mal pour commencer à réfléchir sur le sujet, Yushe se raccrocha machinalement à la table. C'est normal que son tabouret tangue ? Elle sentit qu'il lui glissait une cigarette dans la bouche et elle se retint de l'enlever directement. La nicotine, ça ne fonctionnait pas sur elle. Impossible de se détendre en fumant et surtout, elle détestait le goût. La main de Joshua vint caresser la sienne. Yushe sembla s'apercevoir de sa présence à noueau, les tâches noires dans sa vision de plus en plus présentes alors que sa respiration devenait sifflante. Elle voulu néanmoins lui répondre :

- Tu as peur de la mort ? Je l'ai affronté un nombre de fois que tu n'imagines pas. Je la connais. Et la seule façon pour toi de la rencontrer ce soir, c'est de continuer à fumer. Je ne suis pas mariée. Qu'est-ce qui t'as mis cette idée dans la tête ?

Ok, elle allait vomir. Enfin peut-être pas. Elle ne savait pas. Toute la salle se mit à tanguer dangereusement. Yushe parvint à articuler d'une voix faible un "Je ne me sens pas bien" avant de sentir son corps échapper à son contrôle. Putain, quatre verres quoi ! Son frère s'enfilait quatre bouteilles lui ! Elle tomba évanouie contre Joshua, se maudissant encore pour avoir raté une occasion si parfaite d'assouvir son désir. Vie de merde.

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MessageSujet: Re: Si on m'avait dit qu'il me volerait mon coeur... Lun 30 Juin - 20:33 Répondre en citant
« Mais qu’est-ce qu’elle me sert celle-là ? » pensa-t-il avant que Yushe ne s’évanouisse littéralement contre lui. Ok. Situation de merde bonjour. Il était censé faire quoi là ? Appeler les urgences ? La secouer jusqu’à ce qu’elle rouvre un œil ? Ou bien la tirer vers l’extérieure histoire de lui faire gouter un air plus pur ?

D’abord, il brailla le nom de Kezeyencko pour que son pote rapplique et lui file un coup de main. Bien sûr, ce dernier ne s’était pas gêné pour lui railler au nez se demandant bien ce qu’il avait pu faire à cette brave fille pour la mettre dans un état pareil. C’est là que Nath’ lui parla des verres qu’elle s’était enfilé avant qu’il ne la croise. Bon. Un début de réponse, le voilà déjà mieux. Elle rouvrit un œil, loin d’être complètement consciente, mais juste assez pour lui indiquer son trousseau de clefs et se soulever à peine sur ses jambes.

Direction la maison des Tachibana alors. Joshua commença à connaitre l’itinéraire, ça s’annonçait pas trop dur, ca. L’allongeant dans sa caisse, sur la banquette arrière, il alluma le moteur et sur le chemin, hésita entre deux directions. « Chez elle ou chez moi ? » Il n’avait aucune envie de trouver l’autre affreux. « Je ne suis pas mariée. » avait-elle dit.
Réalité ou mensonge, il n’allait pas prendre le risque de la ramener chez lui.

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