Just Married save
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -23%
(Adhérents Fnac) Kit de démarrage 3 ...
Voir le deal
99.99 €

Ecoute comme un arbre vaut mieux que tout.

Aller en bas

Ecoute comme un arbre vaut mieux que tout. Empty Ecoute comme un arbre vaut mieux que tout.

Message par Admin Jeu 17 Sep - 9:41

Mais il est bien court, le temps des cerises
Où l'on s'en va deux, cueillir en rêvant,
Des pendants d'oreilles.
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang."

Suivre les animaux. Voilà les ordres qui t'ont été donnés. Te laisser emporter la magie des lieux, des bêtes qui t'accompagnent dans ton périple, sur ce chemin que tu penses tout droit sorti d'un autre monde, d'une autre époque. T'avais oublié, ce que c'était, de fouler un chemin qui fait tant de poussière. Tu la regardes se coller à tes rangers, les recouvrir. Ça te fait penser au sable. Sauf ce que ce dernier, il te fouettait aussi la peau. Ici, la poussière ne fait que l'effleurer. Et le miaulement d'un chat est moins douloureux à entendre que le cri d'une balle.
Parce que oui, pour elle, une balle, ça pousse un cri. Celle de l'être humain dont elle prive la vie. Il est infime, ce cri, mais elle entend chaque nuit encore.

Tu es hantée, dévorée à petit feu par ce que tu as pu voir auparavant. Tu t'es toujours dit que c'était normal, que c'était la vie, toute cette mort. Et puis, petit à petit, ton esprit se fragmente. Il y a la conscience qui essaye de faire son boulot, mais elle est contrainte par la raison. Allons, conscience, que fais-tu ? Veux-tu réellement tuer cette pauvre enfant ? Penses-tu réellement que Yasu est besoin de tout cela? Ne peux-tu pas la laisser dans son monde, son univers, leurs règles? Et la conscience qui répond que non, elle ne peut. Elle te fait comprendre, petit à petit, que tu n'es qu'une tueuse.
Chaque jour qui passe, elle voit un peu plus les mains ensanglantées.

Les nuits sont à la fois trop courtes et trop longues. Pas assez d'un côté, toujours bien trop de l'autre. Tu aimerais qu'elle ne cesse jamais, car ainsi, tu n'aurais pas à voir se lever jour après jour ta chère femme, si jeune, si belle. Mais pendant ces longues heures, tu ne cesses de te tourner, encore et encore, souhaitant trouver sommeil, plus que quiconque. Mais non, alors tu fixes le plafond. Et il y a toujours dans la nuit un instant plus noir que les autres. Un instant où tout semble mort. Tous sont partis. Ils te laissent là, au milieu des cadavres. Tu suffoques, te noies, dans cette marée de sang. Mais rien n'y fait, personne ne vient te sauver. Tu essayes de pleurer, mais rien ne vient.
Et quand elle tourne la tête, dans un dernier effort, elle voit à chaque fois le même visage.

Tu te réveilles alors en sursaut, les muscles tendus, le front en sueur. Voilà ce qui arrive, quand tu parviens à fermer l'oeil. Le cauchemar est récurrent et il te hante bien plus encore que le reste. Tu as toujours ce réflexe aussi de regarder alors si ta femme va bien, s'il est encore en vie, malgré le fait qu'elle soit avec toi. Malgré le fait qu'elle soit liée à toi. Pour jamais. Et tes yeux demeurent vides, comme ton cœur. Comme tes nuits. Tu aimerais pouvoir caresser les cheveux d'Audrey, comme pour conjurer un mauvais sort mais... Elles sont si sales, tes mains. Tu constates à chaque fois un peu plus comme elle ne peuvent la toucher, elle. Comment cela se pourrait-il ? Tu es un soldat, un robot, un pantin. Et ces choses-là n'ont pas le droit de toucher.
Alors, elle fixe le noir, de son pétrole à elle. Noir sur noir, ton sur ton.

C'est pour cela, que tu les suis, les animaux. Si tu les suis assez longtemps, ils t'amèneront jusqu'à la femme, cette vieille folle gentille, comme ils l’appellent, par ici. D'une bouche à ton oreille, son nom est apparu. On te l'a décrite comme étant capable de soigner tes maux, ou du moins, capable de te faire dormir. Un miracle, en somme. Tu ne sais pas trop à quoi t'attendre. En fait, la vérité, c'est que tu ne t'attends à rien. C'est mieux, parce que comme ça, tu n'espères pas. L'espoir, c'est un sentiment trop humain, pas fait pour toi. Mais alors, pourquoi venir ? Pourquoi suivre des traces, des miaulements ?
Parce qu'au fond, elle reste humaine. Même si fait mine de ne plus y croire, elle y pense encore toujours un peu.

Et le voilà qui apparaît, le camion, accompagné d'une roulotte. Tu t'arrêtes un instant, observes les lieux. Tu notes tout, là où tu pourrais te cacher, là où tu pourrais tuer. Ton regard est froid, vide. Puis, il te faut te reprendre. Cela t’arrive de plus en plus souvent, ce genre d’absences. Rien que dans le bus qui t'a amené jusqu'ici, il y en a une. Sûrement dû au manque de sommeil, ça te bouffe de plus en plus. Il te faut faire attention, tu été à découvert, durant celle-ci. Même le plus con des abrutis aurait pu t'avoir, ainsi. Tu t'offres bien trop à l'ennemi, comme l'armée t'expose un peu trop à la vie.
Les rangers soulèvent de la poussière, encore, en même temps qu'elles avancent.

Les animaux ne te guident plus, tu es toute seule, désormais. Toute seule, face à la roulotte, face au camion. Tu vois les deux, mais ne sais vers laquelle te diriger. Tu restes de nouveau planté là, à regarder les deux. Et voilà que ce présente une des choses les plus difficiles au monde pour toi : tu dois faire un choix. Pas un de ceux qui peuvent coûter une vie, mais qui en reste un, malgré tout. C'est gênant, de devoir choisir. Fort heureusement pour ta santé mentale qui dégringolait à toute vitesse, tu te dis que les animaux ont dû prévenir que tu étais là. Tu ne sais pourquoi tu te fais cette réflexion, mais la vérité est bien là : une femme apparaît devant toi.
Elle la fixe, quelques instants, avant de s'incliner, pour la saluer. Soldat et japonaise, le combo est parfait, pour l'occasion.

« - Je m'appelle Yasu Yume, madame. Tes cheveux tombent en avant, cachant pour le moment ton regard morne. On m'a dit que vous pourriez m'aider, si je venais. Tu te redresses enfin, lui permets de voir de nouveau ton visage. J'espère ne pas vous importuner. »

Tu as beaucoup parlé, en si peu de temps. Mais il le fallait, pour te présenter. Pour lui dire, pourquoi, en cette douce matinée, tu venais la déranger. Pourquoi tu brisais ce havre de paix, avec ta voix cassée. Brisée, par le manque d'émotions. Un appel à l'aide permanent, dont personne n'a conscience.

Ils ne sont plus vraiment très nombreux, les gens qui l'ont connue, dans sa jeunesse. Plus personne pratiquement ne se souvient de la jeune femme aux cheveux si longs, qui souriait de toutes ses dents. Pleine de vie, toujours prête à aider. Tout le monde semble avoir préféré l'oublier. Et toi Neha, t'en souviens-tu encore, de cet enfant qui semblait à peine savoir courir, la veille encore ?
© 2981 12289 0

_________________
Yasu répond aux ordres en burlywood.


Dernière édition par Yasu Y. Tassimi le Mer 9 Sep - 17:30, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Neha Jaïn


Ticket of control : Aucun
Little story: Sois un soleil Grand-Mère♫
Relationship and historic: [url=??]Here. ♫[/url]
Mail'Box: [url=????]Mail'Box[/url]
Messages in this world: 16
Post's Rp's: 5
Date d'inscription: 15/08/2015

Voir le profil de l'utilisateurEnvoyer un message privéEn ligne

MessageSujet: Re: “Ecoute comme un arbre vaut mieux que tout.” Mar 8 Sep - 23:08 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
Les minéraux? C'est toute une histoire. Alors que je m'acharne à comprendre les attributs organiques qui les composent, la buée de mon thé vint se coller sur les carreaux de mes lunettes. J'attrape un morceau de mon vêtement et nettoie mes verres, que j'appelle communément "mes yeux" à défaut d'y voir clair sans, puis les reposent sur l’arête de mon nez.

- Voyons donc...: "Le terme tourmaline ne désigne pas une espèce minérale mais un groupe de minéraux de la famille des silicates, sous-groupe des cyclosilicates, de formule chimique XG3Z6(BO3)3T6O18(OH,O)... Raaah, foutaises!

POUF
J'abats ma main sur le volume soporifique clouant le bec à ces foutus chimistes et leurs formules alambiquées. Soupirant profondément je me laisse retomber dans mon fauteuil et déchausse mes montures un air légèrement perplexe se lisant sur mon visage. Cette tourmaline noire moi, elle m'enracine et m'accompagne dans chacune de mes méditations, elle est parfaite à attribuer au premier curieux s’intéressant aux énergies et corps subtiles car elle s'accorde au chakra maladhara. Plus j'y songe, et plus je me dis que qu'il y a tout de même un point qui m’unit avec ces chimistes: nous ne comprenons rien de ce que l'autre nous baragouine.

Au moins moi, j'aurai essayé.
Je termine alors de ronger l'une des branches de mes yeux et me redresse pour saisir plus loin une feuille et un crayon, oubliant dès lors ma tasse d'eau chaude. Je caresse un instant le papier: ce produit, autrefois si courant, était devenu une ressource rare et très couteuse. La technologie et l'extermination de nombreuses forets eurent raison de ce matériau précieux. C'était un luxe que je m'offrais toujours, depuis mon plus jeune age. Je n'ai jamais été conquise par "le démateriel", j'ai trop besoin de voir, de toucher et de sentir pour laisser les mots partir en fumée sur un écran avec qui on ne partage rien, si ce n'est son éclaboussante luminosité vous agressant la rétine.

Alors que je me plonge dans mes pensées remplissant d'encre ma feuille, ma main s'arrête, comme retenant son souffle, et je sens que quelque chose (ou quelqu'un, peut être bien mon être protecteur, Haziel?) m'interdit de poursuivre.
Quelque chose se passe. Je redresse la tête, écoute, regarde Tilio et l'interroge. Il me fixe de ses yeux en amande, sans cesser sa toilette et me laisse languir. Je fronce les sourcils et me montre insistante mais ce dernier ne mouche pas, une image espiègle d'enfant rieur me vint à l'esprit. J’ébouriffe la crinière de mon ami en représailles de son silence et m'empresse d'aller ouvrir la porte.

C'est enfin que je la vis.
Santi*. Ma paisible, l'énergique, la volontaire, l'indépendante jeune fille que j'ai connu des années plus tôt. Cette Yasu là, n'était plus. J'en eus l'effroyable impression dès lors que je la vis. Mais ce fut d'abord la surprise de revoir ce fantôme du passé qui me saisit au cœur lorsque je la vis, cette jeune femme au port droit en train de me saluer. Bien qu'elle portait ses traits, Santi n'avait plus rien de cette fougue et joie de vivre qui jadis la définissait si bien, non, bien au contraire, son visage était emprunt d'une souffrance inaudible dont je ne discernais pas les contours. La couleur même de son aura avait changé - chose qui arrive lorsque l'on passe l'âge adulte, mais pas de manière aussi extrême - si bien que j'eus un moment de doute, état-ce bien elle...? Je me surpris à en douter. Je ne me rendis pas compte que je la dévisageais alors, m'approchant lentement vers elle, palpant le très faible, si ce n'est insignifiant, corps énergétique qui l'entourait, (jadis il se mêlait au votre sans même qu'elle ne s'en aperçoive...) elle s'était mise à parler, à se présenter, sous un nom, inconnu lui aussi, mais même si les variations de sa voix avaient changé, cassé, usé, la manière dont elle rythmait ses mots me fut familière.

J'avais beau essayer de me raccrocher au fantôme vif et rayonnant de Santi, je devais me rendre à l'évidence: son regard vide, son teint blême, ses traits durs, son port masculin... Il s'agissait d'un tout autre fantôme que j'avais sous les yeux, mais bien vivant cette fois ci.

Un flot d’émotions me submergèrent alors. J'étais bouleversée, je devais faire le deuil d'une amie et à la fois je ne pouvais m’empêcher d'éprouver une euphorie grandiose pour ces retrouvailles que je n'aurai jamais espéré avoir un jour. Devant tant de contradictions, une seule chose m'apparut comme évidente: la prendre dans mes bras. Ce que je fis.
De mon visage coulait des larmes sucrées et amères à la fois, je riais nerveusement de bonheur et de tristesse et laissa couler en elle un flot d’énergie pure, du haut du crâne à la souche de ses pieds.

- Santi... Je suis si heureuse de te revoir...

Tout au long de mon étreinte, je pressentis son malaise, je me rappelais alors la manière dont elle s'était présentée à moi. Je me dégageai enfin d'elle et constata avec peine que ce détachement la soulagea. Je scrutai son visage tandis que le mien se crispa d’inquiétude:

- Tu ne me reconnais donc pas...? Neha, je suis ton amie, tu te souviens? Tu venais me voir pour jouer avec Link et Rebecca, et je t'apprenais à cultiver un potager... Je lui avais pris les mains de la même manière qu’autrefois, et cherchais à son contact le moindre signe de sa part témoignant d'une mémoire commune. Prise de nostalgie, je poursuivis le regard au loin. Tu adorais plonger les mains dans la terre et la retourner jusqu'à t'en incruster sous les ongles... Ta mère ne m'aimait pas trop à cause de ça, j'avais beau te munir d'une tenue adéquate, tu t'en fichais partout! Tes cheveux, tu t'en souviens? Ils te tombaient jusqu'en bas des omoplates, tu voulais "les avoir comme les miens"! ...Je crois que c'est aussi pour ça que ta mère ne m'aimait pas...

Un doux sourire s'étira sur mes lèvres tandis que je reportais mon attention sur la jeune femme. Je la dévisageais à nouveau, elle et son air perdu, et fit à nouveau face à la perte de Santi. Mes traits s'assombrirent à encore, terriblement triste cette fois ci, et mes mains vinrent se poser de chaque coté de son visage, dans un dernier sursaut d'espoir, je tentai de trouver dans ce regard, la présence de mon amie d'avant. Mon timbre fut grave et noyé de chagrin lorsque je lui murmurai alors:

- ... Qu'ont-ils fait...?

Je sentis mes lèvres tressauter, ma gorge se serra, mon front se plissa, mes yeux de fermèrent et perla alors une larme sur ma joue.
Adieu Santi. Bonjour Yasu.

*Signifie "paix" en hindi, c'est le surnom qu'elle donnait à Yasu adolescente.
Revenir en haut Aller en bas
Yasu Y. Tassimi


Ticket of control : Aucun
Little story: Un mal pour le bien.
Relationship and historic: Carnet de Guerre.
Mail'Box: Aucun, chef.
Messages in this world: 36
Post's Rp's: 23
Date d'inscription: 26/07/2015

Voir le profil de l'utilisateurEnvoyer un message privé

MessageSujet: Re: “Ecoute comme un arbre vaut mieux que tout.” Mer 9 Sep - 17:30 Répondre en citant




Far Cry 3 Ost
"Further"
click
Neha JAÏN
Yasu Y. TASSIMI
"Mais il est bien court, le temps des cerises
Où l'on s'en va deux, cueillir en rêvant,
Des pendants d'oreilles.
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang."

Un flot d'émotions qui submerge. Tu te le prends en pleine face, tandis qu'elle te prend dans ses bras. Tu ne comprends pas, te tétanise, ne sachant quoi faire. Répondre à ce contact humain? Répondre à un contact humain... Ah, la bonne blague. Ça fait toujours mal, de répondre. Parce qu'il y a toujours l'instant d'après, celui où il s'en va. La chaleur d'un corps, qui part, encore et encore... Ça te rappelle trop quand quelqu'un meurt. Alors, tu préfères ne pas y répondre, pour ne pas avoir mal. Quand elle te lâche enfin, tu ne saisis toujours pas ce qu'il s'est passé, mais tu es bien contente que ce soit terminé.
Et la dame qui regarde la militaire, semblant vouloir la comprendre.

Elle te parle alors d'un passé. Pourrait-elle te confondre avec une autre ? Tu la regardes, incrédule. Des cheveux longs, qui flottaient derrière toi... Cela fait tellement d'années, qu'ils ne sont plus là. Eux aussi, ont été sacrifiés pour la guerre. Pour l'armée, pour ton pays. Comme le reste. Comme toi. Ton regard se perd sur cette dame, cette femme qui pleure, pour toi. Enfin, tu as l'impression que c'est le cas. Tu ne comprends pas pourquoi... Voilà bien des années, que tu te persuades que personne ne pourrait pleurer, si tu venais à disparaître.
La chaleur de ses mains, contre son visage, lui fait si mal au cœur.

« - ... Qu'ont-ils fait...? »

Tes lèvres s’entrouvrent, et enfin, tu te souviens. Ça vient, comme un flash, violent. Tu revois tes mains, pas encore pleines de sangs, dans de la terre. C'était très doux, comme sensation. Tu te disais souvent que tu aurais pu en faire ton métier, si Monsieur Incontestable ne t'avait pas montré la voie. Tu venais la voir, cette dame, dès que tu pouvais, dès que tu avais tes permissions, tes jours de congé, parce qu'elle était ton havre de paix, hors de l'école militaire. Elle était ta paix, ton phare, ta Neha. Cette mère, que tu n'avais jamais vraiment eue. Elle si douce, si rieuse, si belle. Ses cheveux qui caressaient si doucement son visage...
Elle commence à suffoquer, sous le coup des émotions. Cela faisait tellement longtemps, qu'elles n'avaient pas été réveillées.

Un autre flash, ponctué d'un rire. Tu te revois, tressant tes cheveux, pour aller la rejoindre. Tu voulais lui montrer, comme elle pouvait être longue désormais, cette tresse. Tu es allé la voir, l'embrasser une dernière fois, avant le grand départ. Tu venais d'avoir vingt ans, tu quittais enfin le pays pour partir à l'armée, pour de vrai, cette fois. Tu y es allé sereine, souriante. Tu étais heureuse. Tu allais pouvoir protéger votre pays, la protéger elle aussi, indirectement. Tu l'avais prise dans tes bras, lui avait promis de revenir dès que tu pourrais, pour la voir. Tu étais venue la voir elle, plutôt que ta famille. Et puis, tu es partie au front. Tu es partie, tout court.
Et cette promesse, faite il y a si longtemps, n'avait jamais été tenue.

Tu n'as pas pu, tout simplement. La guerre t'a détruite, sans même que tu ne t'en rendes compte. Elle a dévoré ton feu intérieur, l'a piétiné, pour que tu ne sois plus qu'une case à cocher, un nom parmi tant d'autres. Et puis, il y a eu cette petite fille, celle qui au regard si vide, si mort, qui t'as changé profondément. La Santi qu'elle connaissait à cessé d'exister, à cet instant-là. En fait, on peut même dire que tu as cessé de vivre tout court depuis ce jour. Tu es devenue une morte en sursis, qui attend la balle qui viendra enfin la libérer, de son fardeau. Du fardeau de la vie. Mais voilà, avant que tout cela ne puisse arriver, elle te demande de reprendre souffle, de sortir la tête de l'eau, cette fameuse vie. Qui est-elle, pour pouvoir te faire tout cela ?
Ne devrait-elle pas la détester, pour en avoir tant volé, auparavant ?

« - Je... Je me souviens... Votre rire... »

Ta voix n'est qu'un murmure, à peine inaudible. On peut y entendre toute la douleur que tu ressens, à cet instant. Toute la peine que tu ressens, en te souvenant. Tu te rappelles pourquoi tu avais préféré tout oublier. Pourquoi tu n'as voulu garder que les mauvaises choses, les mauvais moments passés. C'est moins douloureux, de vivre au quotidien, si rien ne nous fait sourire. C'est ce que tu te dis, pour mieux t'effacer. Un mal pour le bien. La phrase résonne dans ta tête. Tu étais le mal, pour le bien de votre pays. Tu poses tes mains sur les siennes, mais ne les bouge pas. Tu ne sais si tu dois les enlever de ton visage, ou si tu souhaites qu'elles restent.
Elle a envie de hurler, de s'effondrer. Mais non, il ne faut pas, alors elle reste debout, droite.

« - Je n'ai pas... Pas pu... Rentrer vous voir... Mes mains... Elles sont... Si rouges, désormais... »

Tes yeux restent vides, plus que jamais. Tu es incapable de pleurer, même si tu le voulais. Un puits asséché depuis bien trop longtemps. À l'image du désert que tu as tant traversé. Tu es comme le sable, tu coules entre les doigts, tu ne pourras jamais vraiment former un seul bloc. Mais ce que tu sembles oublier, c'est que certains font des miracles, avec du sable. Pourquoi oublies-tu comme le sang peut sceller tout cela ? Tes mains, elles éloignent finalement les siennes de toi. Tu ne veux pas qu'elle puisse se salir, en te touchant. Tu baisses le regard, pour qu'elle ne puisse plus voir ton pétrole.
La militaire hésite à repartir, à fuir. Perdue, elle n'arrive plus à penser.

« - Santi n'est plus... Elle... Elle n'est plus en paix depuis longtemps, Neha... »

Tes mots tremblent, ils t'écorchent la bouche, râpent ta langue, piétine ton cœur. Tu as si honte, soudainement. Tu aurais aimé qu'elle ne puisse te voir, qu'elle t'oublie, même... Comme les autres, comme tu avais pu le faire. Elle n'aurait pas eu à pleurer, si ça avait été le cas. Tu l'as fait pleurer, Yasu. Et pour cela aussi, tu aimerais disparaître.

C'est l'histoire d'une enfant qui s'est oubliée, d'une enfant qui a voulu grandir, pour vous protéger. Elle a fait tant de mal, en pensant bien faire. Un jour, on lui a appris la vérité. Elle aurait pu faire plus, autrement. Alors, elle s'est tut. Alors, elle s'est tuée. Aujourd'hui, il ne reste d'elle plus qu'une adulte qui n'a plus le courage de l'enfant.

© 2981 12289 0

_________________
Yasu répond aux ordres en burlywood.
Revenir en haut Aller en bas
Neha Jaïn


Ticket of control : Aucun
Little story: Sois un soleil Grand-Mère♫
Relationship and historic: [url=??]Here. ♫[/url]
Mail'Box: [url=????]Mail'Box[/url]
Messages in this world: 16
Post's Rp's: 5
Date d'inscription: 15/08/2015

Voir le profil de l'utilisateurEnvoyer un message privéEn ligne

MessageSujet: Re: “Ecoute comme un arbre vaut mieux que tout.” Lun 14 Sep - 20:39 Répondre en citant Editer/Supprimer ce message
« - Je... Je me souviens... Votre rire... »

Un sursaut me prend au cœur, de ceux qui vous ranime en une étincelle, un sourire se trace comme un filet d'espoir sur mon visage, tandis que mes yeux s'accrochent aux siens telle une bouée lancée en pleine mer. Et enfin, lorsqu’elle reprend la parole, la mémoire retrouvée, sa souffrance glace mon sang et me secoue jusque dans mes entrailles, le fardeau sur ses épaules est une charge qui dépasse l'entendement, je pressens l'horreur qu’elle a du vivre.

Yasu a tué de ses mains. Je me répète cette phrase en boucle dans ma tête, je n’arrive tout simplement pas à y croire. C'est impossible. Tout bonnement impossible. Pourtant rien ne pourrait mieux expliquer le vide, le trou, la part d’elle laissée là bas. Victime d'une guerre dans laquelle elle s'est embarquée pour défendre une cause noble, pour moi il m’apparait évident qu’elle fut une victime, manipulée et amenée à commettre l’irréparable. Yasu est une belle personne, fondamentalement. Elle ne peut avoir tuée par vice ou par colère, la seule chose qui aurait pu l’amener si loin, est son sens du devoir. Je n’ai pas à juger, ni d’elle, ni d’eux, elle s’accable assez de ses propres fautes pour qu’une tiers personne vienne à le lui rappeler. C’est peut être ça le pire, pour elle, pauvre enfant, elle aura beau se repentir et se maudire, elle ne peut rien y changer. Doucement, Yasu prit mes poignets et retira mes mains de son visage avant de poursuivre, les pupilles plantées dans le sol:

« - Santi n'est plus... Elle... Elle n'est plus en paix depuis longtemps, Neha... »

Alors je ferme les yeux, inspire profondément et laisse filer un silence avant de venir cueillir délicatement ses mains pour les disposer en un puits tourné vers le ciel couvé par les miennes:

- Alors transforme toi encore...

Mon visage s’illumine d’espoir, je sais qu’il est trop tôt, trop tôt pour elle, entourée de ses démons, mais je sais qu’elle en sera capable, pas maintenant bien sûr, mais un jour, un jour viendra. Il faut avoir confiance en la vie, et la vie alors, nous sourit. Le simple fait de vouloir ouvrir cette porte pour elle, aussi lointaine soit-elle, pourra simplement lui faire prendre conscience que cette dernière existe, tout simplement. Celle qui l’emmènera vers un lendemain meilleur, aux plaisirs simples et aux joies sereines. Je referme ses paumes l’une contre l’autre et pose mon regard sur nos mains. Mon visage redevient grave lorsque je rencontre à nouveau le sien:

- Tu es devenue une autre oui, mais ton cœur est toujours bon Yasu... Tu ne serai pas rongée par le remord autrement... C’est cette souffrance même qui te rappelle que tu es vivante, que tu continues à vivre. Tu as du faire des actes terribles, mais pose toi simplement la question: t’as t’on laissé le choix? Quel âge avais-tu Santi, vingt ans à peine? Si jeune...! Si jeune, naïve et malléable...! La jeune femme en devenir que j’ai laissé partir n’avait qu’un rêve en tête: protéger son pays, combattre pour une cause qu’elle jugeait digne, tu as fait preuve de courage et de générosité envers ton prochain pour choisir cette vie. Je ne sais pas ce que tu as vécu là bas, je ne pense pas pouvoir imaginer le dixième de ce que tu as traversé, mais je suis persuadée d’une chose, si tu as du ôter la vie d’un autre, c’est que tu n’avais pas d’autres échappatoires. Et cela ne fait pas de toi un monstre, mais une humaine, un être animal par essence qui, confronté à sa propre survie choisira de tuer plutôt qu’être tué. Ne laisse pas tes fantômes t’empêcher de vivre...
Revenir en haut Aller en bas

Admin
Admin

Messages : 72
Date d'inscription : 17/09/2015

https://justmarriedsave.forumactif.org

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum