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Blocs de vie

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Message par Admin Jeu 17 Sep - 11:27

« Allo, Monsieur Kezeyencko ?
_ Kwa ? »

Lundi, dix-sept heures trente, dans les rues de Tokyo, avec des relents de bruine brune – merci qui ? merci la pollution – qui s’écrasent sur les pavés, les parapluies noires, et les idiots qu’ont pas de parapluie, genre, à tout hasard, moi. J’aime bien la pluie de façon générale, celle qui colle et qui vous donne l’impression d’être sous l’océan, par contre, ce genre de boue liquide timide qu’assume même pas sa nature, faudrait que je reprenne une douche juste derrière ; en plus, ça caillasse bien dans la ville, en Avril, te découvre pas d’un fil, en Mai, fais ce qu’il te plaît tant que tu fais comme Avril. Le chaudron qu’est la mégalopole épileptique suffit pas à tous nous tenir au chaud, dommage dommage.

En tout cas, si j’ai pas reconnu le numéro, je reconnais la voix de filou sans dent de l’éditeur chez qui j’avais proposé mes services ; il était le genre de type qui avait failli être quelqu’un d’un peu artiste, avec un sens critique et un certain détachement matériel, prônant le livre avant la couverture, mais maintenant, le teubé, peut-être guidé par des choix faciles ou son côté de pourri en costard, trouvait rien de plus créatif que le derrière d’une pièce de yen, préférait mettre le nom de l’auteur plus gros que le titre jusqu’à bouffer l’image et passait plus de temps à relire le quatrième de couverture plutôt que le contenu du roman. Un futur proche, quoi. J’aimais pas sa voix mais j’étais quand même content de l’entendre, je savais qu’il avait kiffé mon travail que je lui avais envoyé y avait pas trois jours, me faisais pas de souci.

« Monsieur Kezeyencko, oui, alors, nous avons étudié votre œuvre… » Voilà, oh, est-ce que j’avais dit que ces gens ne lisaient pas, ils ‘étudiaient’ ? « Malheureusement, elle ne correspond pas du tout à notre ligne éditoriale.
_ KWA ?! » Ah ouais, nan, il avait pas apprécié. L’échange commençait bien.
« Oui, enfin, c’était censé être une réécriture d’un conte afin de le rendre accessible pour les enfants. On a retrouvé une dizaine d’insultes…
_ Bah, c’est pas grand-chose !
_ … dans les deux premières pages, oui, et vous décrivez de façon trop explicite les cadavres qui, je cite, sont « écartelés, si le sang gicle, c’est pour mieux laisser voir les tendons craquer, suivent alors les muscles, puis les os, le tout accompagné de hurlements de souffrance. »
_ Les enfants aiment les images crues, ça les poile.
_ Vous continuez ensuite par décrire le seigneur Zhang Wei comme un fils de putain capitaliste.
_ C’est pas le cas ?
_ On ne doit pas prendre parti, c’est à destination de la jeunesse.
_ Faut bien que les contes éduquent la jeunesse.
_ Enfin, pour toutes ces raisons, nous ne pouvons accepter votre manuscrit, éventuellement si vous accepterez de les remanier…
_ Quoi ?! Hey, je suis auteur ! pas forgeron qui tabasse son œuvre pour que ça soit plat ! Si vous voulez de la merde monochrome, vous demandez à Google !
_ Et bien passez une bonne journée…
_ Ouais, c’est ça, crève ! » que je le finissais avec la bouche face au haut-parleur. Comprennent rien à rien, ces éditeurs, putain !

Heureusement, au moins, y avait eu un échange normal, vous voyez, la soirée était pas terminée. Je m’engouffrai rapidos à ma banque pour un rendez-vous sollicité par mon conseiller. Direct, l’odeur d’naphtaline, ou de je sais pas quel produit de tunique à cravate, votez pour l’amidon, la lessive industrielle ou juste une odeur de propre périmé, me boucha les narines et une petite vague de chaleur m’entoura alors que mes cheveux foncés par l’averse fine gouttaient sur la moquette impec’. Je patiente pas quatre minutes qu’une vieillarde se tire de devant l’accueil, que je m’avance à mon tour, et qu’on me dise que j’étais attendu, et on m’invite à m’asseoir jusqu’à ce qu’on vienne me récupérer.

Et v’là mon gars qui sort de sa petite cabine où il se coince toute la journée ; le mec, c’était un banquier, en gros, un expert-comptable du grand public. Il voulait tellement devenir banquier le gars, qu’il ressemblait à un stéréotype sur pattes : une sorte de langueur qui gangrénait l’aspect dynamique qu’il voulait se donner, une couronne de cheveux mal brossée, un costard qui lui comprimait la cage thoracique, et une sorte de petite lueur morte dans les prunelles, que j’arrêtais pas de regarder, hypnotisé, et qui voulait dire « Tuez-moi ». Sans sourire pour ma part, je l’accompagnai jusque dans son bureau trop petit où je m’affaissai en combattant les politesses inutiles.

« Monsieur Kezeyencko, j’ai sollicité un entretien afin qu’on voie ensemble les différentes options qui s’ouvrent à vous.
_ J’ai des opportunités de comment ?
_ Enfin, opportunités… » Il avait des lunettes qu’il remonta à la branche, le truc le moins pratique de l’univers, et il continua : « Vous êtes endetté et vous n’allez pas pouvoir dépasser un certain plafond. Si vous continuez comme ça, au bout d’une semaine, vous ne pourrez plus avoir d’argent de notre part. » Ah ouuuais, c’était vrai. Ca faisait quelques semaines que j’avais pris des vacances histoire un peu de peaufiner tout l’Incontrôlable maintenant que les premières gifles contre le gouvernement avaient été envoyés ; c’était le moment où dans un match de boxe, l’entracte, là où les combattants rejoignaient leur coin, et c’était là, pile, qu’il fallait agir sans frein. Fracturer, c’était facile, mais se réparer, ça demandait plus de temps et plus d’énergie. Donc le bar, ciao, des fois, je faisais les pires journées comme le week-end, mais pas de quoi sauter au plafond. Le salaire de ma miss suffisait pas à remonter le canot financier, alors on commençait doucement à couler au fond ; grâce à moi. Et comme j’avais nada économie à-côté, les pertes financières avaient rapidement rongé mon compte jusqu’à acidifier le seuil et passer dans les négatifs. J’avais aucun remord, mais c’était compliqué à expliquer au gars, alors je me contentais de la réponse facile et neutre :
« Très bien.
_ Ce n’est pas le seul souci, vous savez que les taux d’intérêt sont plus élevés quand vous êtes endettés ?
_ C’est bien ou pas bien ?
_ Il faudra rembourser plus que ce que vous nous devez.
_ Ecoutez M’sieur », lui dis-je rapidement, agacé, « Votre dernière phrase, si vous la servez comme définition du capitalisme, vous serez jamais embauchés comme marketeuh. » Dernière phrase de Nath’ normal, après, je servis à rien et j’hochai la tête.

Je sortis de la réunion de dix minutes après avoir signé des docs aléatoires, un goût amer dans la gueule : il est temps de se remettre au travail. Chuis peut-être un fonceur, j’ai quand même la notion de long terme qui me titille, et diriger une organisation sans la fibre, sous un pont, c’était pas envisageable du tout. Aaaarrhh, putain, bande de trouducs… Bon, fallait que je prévienne le patron qu’il me réembauche un peu s’il le voulait bien, il pourrait pas refuser, je fais tourner sa boutique avec un seul bras. De toute façon, j’allais au Révolutionnaire, là, histoire de boire un coup avec l’ours rouge et sa nouvelle pogne en métal ; je vous ferais pas la blague de dire que ça m’avait coûté un bras, et ouais, je vous remercie, j’aime aussi les prétéritions.

Nan, pas de travail voulait pas dire du temps libre à gogo : je contactais les gens, je leur disais de pas laisser tomber pour les plus motivés d’entre eux, je vais pas refaire tout le bottin, je participais au site après qu’on m’ait expliqué le fonctionnement des codes et autres sagesses secrètes de la technologie moderne, je faisais mes travaux d’intérêt généraux, heeeey, repeindre un hôpital, ou assurer des services demandant pas de compétence sur un chantier, super intéressant ! En gros, période de transition, période où il se passait pas grand-chose, période qui prépare la prochaine période. Fallait le temps que je digère la torgnole de la dernière fois, même si les chances, allez, elles étaient de base coucicouça, pour faire bien chier le gouvernement, ça faisait toujours du mal de se prendre une petite défaite ; dans ces temps-là, je me prenais une fumette moi qui fumais pas, et je me disais que la boxe, c’était un combat d’endurance, on juge rien que les premiers coups. Pis, on attendait aussi les réponses sismiques de notre onde de chocs, peut-être que ça allait remuer quelques entrailles dans tous les coins du grand Nippon, et ainsi alimenter nos ressources humaines. Ensuite, fallait aussi que le brave Josh termine sa rééduc’, je savais pas du tout combien de temps ça prenait, j’étais passé juste une ou deux fois à l’hosto, Josh avait pas besoin de consolations de ma part, et j’avais pas envie de faire la queue derrière une ligne de poufs, mais depuis qu’il était sorti, j’étais le premier à lui donner rendez-vous ici, au Révo’, histoire qu’on se refoute sur pieds l’un l’autre, et qu’il regoûte un peu à l’alcool, l’animal qui s’était trouvé dans l’antichambre de l’enfer avec que de l’eau pour le gosier.

L’ambiance dans le pub le lundi soir, est toujours aussi terrible, pas dans le bon sens du terme ; ceux qui vont au bistrot le lundi soir sont souvent des tristes gens. Je salue les employés de service et je discute rapidos avec quelques-uns d’entre eux en attendant Josh, déterré de ses couettes. Putain, me sentais mal pour lui, rester attaché à un lit pendant une heure, ça me démangerait tout le corps, pendant plusieurs jours, je ferais des crises d’inanition de mouvement et pendant plusieurs semaines, me laissez pas approcher de ma ceinture. Enfin, je serai super content de le retrouver, le gaillard, ça faisait longtemps que je l’avais pas vu à l’air libre, et quelque part, tant mieux s’il était autonome. Un accident est si vite arrivé, surtout quand on passe le plus clair de son temps le dos en compote contre son oreiller dans un établissement public.

Je sors une cigarette de derrière mon oreille et je l’allume d’un clic de briquet, et quand les herbes grésillent, je fais jouer les flammes avec mon souffle en bloquant le tigeot entre mes lèvres. Je regarde le bar, pas beaucoup de clients, des malabars pour la plupart avec des tronches de Français, en bref, gris tournés vers le bas, et la musique de fond qui aurait pu dépoter vu que les discussions faisaient pas trop de bruit restait discrète et nous replongeaient dans les fins du vingtième siècle. Pour un verre, j’attends Josh, qu’on le prenne ensemble, boire de l’alcool, c’est toujours tristoune quand y a pas un compagnon de beuverie à-côté, et je commence pas les préliminaires sans lui. Je retire ma cigarette et balance la fumée au plafond d’une expiration brusque. M’étais renseigné, le patron était pas là actuellement, je lui ferais passer un message vocal alors, d’employé à employé, j’avais son numéro de portable mais pour lui avoir fait faux bond quelques fois ces derniers temps, je préférais rester poli, ça m’énerverait de me faire gicler d’ici et d’expliquer ça à Moji par la suite.

Aaaah, Moji, peut-être le seul facteur de ma vie actuelle qu’était stable ET plaisant ; depuis qu’on s’était réconciliés dans la chair, on cherchait pas trop à bouffer sur l’autre comme avant mais au moins, les rares moments qu’on passait vraiment ensembles étaient agréables et se terminaient souvent bien. Ca me donnait du peps, exactement ce qu’il me fallait comme carbu alors qu’on patinait actuellement dans la transition. Je recrache de la fumée après l’avoir invité près des bronches, et je me dis qu’il était peut-être temps de relancer la machine. Mais Josh d’abord, ma priorité, je l’attendais bien, la journée avait été pourrie, mais une journée sans Incontrôlable était devenue une journée de rien ; des fois, une journée commençait pas au lever.
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Joshua Sullivan

☆ Médaille olympique du célibataire heureux. ☆

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MessageSujet: Re: Blocs de vie Ven 8 Mai - 15:35 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
- Salut P'pa.
- Joshua! Ca va? Et ta sœur? C'est pas souvent que tu prends le temps d'appeler "tes vieux"... Bon, je vais pas te refaire le questionnaire de maman et te faire le tour de la famille... Allons droit au but: tu as besoin de quoi?

La famille, c'était sacré chez les Sullivan, mais c'était plus une affaire de cœur que d'actes. Autant Abbey, Josh la voyait souvent et veillait naturellement sur elle, même s'ils ne se disaient jamais les mots tendres. Autant les parents, le fils leur donnait rarement signe de vie. Pourtant il les aimait hein, y avait pas à chier, sa famille, c'était la meilleure, particulièrement sa mère. Mais l'ours rouge était de ceux qui vivait leur vie dans l'instant, avec les gens présents autour de lui, et ne s'arrêtait pas sur les rêveries potentielles de vie ailleurs, les pauses nostalgiques qu'on se refaisaient en boucle dans la tête. Il avait bien assez à vivre dans la minute pour penser au reste. Mais ses parents le connaissaient et ne s'en offusquaient pas. Ils savaient que leur fils ainé n'appelait jamais sans raison. Sa mère, toujours la première à décrocher le combiné, profitait alors de ces courts intermèdes téléphoniques pour lui faire un gros debriefing de leur vie, de celles des cousins, tantes, oncles, amis, la petite Sakura, "mais si tu sais, ton amoureuse de maternelle qui a fait médecine", clients, chien, poisson rouge... Tout le monde y passait. Une vraie pipelette, c'était l’épreuve du feu à passer pour pouvoir mériter de quémander de la thune à papa.

Josh lança un coup d’œillade vers la jeune femme assise aux abords de son lit comme pour lui indiquer que la conversation arrivait à son terme.

- Elle va bien, tout l'monde va bien... Même le mari... Pause, il déglutit avant de reprendre. Mon ordi est tombé en rade ce matin et mes clients m'ont pas encore payé mes avances sur droit, sauf que si je leur envoie pas mon taf, j'pourrai pas être payé, et comme actuellement mon compte en banque crie famine... Est ce que tu pourrai m'avancer quelques biffetons steuplé...?

Un soupir rauque se fit entendre à travers le combiné. Papa Sullivan ne cherchait plus depuis longtemps à vérifier les excuses de son ainé, il savait que ce dernier bossait dur pour un métier de galérien, tout autant, il le savait capable de claquer sa thune sans la préoccupation du lendemain et de se montrer totalement irresponsable. Mais Josh n'avait jamais manqué parole et remboursait, avec sa propre définition du mot "délais", toujours ses parents. Alors comme à chaque fois, son père finit par dire:

- De combien tu as besoin?

Quelques minutes plus tard, Joshua raccrocha, soulagé de savoir son compte en meilleur santé qu'avant. Il aimait pas faire ça, ses parents roulaient pas sur l'or et il se savait trop vieux pour demander encore de l'aide de leur part. Il releva la tête vers la responsable, jambes croisées, talons hauts, bas résille, en train de se mirer le profil dans un miroir de poche, son rouge à lèvre caressant sa pulpe:

- C'est réglé, file moi ton RIB que j't'envoie ta thune...

Sentiment de trahison, vexé, bafoué, énervé, le con, la sale impression d'avoir été une vache à lait qu'on aurait astiqué pour en faire jaillir le nectar.

- Tiens gueule d'amour.

D'un geste nonchalant, elle lui tendit un bout de papier préparé à cet effet puis reprit sa séance maquillage. Joshua grogna et pianota sur son tactile le numéro de la demoiselle.

- ...T'aurais pu l'dire que t'étais une pute.

Haussement de sourcil de sa part, elle lança un regard sur Josh avec condescendance:
- Parce que tu en connais beaucoup des nanas qui vont te faire une pipe après un bonjour comme ça?... L'image de Melody vint lui frapper à la gueule. Ben ouais connasse, faut croire que ça existe. Il n'eut pas besoin d'expliciter verbalement sa pensée, elle sembla lire en lui car la prostitué se mit à lui sourire et poursuivit. ...C'est vrai qu'avec ta gueule, ça ne serait pas étonnant... Elle décroisa les jambes et se pencha en avant, dévoilant la pointe de ses tétons. Mais mon chou, sois pas grognon, je te fais déjà un prix justement parce que tu m'plais... Allez, elle se releva et réajusta son mini short, sans rancune beau gosse, et au plaisir.

Transaction terminée. Joshua avait balancé son portable sur le lit et ruminait dans sa barbe naissante ne daignant relever la tête vers elle. Étrange impression d'avoir été le baisé plutôt que le baiseur. D'un léger rire victorieux, la femme aux allures de Jess prit la porte, checkant au passage son écran tactile pour réceptionner le mail validant l'argent arrivé sur son compte.

Joshua se laissa retomber sur son lit et calma ses nerfs sur trois longues inspirations puis vint caler un joint entre ses lèvres, l'allumant d'un coup de zippo fugace. Elle ressemblait quand même vachement à Jess cette putain... Tirant longuement une latte, histoire de laisser le temps à la fumée inhalée de faire trois fois le tour de ses bronches et de rendre ce souvenir grisant le plus cotonneux possible, il plana un moment, daignant tout de même lancer sa playlist sur du Stupeflip.

Le reste de son après midi fut comblée par ce vide. Son imaginaire en plein essor voguant d'idée lumineuse en idée lumineuse, la pointe d'un crayon se trainant aux abords d'un carnet, à tenter trois esquisses pourries trottant dans sa tête, et jouant de temps à autre avec ses articulations en boulon. Joshua dégustait alors les joies et les désillusions de sa liberté fraichement retrouvée. Voila quelques heures seulement qu'il était sorti de l'hosto, pouvant à présent manier sa main de fer comme si elle faisait partie intégrante de son corps, et retrouver son herbe, ses femmes, ou tout du moins celles de macros, et bientôt ses amis.

Lorsqu'il redescendit de son tripe, il était déjà l'heure de rejoindre Nath au Révolutionnaire. Timing parfait, le meilleur des remèdes qui soit, car la belle éclaircie chaude de ses joints se dissipait pour laisser entrevoir la grisaille crue et morne du quotidien. Se motivant enfin à fermer sa braguette et s'arracher de son lit, le Sullivan enfila sa veste et prit le nécessaire pour quitter son antre.

La paluche sur le carreau poussant la porte du bar que déjà, il zieuta la queue de cheval blonde voutée au comptoir son mégot s'écrasant dans le cendar. La simple vision du Nath vint réchauffer en dedans le trou béant lourd d'un froid polaire présent dans la poitrine de chaque être dans pareil monde. Un début de sourire s'annonça sur sa trogne, finalement entier lorsque leurs regards se croisèrent enfin. C'est à cet instant que Joshua se rendit compte que c'était de son pote dont il avait eu précisément besoin aujourd'hui, et ce moment de retrouvailles et les échanges qui suivirent, étaient le seul vrai point de couleur de sa journée.

- Mec ça m'fait super plaisir de te voir, tu peux pas t'imaginer la journée pourrave que je viens de passer. Il s'assit à son coté et ils passèrent commande. Enfin, c'est pas pire qu'être enfermé en quarantaine à apprendre à s'tourner les pouces au sens propre du terme. Fièrement, Joshua exhiba son membre d'acier et fit une brève démonstration: dépliant et repliant avec souplesse ses articulations du pouce au petit doigt avant de s'accouder au comptoir. En rentrant chez moi j'ai eu un ptit mot doux dans ma boite aux lettres comme quoi fallait que j'me pointe au tribunal dans la quinzaine qui venait pour parler de ma peine. D'un hochement de tête il passa le relais. Et toi à ce sujet, ça en est ou? Toi et ta petite vie de famille, vous avez eu quelque chose?

_________________
Merci Kato Iga pour ce génialissime dessin. Tu sais que je t'aime beau frère?

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victorledelfin
Nathaniel Kezeyencko

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MessageSujet: Re: Blocs de vie Mar 12 Mai - 0:44 Répondre en citant
C’est derrière un nuage de fumée opaque et blanche que je crache de mes poumons que Josh intervient dans la pièce avec le timing féroce d’un film en poussant la porte et faisant ainsi rentrer les dernières lueurs du jour derrière lui ; sans même le demander, y a le sourire qui dévoile une canine quand le petit titan en charpente d’os, de convictions et depuis peu, de métal et autre nanotechnos s’approche de moi. Il a de l’allure, le gars, les épaules larges qui supportent les derniers jours où on s’était pris une rouste sèche et où le gaillard avait perdu sa main dans une explosion (explosion aux origines mystérieuses, si je retrouvais le camp ou l’individu qui s’était dit que Verdun méritait une reconstitution à l’instant, j’étais chaud pour la réouverture de l’expo dans sa gueule). Je le salue en levant ma clope et avec un sourire, et je me fous debout pour le saluer convenablement, petit check entre nous, pat pat sur l’épaule et la nuque avant que le croupion regagne le tabouret tandis que Josh s’accapare du voisin. L’est temps de commander, et c’est tout gratuit parce que Nathaniel Kezeyencko dirige l’endroit quand le patron est pas dans les parages.

Deux choppes d’un litre chacune (on met les petiots dans les barraques, comme on dit) nous tombe sur le coin du pif à toute vitesse tandis que Josh me raconte un peu ses émotions du moment. Il commence déjà par me dire qu’il avait passé une journée pourrave. Une journée pourrave ? Drôle d’écho, ma journée me remonte en mémoire et c’est pas du bien non plus.

« On est deux, ducon ! Mais on a toute une soirée pour remonter le bilan. »

Je trinque dans sa choppe et comme on est des hommes, y a de la mousse qui éclabousse le bar ; on peut pas frapper comme des mandales non plus, on tient du verre ; y a que le vieux Continent, en tout cas, les pays les plus versés dans l’art de la bière à renverser, que les chopines sont en métal, idéal pour tremper les poignets de tout le monde. Il paraît que la tradition venait du Moyen-Âge, quand on voulait être sûr que celui qui nous avait passé le verre récupère un peu du poison dans le sien après que la moitié des deux contenants se soient mélangés suite à la cognade; on s’imagine pas comme ça que la création d’un geste de protection contre la plus vile des morts devienne un des gestes les plus cools du troisième millénaire. Comme le fait que la création d’un site pour décider de la plus belle meuf de la promo soit la graine qui donnera Facebook plus tard. Marrant comme les coïncidences sont comme des atomes d’air : ça fonce partout dans tous les sens et ça arrive dans les endroits les plus incongrus après une trajectoire totalement dynamique, voire stupide.

Josh me dit que l’hôpital de toute façon, c’était pire. Pas besoin de savoir pourquoi : entre avoir une vie, même ponctuée d’emmerdes, et rester au lit, je buzzais illico pour le premier choix. Comme je vous l’avais dit, l’immobilisme me foutait des plaques rouges. Si je devais passer des jours dans un hosto, pitié, achevez-moi, ou mettez-moi sous anesthésie jusqu’à ce que ça se termine, d’où vous pourrez me balancer à travers la porte dès que mon corps est revenu au top. Je le félicitais en tout cas pour sa sortie de l’hosto, une bonne chose de faite ; pis, je souffrais comme tout le monde du syndrome inconscient de l’hôpital-cauchemar. Vous aviez beau y mettre toutes les technologies que vous vouliez, avec les meilleurs gars du monde à l’intérieur, les plus compétents, les Einstein de la science et les Miyazaki du bistouri, en bref, les endroits les plus sécurisés du monde, vous étiez jamais à l’aise quand vous ou un de vos proches y foutaient les miches, bizarre ; peut-être la peur non-dite qu’à un moment, quand vous êtes dans votre lit peinard, on vous anesthésie direct, on vous claque sur un brancard par erreur avec votre voisin de chambrée, pis on vous enlève un ou deux reins pour la forme que vous retrouvez dans des bocaux. Qu’on se le dise, j’ai jamais été à l’hosto. J’espère que la première fois que je serais obligé de m’enfermer là-bas, ça serait à un moment où je serais tellement mal que je me rendrais même pas compte de la couleur de mes draps albinos.

Par contre, Josh a l’art et la manière de balancer les mauvais sujets les uns à la suite des autres, donc il embraie direct sur les lettres pour le tribunal : le pauvre allait se faire coincer devant un jury à pour dans quinze jours, afin qu’on juge de ses terribles crimes de penser déviant. Y avait de grandes chances que ma femme et moi, on se récupère le même bousin dans la boîte aux lettres. Je dis à voix haute la réflexion suivante après avoir éliminé le cinquième de ma boisson :

« Faudra que tu me rappelles de brûler du courrier alors. On s’en fera un barbec’. » J’ai des rapides images d’un temps lointain où Josh et moi, on fomentait un début de révolution dans un temple (bouddhiste, nan ?) et qu’on s’était fait un dîner tout chaud sous les étoiles avec saucisses et bière le carburant du beauf. J’aimais bien ce genre de pensées : on avait dit qu’on ferait ainsi, et on l’avait fait. On n’avait pas à rougir face aux cartes postales du passé.

Voilà de quoi répondre à ses petites questions. Je me souviens que rapidement après la manif, on m’avait parqué avec ma chair et tendre histoire qu’on fasse le bisou sacré de l’Incontestable. Pour leur montrer qu’on avait décidé de pas se foutre de leur gueule, on avait fait bien plus qu’un baiser dans la cellule ; le message était passé. Les coups de matraque sur la gueule aussi. Ça m’avait donné plus de taff pour le visage ça… Si vous voulez faire le compte des saloperies que j’ai dû soigner juste après, alors, t’avais… une arcade sourcilière gauche qu’accueillait un pansement, des bleus ci et là, une dent en moins derrière une canine, quelques blessures au niveau du front mais ça, ça saignait plus, tant mieux. Bon, ma liste pouvait être aussi longue que possible, Josh avait décidé de faire son intéressant et de rafler la mise avec sa main bionique qu’on s’était dépêché de lui offrir. On aurait voulu qu’il y ait des motifs cools dessus mais notre branquignol était pas levé pour donner son approbation. Vous lui dîtes pas, hein, c’était le genre de trucs que je garde pour moi, mais si j’étais dans la dèche, c’est en partie parce que mes rares économies avaient fondu pour forger l’alliage de la nouvelle main de Josh. Est-ce que ça valait le coup ?
Ouais.
J’aurais hypothéqué ma baraque et ma vie s’il l’avait fallu.

Encore une fois, c’était con, mais j’avais eu l’impression qu’en perdant sa main, Josh perdait sa muse, une partie de son inspiration, genre que tout ce qu’il produirait avec cette main sortirait calibré comme du Times New Roman. Après quelques heures de réflexion, évidemment que ça allait rien changer, peut-être même que ça allait aider Josh pour trouver l’inspi : suffirait de regarder sa pogne et de repartir à bloc. Sur le ton de la converse après m’être renfilé le verre, je lui dis justement :

« Eh Josh, ta main alors, elle fonctionne bien ? Normalement, c’est du top. Dès que tu t’y seras bien fait, on va pouvoir reprendre nos arts croisés. » Je sais que tu bosses normalement avec l’autre main, Josh, pas besoin de me remonter le ciboulot là-dessus, mais même : j’ai qu’un seul crayon, mais pourtant, je considère que je travaille à deux mains sur mes écrits. Question de symétrie, je savais pas, quand je notais mes pensées, l’énergie était bouillantement concentrée dans les dix doigts. « Et maintenant que t’es opé de nouveau, on va pouvoir penser à la suite, niveau révolution. Les gens savent qui on est, et surtout, qu’on existe. Pour les plus timides d’entre eux, on a tiré une fois, je propose qu’on rempile aussi sec et aussi fort pour les persuader de la puissance du mouvement. Manque plus que le comment. »

Le bar se remplissait d’un poil mais pas assez pour qu’on me force à prendre le tablier et servir moi-même les gus, merci le hasard ; même si j’étais pas censé porter les plateaux aujourd’hui, ça serait immoral de les voir se traîner en dansant autour des tables et grimaçant sous les plaintes des clients. J’écrase mon tigeot qui fruine dans le cendar et pis s’éteint, et pour me consoler, je me prends de la bière en plus ; j’ai terminé direct la moitié, mais c’est normal, c’est toujours comme ça pour le premier verre.

Fallait faire remarcher la machine des Incontrôlables, relâcher les bêtes à nouveau. Mais comment et sous quelle idée, v’là que tout était encore à découvrir. De toute façon, avant de penser à ce genre de chose, fallait assurer la stabilité, en gros, que je trouve du pognon rapidos histoire que je puisse survivre et aussi au cas où faudrait investir. Bah justement… Je savais que Josh était aussi dans la dèche ; pas forcément aujourd’hui plus qu’hier, mais de façon générale. Maintenant que j’y pensais, je savais même pas comment l’ours faisait pour survivre dans sa tanière : un loyer, ça se payait régulièrement, nan ? Sans compter la bière dont il devait se bâfrer. Je lui fis part en tout cas :

« En tout cas, j’ai peut-être un plan kopek si ça t’intéresse, un vrai job qui se terminera rapidos, une semaine, et qui nous fera récolter pas mal. »

Et comme c’était pas sûr qu’il veuille rebondir dessus, je lui raconte un peu mes journées, vous savez, juste de la pensée que je balançais comme ça :

« Y a un de mes potes qui m’a montré un film marrant l’autre jour, ça s’appelait ‘8th Wonderland’, je crois. Tu sais, t’as ‘1984’ qu’est le communiste soviétique jusqu’au boutiste, t’as ‘Le Meilleur des Mondes’ qui pousse le libéralisme jusqu’au bout, et pis t’avais ça, qui sort un peu de nulle part, je crois que c’est français plus d’autres nationalités étrangères, je sais plus, mais ça pousse la démocratie à l’extrême, du genre, une personne égale une voix et tout ce qui se passe comme loi doit être votée par la majorité. Evidemment, le système semble parfait au début, puis après, t’as les dérives qui arrivent rapidement. Je te raconte pas plus, je te conseille d’aller le voir. Mais t’imagines déjà jusqu’où ça peut aller. Je veux dire, la peine de mort, rien qu’en France, elle a été arrêté deux décennies environ avant le troisième millénaire, autour de 1980 si je crois bien. Trente ans plus tard, les Français étaient de nouveau majoritaires pour réintroduire la peine de mort dans leur beau pays de libertés et de libertines. » Je laisse mes paroles couler doucement afin que Josh capte un peu la morale ; j’étais pas enclin à parler de ça d’habitude, peut-être que j’aurais pas dû boire un demi de bière aussi rapidos sans rien dans le ventre, parce que celui qui dérivait rapidement ici, c’était moi. « Je sais absolument pas comment je réagirais si j’apprenais que plus de la moitié des gens sur cette planète étaient des gros cons et qu’ils voulaient s’entredéchirer. C’est certainement le cas, hein, mais bon… » Soupir noyé dans la mousse plate et ambrée, « … C’est pas pour rien que je suis plus pro-vie que pro-gens. »
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